Plusieurs années après avoir découvert pourquoi la plus célèbre méchante Disney avait un cœur si dur et ce qui l’avait conduit à jeter un terrible sort à la princesse Aurore, « Maléfique : Le Pouvoir du Mal » continue d’explorer les relations complexes entre la sorcière et la future reine, alors qu’elles nouent d’autres alliances et affrontent de nouveaux adversaires dans leur combat pour protéger leurs terres et les créatures magiques qui les peuplent.
Robert Stromberg, le réalisateur du premier « Maléfique » est donc parti travailler sur la série « Projet Blue Book », il cède alors la place à Joachim Ronning, a qui l’on doit notamment « Pirates des Caraïbes : La vengeance de Salazar », pour nous raconter un peu plus dans le détail l’histoire de cette fée noire, et surtout pour tisser une nouvelle intrigue autour de cette union imparfaite que forment Maléfique et Aurore. Trois scénaristes se sont relayés pour écrire une histoire solide qui puisse fédérer les plus jeunes et les parents. Linda Woolverton (Le Roi Lion) qui avait déjà travaillé sur le premier volume est rejointe par le duo Noah Harpster (Un Ami Extraordinaire) / Mica Fitzerman Blue (Un Ami Extraordinaire). Le trio se sont donc penché sur les origines de cette fée tout en gardant en tête que tout n’avait pas été dit sur les rapports entre Maléfique et les humains. Avec une approche toujours aussi redoutablement intéressante, le trio, va explorer les origines de Maléfique et en profiter pour livrer une réflexion écologique sur notre société, en partant du postulat de départ que les fées ont toujours été les protectrices de la nature et de ses créatures contre des humains avides de pouvoir et de domination sur une terre dont ils peinent à comprendre qu’elle doit être traité comme la mère nourricière et non comme une servante docile. Et le scénario de ne pas oublier que les enfants veulent aussi rêver et s’identifier, que ce soit à Aurore ou au prince. Ils décident alors de marier la jeune princesse à son amoureux et de leur allouer une mère sombre et cruelle envers ces créatures qu’elle ne comprend pas et qu’elle craint par ignorance. C’est peut-être un peu naïf, mais cela fonctionne.
D’ailleurs, la mise en scène de Joachim Ronning va totalement en ce sens et offre une œuvre virevoltante qui se mue, à mesure que le film avance en ode à la nature et à l’humanisme. Car si Maléfique a perdu, depuis le premier opus, de son aspect terrifiante et simplement méchante, elle n’en demeure pas moins une créature fascinante par ses nuances, ses paradoxes et ses ambiguïtés. Elle s’est nourrie de la haine des hommes, et s’est isolée pour mieux protéger ce monde qu’elle aime tant. Mais sa rencontre avec d’autres fées noires va changer la donne et donner la possibilité au réalisateur et à ses équipes de pouvoir créer un monde magnifique de couleurs, de profondeur et ainsi offrir au spectateur une œuvre fluide, dynamique et puissante dans sa conception. Et même si l’on lui reprocher une certaine naïveté, une évidence se fait jour : Ce deuxième opus est une réussite visuelle et rythmique. Rare sont les longueurs et fluctuantes sont les bonnes idées, comme le pays des fées noires qui brille par sa résonance écologique.
Evidemment, la magnifique Angélina Jolie confirme son goût pour ce personnage qu’elle porte avec puissance et douceur. On sent tout l’amusement qu’elle éprouve à jouer Maléfique la méchante lorsqu’elle vient s’opposer aux humains et toute la sensibilité lorsqu’elle doit échanger avec Aurore. Cette dernière interprétée par Elle Fanning (Galveston) avec beaucoup de grâce et de fraîcheur forme un couple très glamour avec Harris Dickinson que l’on verra bientôt dans le très attendu « Kingsman : First Mission ». N’oublions pas évidemment Michelle Pfeiffer (Ladyhawk la femme de la nuit) qui n’a jamais été réjouissante que dans un rôle de méchante, mais qui sait toujours lui insuffler toutes les nuances nécessaires pour la rendre grandiose.
En conclusion, « Maléfique : Le Pouvoir du mal », n’est certainement pas parfait, notamment par une naïveté que l’on peut lui reprocher, mais une chose est sûre, l’ensemble fonctionne. Le scénario est solide et s’offre le luxe de rendre beaucoup plus subtile, l’une des méchantes les plus iconiques de l’univers des classiques Disney. La mise en scène est virevoltante et dynamique, les effets spéciaux offrent des plans de toute beauté et la distribution permet à chaque personnage de ne pas sombrer dans la mièvrerie d’usage.