L'histoire
Au large de la Nouvelle-Angleterre, deux gardiens de phare viennent relever l'équipe précédente et restent coincés sur place pour cause de tempête. Le caractère autoritaire du chef de phare ne tarde pas à créer les conflits et la méfiance devient mutuelle, chacun gardant ses secrets.
Critique subjective
Robert Eggers avait impressionné beaucoup de monde (et il faut le dire ennuyé encore plus) avec son précédent et premier film, le terriblement austère The witch. Il n'(en reste pas moins que le film était formellement assez impressionnant avec une maitrise de la mise en scène étonnante pour un premier film, plaçant d’emblée son auteur comme l'un des nouveaux auteurs de l'horreur aux côté notamment d'un Ari Aster. Il transforme cette fois clairement l'essai avec The lighthouse, véritable trip halluciné qui aura autant enchanté les critiques que laissé bon nombre de spectateurs indifférents (18 millions de dollars au box-office mondial - ce qui reste honorable vis-à-vis de son budget de 4 millions de dollars).
Encore une fois, la mise en scène est l'une des grandes forces du film, le parti-pris esthétique étant fort. Doté d'un noir et blanc impeccable et d'une variation des formats qui en aura dérouté plus d'un, le film d'Eggers ne se sert pas de ces artifices uniquement pour épater la galerie, mais pour construire une ambiance assez unique, qui nous rappelle fortement l’impressionnisme allemand notamment. Lourd, dérangeant, le film et son spectateur mal à l'aise. Même si on ressent parfois l'effet d'un exercice de style d'un élève doué qui aurait trop bien appris et digéré ses classiques, on ne peut nier l'efficacité de l'ensemble.
Au centre du film on trouve évidement son duo d'acteurs. Robert Pattinson force le respect. D'ailleurs, après des années de rôles aussi risqués que peu lucratifs afin d'effacer son image de "gars qui a joué dans Twillight" il est en passe de trouver une forme de rédemption d'acteur, enchainant les projets d'envergure (en tête, The batman). Le film d'auteur lui va pourtant plutôt bien, sa composition s'avérant tout à fait convaincante même si Willem Dafoe, habité par le rôle, mène la barque et est à la tête de la plupart des moments qui restent en tête immédiatement après la fin du film.
The lighthouse tombe pourtant encore dans certains écueils que n'arrivait déjà pas à éviter The witch. A trop vouloir être arty, Eggers fini par parfois virer dans le barbant voir le prétentieux. L'intrigue est simple mais pas simpliste et donnait la possibilité à un traitement autrement plus profond que celui proposé au final, pas loin d'être creux par moment. Un manque significatif au niveau du scénario et du traitement des personnages se fait sentir et handicape un film pourtant au fort potentiel. Le film montre beaucoup, mais dit peu.
En conclusion
Pour son second film, Robert Eggers monte d'un cran et nous offre un meilleur film que le fut the witch. Visuellement beau, bien mis en scène et porté par un duo d'acteurs impeccables, The lighthouse semble un peu trop creux pour vraiment totalement convaincre. The lighthouse est pourtant dans l'ensemble un bon film, car on passe un moment intéressant, il reste de très beaux moments de cinéma, mais sans doute pas assez de contenu pour vraiment marquer le genre.