Lycéen d'une intelligence hors norme, Brendan Frye est un garçon solitaire qui préfère se tenir à l'écart de ses camarades. Jusqu'au jour où son ex-petite amie, Emily, tente de reprendre contact avec lui, avant de disparaître. Toujours amoureux d'elle, Brendan se met en tête de la retrouver...
Nous sommes en 2005, après deux court-métrages, assez remarqués, le réalisateur Rian Johnson signe, avec « Brick », son premier long-métrage. Et pour un passage au long, il n’est pas anodin, de dire que le metteur en scène ne fait pas dans la facilité, mais signe une œuvre personnelle et en même temps tellement originale. Un film, complètement barré, dans lequel un adolescent surdoué va décider, dans un premier temps de sauver son ex-petite amie, puis dans un second temps, va se lancer dans une enquête afin de déterminer les causes et les responsables de sa disparition.
Le film est complètement barré, notamment parce que le réalisateur, qui fait preuve d’une qualité de « storyteller » hors norme, casse les codes de la narration, notamment avec des plans serrés, d’autres légèrement en accéléré pour accentuer son propos. Un parti pris qui déroute le spectateur, qui ne sait pas s’il doit rire ou s’inquiéter. Entre Bad Trip et film policier adolescent, « Brick » est un voyage initiatique dans l’adolescence à la recherche d’un idéal entre désillusion et mauvaises rencontres, le réalisateur va signer un scénario et une mise en scène qui vont bousculer les spectateurs, afin les forcer à s’imprégner de cette histoire où idéologie et mauvaises intentions viennent se télescoper pour parfois se mélanger dans une sorte de recette malsaine, où l’on voudrait que nos enfants ne sombrent pas.
Porteur d’un message ou non, le scénario sait s’amuser des codes narratifs pour plonger le spectateur entre irréalité, fantasme, et mauvais trip. Le héros se cherche une place dans une société qui ne lui en laisse finalement aucune. Etonnant, vu qu’il va utiliser son intelligence et se sacrifier pour déjouer les pièges de personnages pas forcément prompts à la négociation. Fin et complètement inspiré des lieux et des personnages de son adolescence, « Brick » est une sorte d’hommage (un peu particulier, certes !) à la ville dans laquelle il a grandi et aux personnages qu’il a croisés. Le nom de la proviseure est celui d’une des profs du réalisateur, le lycée est également celui qu’il a fréquenté… On le comprend donc assez, sans être autobiographique, « Brick » est, avant tout un film personnel et profondément ancré dans le passé de Rian Johnson.
Côté distribution, après un passage particulièrement remarqué chez Gregg Araki et son « Mysterious Skin » et avant d’être remarqué chez Christopher Nolan : « Inception », « Dark Knight Rises », Joseph Gordon Levitt impose un charisme et un style de jeu, très fermé, presque non concerné tout en partageant des émotions sans aucun artifice. L’acteur est brillant et à l’aube d’une grande carrière, dans laquelle les films « d’auteurs » auront une belle place. Face à lui Lucas Haas (Witness), à déjà 30 ans, offre la composition toute en froideur d’un personnage proche de ces jeunes adultes, mais à l’influence néfaste.
En conclusion, « Brick » est un film complètement barré dans sa structure, mais qui prouve si besoin en était (n’en déplaise aux pseudos fans de Star Wars qui ont conspué son Star Episode 8, alors qu’il fourmille de bonnes idées, et qu’il est certainement le meilleur de cette dernière trilogie !!!) ses talents de Storyteller, instinctif et inventif. La mise en scène est maitrisée et le scénario intelligemment écrit. La distribution est à la hauteur de l’entreprise, décalée mais tellement cohérente.