Tulsa, Oklahoma, de nos jours. Il y a 3 ans de cela, un groupe de suprématistes blancs appelés « La septième Cavalerie» s’est attaqué à tous les policiers de la ville ainsi qu’à leurs familles. Afin de protéger leur identité depuis cette attaque poétiquement surnommée «La Nuit Blanche» les policiers portent désormais un bandana jaune afin de conserver leur anonymat. Profondément marqués par cette nuit tragique, Angela Abar et le chef de la police de Tulsa, Judd Crawford, décident d’enquêter de concert sur ce groupuscule et ses adeptes.
Voilà un projet bien ambitieux qui suscita toutes les interrogations, lors de l’annonce de sa mise en chantier. L’adaptation en série de l’un des comics les plus emblématiques et les plus complexes de la planète DC : « Watchmen » d’Alan Moore (Ce dernier a d’ailleurs pris ses distances avec Hollywood depuis le désastre de « La Ligue des Gentlemen Extraordinaire » qui a lui a laissé un goût amer !) et Dave Gibbons, publié en 1986 et 1987. Quand en plus, l’annonce associe l’œuvre culte à celui de Damon Lindelof, qui n’est autre que le showrunner, qui nous avait déjà retourné le cerveau avec sa série « The Leftovers », autant dire que les interrogations autant que l’excitation surgirent. Car, hormis, la version très stylisée de Zack Snyder en 2009, il n’y avait pas grand-chose de réjouissant à se mettre sous la dent. Onze années, donc, après la version ciné, arrive la série produite par HBO déjà responsable de hits comme « Game Of Thrones » et « Westworld », entre autres. Autant dire tout de suite que tous les voyants étaient au vert pour nous offrir une œuvre fidèle à l’originale.
Et dès le départ le showrunner a décidé de ne pas faire une adaptation directe de la série mais d’écrire une histoire inspirée de l’univers des watchmen qui se situerait dans un monde après les événements de la BD. Et c’est une excellente idée !!! qui va certainement mettre hors d’eux les fans du comics, qui s’attendaient à voir leurs personnages préférés portés en série dans des aventures qu’ils avaient déjà lu. Mais bien sûr, tout cela n’aurait pas réellement de grand intérêt et enfermerait la série dans une œuvre destinée aux geeks. Ici, non seulement l’histoire s’émancipe de l’œuvre originale, mais elle a le bon goût de se révéler passionnément en phase avec l’actualité. Car nous y retrouvons tous les questionnements qui nous hantent depuis plusieurs années maintenant et particulièrement depuis qu’un certain Trump a investi le bureau ovale.
Tout en gardant les codes de la BD, à commencer par les personnages emblématiques tels que Dr Manhattan, le plus puissant d’entre tous, ou encore cette univers effrayant et si proche en même temps tout en étant une sorte de fantasmagorie unique de ce que pourrait être notre société si nous n’y faisions pas attention. Après une mise en place, un peu longue, il faut bien le dire, la série se révèle enthousiasmante à bien des points notamment par son traitement sombre et en même temps bourré d’humour décalé qui viennent en contre point de la complexité de l’intrigue. Car, comme dans toute l’œuvre de Damon Lindelof, rien n’est totalement dit, rien n’est totalement éclairé et c’est bien tout cela qui fait la qualité et l’intelligence de cette série, qui, non seulement s’inspire avec élégance et inspiration d’une BD monstrueusement visuelle et magnifiquement écrite, mais, en plus, sans y paraître parvient à en être certainement la plus fidèle retranscription à l’écran.