Marie élève seule son fils adolescent. Sa relation avec Serge s'étiole, et elle décide de le quitter et de ne pas garder l'enfant qu'elle attend de lui. Elle finit par se rapprocher de George, son ex-mari alors qu'en même temps, les amis de Marie ont chacun leurs propres soucis à régler.
Lorsque l’on regarde la carrière de Claude Sautet, nous nous rendons compte que le réalisateur n’aimait rien tant que de filmer les gens, les rencontres, le choc des sentiments, les groupes, les clans dans lesquels s’entrechoquent les amours, les amitiés les violences, les séductions et les partages. Que ce soit « Vincent, François, Paul et les autres… », « Max et les ferrailleurs » ou encore « César et Rosalie » et « Les Choses de La Vie », le réalisateur aime l'union des personnages. Avec « Une Histoire simple »,Claude Sautet se concentre sur un personnage féminin qui tente, au milieu du groupe de ses amis et de sa famille, de trouver sa place dans une société encore enfermée dans ses principes tout en essayant de se libérer de ses carcans oppressants de la bienséance.
C
e qui surprend avant tout dans ce film c’est qu’il porte un discours féministe avant l’heure. Car si son personnage principal est une femme qui élève seule son fils, qu’elle se sépare de son amant pour se rapprocher de son ex-mari, on la voit évoluer au milieu d’un groupe de femmes qui, de la même manière qu’elle, doivent gérer leurs choix et se libérer de la bonne pensée, à l'instar de cette scène remarquable où l’une d’elle a décidé de ne pas s’enfermer dans des relations de longues durées et fait face, du même coup, aux critiques de ses copines qui s’inquiètent pour elle. Elle se lance alors dans un monologue sur la différence de regard entre le comportement féminin et le masculin : « Un homme multiplie les conquêtes, c’est un séducteur, si c’est une femme c’est une salope ! »
Autre sujet central du film : L’avortement. Trois ans seulement après la loi Veil, Claude Sautet fait de son héroïne une femme qui décide de ne pas garder l’enfant qu’elle attend de son amant. Un choix de narration osé qui pose d’office son héroïne dans le sillage de cette loi et prend à revers toutes les voix qui s’y étaient opposé. Et pour enfoncer le clou, comme une provocation, il n’y a pas de cause violente à ce choix, simplement une décision mûrie par le fait que l’enfant ne doit pas naître dans un climat de séparation et de tension. Avec une intelligence remarquable, le scénario de Claude Sautet et de Jean Loup Dabadie (César et Rosalie), ne va pas faire de ce sujet le pivot central de son histoire, il ne va pas non plus livrer gratuitement le personnage à la vindicte populaire, il va, au contraire en faire une explication sensible, dans laquelle la femme ne sort pas indemne d’une telle décision. Il n’en fait pas non plus une fille facile sans conséquence, il va au contraire suivre son parcours après une telle décision, pour mieux imprégner le spectateur d’une réflexion forcément très intime.
Et puis, il y a Romy Schneider (La Banquière), magnifique, sensuelle, forte et devine. L’actrice, qui est à l’origine du scénario, puisque c’est elle qui demanda au réalisateur et à son scénariste de lui écrire « un film de femme », signe là l’une de ses plus belles prestations (Qui lui valu le César la meilleure actrice en 1979) et se laisse porter par ce rôle de femme digne et perdue à la fois. Dernier film qu’elle tourna avec Claude Sauter, l’actrice porte le film à bout de bras et y impose une composition fine et précise qui la rende à la fois attachante et intrigante.
En conclusion, « Une Histoire Simple » est le premier film résolument féministe de Claude Sautet qui s’offre le luxe d’une réflexion sur la condition féminine autant que sur l’avortement. Avec un sens de la narration évident et d’une intelligence rare, le film brille également par la prestation impressionnante de justesse et de nuance de Romy Schneider.