Petite société de transport de fonds, la compagnie Vigilante est en pleine crise, victime de trois violents braquages dans l'année qui n'ont laissé aucun survivant. C'est dans ce contexte difficile qu'un homme, Alexandre Demarre, se présente un matin au centre-fort de Vigilante pour entamer sa première journée de travail. Chômeur, flic, braqueur... Qui est cet individu et que cherche-t-il ?
Pour son troisième film en tant que réalisateur Nicolas Boukhrief a décidé de s’intéresser à un monde particulièrement opaque : Celui des convoyeurs de fonds. Un monde si fermé, qu’il ne fut jamais le sujet principal d’un long métrage, et qu’il ne fut toujours qu’un simple élément d’une intrigue ou d’un décor de film. Pourtant ces agents répondent à des codes de fonctionnement, à une cohésion lourdement malmenée par la présence constante d’un danger latent. Un univers si difficile à percer qu’il nécessita l’aide d’une journaliste. Cette dernière apporta des informations précieuses qui permit au réalisateur et à son scénariste Eric Besnard (L’Empereur de Paris) de construire un scénario solide qui évite suffisamment les clichés pour rester fidèle à une profession difficile et souvent snobée par le commun des mortels.
Et c’est bien toute la qualité de ce film que de se reposer sur une intrigue qui ne cherche pas à faire dans l’exceptionnel ou dans le spectaculaire, il tisse sa toile pour se pencher sur des personnalités toutes aussi différentes les unes que les autres, mais qui se retrouvent à cohabiter dans un lieu exigu (celui d’un camion blindé) et à devoir se soutenir et se protéger en cas de danger. Car c’est toute la difficulté de leurs missions, que ce danger sous-jacent qui peut arriver à tout moment, de celui généré par des habitants hostiles qui voient en ces convoyeurs des ennemis, sans vraiment savoir pourquoi, et des braqueurs lourdement armés qui n’ont aucun état d’âme à mettre la vie de ces hommes et ces femmes en danger pour arriver à leur fin.
Si le scénario est d’une précision et d’une intelligence évidente, la mise en scène manque parfois de rythme. A trop vouloir mettre l’accent sur la psychologie de ses personnages, Nicolas Boukhrief en oublie parfois le rythme de l’histoire et se laisse aller à des séquences qui ralentissent la progression du film, comme ces interminables conversations dans les vestiaires autour du rachat ou non de la société et de ceux qui risquent de perdre leur emploi. Imposant une ambiance sombre presque étouffante, le réalisateur signe un film, intéressant qui tente de lever le voile sur une profession méconnue, mais se perd un peu dans une lenteur qui ne le sert pas forcément.
E
n revanche la distribution est à son meilleur niveau. Si Dujardin attaque, en 2003, un virage plus sombre dans sa carrière, il reste un peu trop en retrait par rapport à Albert Dupontel (Bernie) grandiose de sobriété et de profondeur dans le rôle de cet homme fermé et blessé qui maîtrise mal ses sentiments. Quant à François Berléand (Les Choristes), il capte littéralement toute l’attention des spectateurs avec son personnage de convoyeur, instable, assoiffé de dangers et de rancœurs.
En conclusion, « Le convoyeur » est un film intéressant qui met en lumière le travail difficile et sus tension des convoyeurs. Si le scénario est solide, la mise en scène manque parfois de rythme. Reste une distribution au meilleur de sa forme à commencer par le duo Dupontel et Berlénad qui écrase la concurrence.