Fred Bartel est le charismatique patron d’une agence de communication parisienne branchée, Happy Few. Après un contrôle fiscal houleux, il est contraint par l’administration de délocaliser du jour au lendemain son entreprise à La Courneuve. Fred et son équipe y font la rencontre de Samy, un jeune de banlieue qui va vite se proposer pour leur apprendre les règles et usages à adopter dans ce nouvel environnement. Pour l’équipe d’Happy Few comme pour les habitants, ce choc des cultures sera le début d’une grande histoire où tout le monde devra essayer de cohabiter et mettre fin aux idées préconçues.
Il y a forcément des films que l’on a envie d’aimer, notamment parce qu’ils traitent d’un sujet toujours un peu sensible : Le regard que l’on peut porter sur les cités de banlieues parisiennes. Et très honnêtement, la présence au générique de
Gilles Lellouche (Le Grand Bain) et
Malik Bentalha (Pattaya), laisse espérer une comédie enlevée et plutôt bien écrite. D’autant que le réalisateur a su, avec un film comme « La Vache », nous émouvoir et faire changer notre vision des personnes issues de l’immigration. Du coup, le fait qu’il s’intéresse à la banlieue et à ce regard caricatural, ou pas d’ailleurs, ne peut que nous inviter à tenter l’expérience.
Et, si le résultat n’est pas à la hauteur de l’attente, par trop de facilités scénaristiques, des choses déjà de nombreuses fois entendues, ou encore des personnages ultra caricaturaux et forcément une happy end, attendue depuis les premières minutes du film, il se dégage quelque chose de sincère qui, mine de rien, ne peut pas laisser indifférent. Oui le film n’est pas parfait, oui le scénario est un peu faiblard et aurait voulu s’amuser beaucoup plus de la caricature des personnages et des situations. Mais tout cela est balayé d’un revers de la manche par une tonalité différente, une question qui s’avère évidente : Pourquoi laissons-nous des sociétés utiliser des adresses dans des zones franches pour se donner bonne conscience ? Car tout le cœur du sujet de « Jusqu’ici tout va bien » c’es bien cela, ces zones franches, dans lesquelles des sociétés devraient s’installer mais ne font qu’utiliser une adresse sans jamais y mettre le moindre bureau.
« Pourtant, des candidats à l’emploi, il y en a !
» comme le dit si bien un personnage du film.
Et du coup la mise en scène assez classique du réalisateur, qui ne cherche pas le plan le plus originale qui soit, donne toute sa sincérité au film. Jamais dans l’excès d’effets, il sait entendre les membres de son équipe pour donner un film, imparfait, mais honnête. Et si certaines situations sont un peu trop expédiées, comme l’intrigue du cambriolage, l’ensemble ne manque pas forcément d’intérêt et permet au spectateur de passer un excellent moment, pas forcément hilarant, les gags ne sont pas le point fort du film, mais la justesse de ton, en revanche vient contrebalancer les manques de la mise en scène ou du jeu des acteurs.
Car côté distribution, et c’est certainement là le point le plus faible du film, c’est justement que les acteurs et particulièrement Gilles Lellouche et Malick Bentalha, restent dans leur zone de confort et n’en sortent jamais. L’humoriste fait ce qu’il a toujours fait, quelque soit la situation, et Gilles Lellouche, quant à lui, ne fait pas plus d’efforts pour donner un peu de profondeur ou d’énergie à son personnage. Certaines scènes manquent même de rythme dans la mécanique de la comédie. Nous pouvons même citer
Anne Elisabeth Blateau, connue pour être Emma dans la série «
Scènes de ménage », complètement sous utilisée dans un rôle où elle se révèle assez rapidement pénible.
En conclusion, « Jusqu’ici tout va bien » est un film imparfait dont le scénario manque d’originalité dans le traitement d’un sujet, d’une idée, qui elle n’en manquait pas, mais la sincérité de la mise en scène et de l’ensemble vient contrebalancer, les faiblesses. N’en reste pas moins une distribution sous utilisée qui reste dans sa zone de confort et du coup se retrouve parfois à côté de la plaque. Il n’en demeure pas moins que l’on passe un agréablement moment avec cette comédie.