Katia et Oleg sont un couple d'urgentistes en Russie. Oleg est brillant, mais son métier l'absorbe. Confronté chaque jour à des cas difficiles, l'alcool l'aide à décompresser. Katia ne se retrouve plus dans cette relation. A l’hôpital, un nouveau directeur applique des réformes au service de la rentabilité. En réaction, Oleg s’affranchit de toute limite et l'équilibre du couple vacille plus encore.
Membre d’une nouvelle génération de cinéastes russes appelée « Les Nouveaux Calmes » et qui se veulent plus apaisés, Boris Khlebnikov n’en demeure pas moins un réalisateur instinctif qui sait faire évoluer ses projets à mesure que ses recherches se précisent. Et c’est peu dire, car à l’origine, « Arythmie » devait être une comédie sentimentale. autour d’un couple d’urgentistes dont la vie et ses aléas se calaient au rythme de leur travail.
Mais voilà, à mesure que le réalisateur a commencé à faire ses recherches, pour bien ciselé son sujet, le réalisateur s’est confronté à une réalité bien plus sombre qui ne laissait plus réellement de place à la comédie. Car le système de santé Russe est à la dérive ! il souffre d’une organisation défaillante et aveugle et d’un manque évident de budget pour qu’il puisse être à la hauteur de l’attente de ses patients. Les personnels sont à bout, et forcés de faire de choix odieux. La pression y est forte, pour ne pas dire insoutenable.
Du coup le réalisateur nous plonge dans un quotidien beaucoup plus sombre qu’il ne pouvait l’imaginer lui-même. Mais fidèle à son style et à ses idées, Boris Khlebnikov ne cherche pas à pointer du doigt. Il ne porte aucun jugement ! Il laisse les images et l’intrigue parler d’elles-mêmes. Seul le couple devient un reflet de cette dérive que subit le pays depuis plusieurs années. Et outre, un regard serein mais implacable sur le système de santé, le réalisateur et sa co-scénariste Natalia Meshchaninova (Le Cœur du monde) dresse le portrait tout en clair-obscur d’un couple qui se déchire et particulièrement d’un homme dont la profession commence grignoter sa vie personnelle et son équilibre psychologique.
Avec une mise en scène aussi sobre que son scénario est implacable, Boris Khlebnikov nous plonge dans le quotidien tourmenté de ces deux urgentistes. Son héros commence à perdre pied et son métier lui efface ses repères. L’alcool aidant il devient l’ombre de lui-même et cherche désespérément à reprendre pied dans une vie qu’il ne comprend plus et qui ne lui laisse pas beaucoup le temps de souffler. Un film puissant et parfaitement maîtrisé.