Lily et ses trois meilleures amies, en terminale au lycée, évoluent dans un univers de selfies, d’emojis, de snapchats et de sextos. Mais lorsque Salem, la petite ville où elles vivent, se retrouve victime d’un piratage massif de données personnelles et que la vie privée de la moitié des habitants est faite publique, la communauté sombre dans le chaos. Lily est accusée d’être à l’origine du piratage et prise pour cible. Elle doit alors faire front avec ses camarades afin de survivre à une nuit sanglante et interminable.
Fils de l’immense Barry Levinson, réalisateur de « Rain Man » et « Good Morning Vietnam », Sam Levinson, n’en n’est pas moins un réalisateur de talent qui a su imposer sa signature, tant sur son premier film « An Another Happy Day », qui traitait des difficultés relationnelles au sein d’une même famille, que sur ce nouveau long métrage : « Assassination Notion » dont il a également signé le scénario. Cette fois-ci le réalisateur assume son côté polymorphe avec des inspirations aussi variées que Wong Kar Wai, Jean Luc Godard, John Carpenter ou encore Abel Gance, Billy Wilder et Vincente Minelli. Et puis, même s’il ne le dit pas ouvertement, il y a aussi du Kubrick notamment dans la scène d’ouverture avec l’enfant sur son tricycle, devenu le symbole d’un film sur une société proche de l’explosion.
Et c’est bien de cela que parle le film de Sam Levinson : Une société qui se perd dans ses contradictions, dont son envie d’imposer des règles plus restrictives tout en les bafouant à la moindre occasion. Nous pouvons évidemment y voir une sorte de pamphlet sur la société Américaine, puritaine, et intolérante sous influence Trumpienne. Et la mise en scène un peu « Foutraque » au départ se dessine plus précisément à mesure que le film avance et qu’il plonge les héroïnes dans une spirale destructrice dans laquelle Internet et les réseaux sociaux sont les nouvelles armes de Harcèlement et de destruction massive, puisque par le seul petit et infime mouvement de la main et du doigt, chaque personne derrière son ordinateur ou sur son portable, a la possibilité de détruire des vies sans imaginer un seul instant les ravages collatéraux. Il y a du Kubrick, évidemment, mais aussi du Tarantino, du Rodiguez dans les influences du réalisateur, qui ressortent de ce film avec une tension palpable, et une deuxième partie qui explose dans la violence.
D’ailleurs dans sa construction, le film « Assassination Nation » fait également penser à « American Nightmare », mais cette fois-ci en version plus Survival, avec des citoyens décidés à « zigouiller » ces pauvres jeunes filles, qui n’ont d’autres tort que d’être en marge de cette société qui se veut, hypocritement puritaine et saine. Mais à la différence de « American Nightmare », le film de Sam Levinson ne fait pas dans la violence gratuite, il lui donne une forme, un fond et une consistance. D’ailleurs il suffit de voir la scène d’invasion de la maison des jeunes filles (réalisée, comme cela, faute de budget !!!) pour comprendre à quelle point le réalisateur a voulu soigner chaque plan, leur donner une puissance visuelle.
Alors si le début est un peu confus, le film se lance dans une intrigue, puissante, et tellement édifiante, qui montre bien à quel point notre monde change, avec encore plus de paradoxes et ce qui devait unir ou rapprocher les gens, finit par les éloigner encore plus. Sam Levinson propose sa vision d’une société qui veut croire en des valeurs qu’elle bafoue chaque fois, en se trouvant toujours des alibis plus propres et plus « Politiquement écoutable ». Une excellente surprise.