A la recherche d'un coup qui leur permettrait de prendre leur retraite, un couple d'escrocs de petite envergure projette d'enlever la fille d'un riche Américain.
Après avoir travaillé comme assistant réalisateur avec Jules Dassin, Luis Bunuel et Gilles Grangier, entre autres, Jacques Deray, débuta sa carrière de réalisateur en 1960 avec « Le Gigolo », un drame avec Jean-Claude Brialy. Mais très vite il montra une certaine appétence pour les films noirs, avec des truands et des policiers à leurs trousses. Comme en 1963 avec « Riffifi à Tokyo » où Charles Vanel faisait partie d’un groupe de gangster désireux de s’emparer d’un diamant hors de prix à Tokyo. Et la même année : « Symphonie pour un massacre » avec Jean Rochefort et à nouveau Charles Vanel. C’est en 1965, que le réalisateur va signer l’une de ses plus belles réalisations, et très certainement l’une de ses plus sensibles.
Car en adaptant l’un des auteurs de polars les plus en vogue du moment : James Hadley Chase, et son roman édité en 1963 : « One Bright Summer Morning » (Un beau matin d’été), le réalisateur se donne les moyens de ne pas faire dans la simple caricature de brigands, mais plutôt dans des relations plus complexes, contrariées et mises en danger pour les besoins d’un vilain particulièrement réussit. Et pour cela le réalisateur va utiliser une mise en scène assez simple et efficace qui repose principalement sur la qualité de jeu des acteurs et sur leurs capacités a désarçonner le spectateur en ne sachant pas s’il doit rire ou s’offusquer. Ainsi, le couple Monique et Francis, joue des charmes de la première pour que le deuxième vienne dépouiller leurs victimes.
Et le réalisateur d’utiliser tous les codes de construction d’un polar, avec de belles propriétés, des méchants avec un accent à couper au couteau, des entourloupes, des victimes apeurées ou revancharde, et un brin de subversion (Sophie Daumier masquant ses seins nus de ses mains) voilà ce que le Jacques Deray trouve dans le remarquable roman de Chase et qu’il parvient à mettre en image dans un noir et blanc assez peu contrasté pour rendre encore plus intemporel l’ensemble. Ici, chaque personnage garde une part de lumière éclipsée par son ombre, à l’exception du couple, lumineux virevoltant et plein d’énergie et d’innocence qui les mènera petit à petit à une conclusion qu’ils n’attendaient pas forcément.
Et c’est d’ailleurs la première fois que Jean Paul Belmondo (Le Marginal) va proposer sa composition toute en énergie, en gestes exagérés et en dictions très envoyées. Un style qu’il peaufinera tout au long de sa carrière et qui deviendra son image de marque. Belmondo est ici, tout en décalage avec l’action qui se joue devant eux, à l’exception du final où l’acteur se révèlera plus sensible et plus subtile dans son jeu. Même constat avec Sophie Daumier (Une Histoire Simple), dont la fraicheur de jeu ne laisse pas indifférent, et qui vient compléter avec talent, le jeu de son partenaire. L’actrice y est pétillante et se révèle parfois sombre pour mieux laisser le contraste apparaitre chez son personnage.
En conclusion, souvent oublié dans les biographies résumant les adaptations au cinéma de l’œuvre foisonnante de James Hadley Chase, « Par un beau matin d’été », est pourtant une remarquable réussite de Jacques Deray. Notamment parce que le réalisateur a su mettre en lumière la noirceur de ce roman où tout le monde tente de trouver un intérêt dans une affaire qui semble n’être qu’un simple règlement de compte entre malfrats. Mais Deray, bien plus subtil qu’il n’y parait en fait naitre toute la sensibilité et laisse aux acteurs principaux la possibilité de montrer toute l’étendue de leur palette de jeux. A noter la présence au générique de Géraldine Chaplin (Le Dr Jivago) qui signait là son premier vrai rôle, après une courte apparition dans l’un des chefs d’œuvres de son père, Charlie Chaplin : « Les Feux de la Rampe »