Un homme, Ivan, retourne à Manille, apparemment sans but précis. Au gré de son errance et de ses rencontres, l’écrivain déambule dans la mégapole fascinante à la recherche de son passé et du sens de son existence.
Personnage incontournable du cinéma international, le français Pierre Rissient fut aussi réalisateur à plusieurs occasions. Dès le début de sa carrière, il aura su communiquer son amour du cinéma, notamment avec sa phrase fétiche : « On peut aimer un film, encore faut-il l’aimer pour de bonnes raisons ! ». Et c’est avec une vision du cinéma fine et précise qu’il a parcouru le monde et accompagné des réalisateurs américains : John Ford, Clint Eastwood, Jerry Schatzberg, Asiatique : Lion Brocka, King Hu ou encore Français ou allemand : Fritz Lang ou Bertrand Tavernier. Ami et fidèle compagnon de route de Bertrand Tavernier, Gilles Jacob et Thierry Frémaut, Pierre Rissient a tellement aimé qu’il a aussi réalisé des œuvres iconoclastes très empreintes de sa propre expérience, comme « 5 et la peau ».
Disparu des écrans radars, « 5 est la peau » fait partie de ces œuvres mythiques qui ont su toucher le cœur des amateurs de cinéma par son aspect magnétique et puissamment sensuelle. On y suit le parcours sans but précis d’un écrivain qui re découvre Manille et se laisse aspirer par une errance qui lui font retrouver ses souvenirs, ses odeurs, ses couleurs et bien sûr sa sensualité si souvent reprise dans le cinéma mondial. Porté par une voix off obsédante qui symbolise, les pensées de l’écrivain, le film se parcours comme une visite en clair-obscur d’un pays qui aspire les occidentaux dans ses méandres, dans ses échoppes et dans ses arrières cours comme dans ses clartés légendaires.
Rissient en fin connaisseur, en spécialiste et en amoureux du cinéma livre une œuvre qui peut se diluer dans le cinéma de la Nouvelle Vague, celui des Truffaut et des Godard. La caméra parcourt les ruelles de Manille, suit son héros au grès de ses rencontres, de ses amours d’un soir ou envoutants et met en lumière une obscurité légendaire, en envoutant le public qui se laisse captiver comme le héros par une ville et par des corps qui ne font pas que traverser l’esprit, ils imprègnent de façon durable le cœur du spectateur qui, comme le héros se laisse aspirer par Manille.
Réalisé comme un film kaléidoscopique, sans but précis, à l’image de son héros, « 5 et la peau » se laisse embarquer comme une œuvre singulière et marquante, qui colle comme rarement jusqu’ici le fut un film avec son héros. Amoureux de l’Asie, Pierre Rissient sut donner une suite idéale à son premier film jamais sorti : « One Night Stand ». Enigmatique et brulant comme la sensualité qui s’en dégage, « 5 et la peau » est avant tout une carte postale de l’image que reflète Manille dans le cœur des occidentaux. Jamais dans le voyeurisme gratuite le réalisateur inscrit son œuvre dans celle des plus grands de scène cinématographique internationale, on peut y retrouver une multitude d’influences dans la manière de placer sa caméra ou dans celle de diriger ses acteurs.
Côté distribution, d’ailleurs, c’est à Féodore Atkine (Vatel), que revient la lourde tâche d’interpréter ce personnage singulier d’écrivain errant dans les rues de Manille au grès de ses rencontres et pourquoi pas de ses fantasmes. Face à lui la sulfureuse
Eiko Matsuda, l’héroïne captivante et sulfureuse de « l’Empire des Sens » de Naguisa Oshima. Le couple véhicule un magnétisme qui ne lâche jamais du début à la fin du film.
Et pour finir l’éditeur nous permet de découvrir une nouvelle fois une œuvre mythique du cinéma français « 5 et la peau ». Mythique parce que disparu des programmations et refaisant surface au 71ème festival de Cannes, alors que Pierre Rissient venait par le jeu du hasard de nous quitter, pour un ultime voyage. Un film à découvrir pour les amateurs de cinéma.