Virginie, Erik et Aristide, trois flics parisiens, se voient obligés d’accepter une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend que leur prisonnier risque la mort s’il rentre dans son pays. Face à cet insoutenable cas de conscience, elle cherche à convaincre ses collègues de le laisser s’échapper.
Voici un film qui ne laisse pas forcément indifférent ! « Police », le nouveau film d’Anne Fontaine, est tout d’abord un film profondément humaniste, qui suit les pas de trois policiers, au parcours différents qui vont devoir escorter un demandeur d’asile à l’aéroport pour y être expulsé. Les trois policiers vont se retrouver dés lors face à leurs propres questionnements face à cet homme dont le passé et le présent leur saute à la figure et vient ébranler leurs certitudes.
Il y a cinq années en arrières dans des moments sombres de notre pays, tout le monde était en osmose avec la police, à l’heure d’aujourd’hui qu’en est-il, encore ? Il est plus facile de cracher sur eux que de s’opposer à sa propre violence, à ses propres doutes. Des hordes d’individus assoiffés de violence sans idéaux sèment le chaos dans les cortèges quand ceux qui défilent pour des idées se retrouvent à les justifier. La pourriture des réseaux est devenue le caviar des médias et des fausses bien-pensées. La parole malsaine a remplacé celle de la décence. Et alors que nous devrions tous être unis, jamais notre société ne s’est retrouvée si divisée, si ce n’est à l’orée de grands conflits mondiaux où le pire visage des français éclatait au grand jour.
Du coup le film « Police » d’Anne Fontaine raisonne à nos esprits comme une remise en question, celle où nous sommes tous amenés à nous interroger sur ce que nous ferions dans la situation des policiers qui doivent escorter un demandeur d’asile vers l’aéroport d’où il sera « réexpédié dans son pays d’origine ». « Réexpédié dans son pays d’origine » ! Si cette petite phrase heurte votre oreille, c’est que vous aussi, vous vous demandez à quel moment notre pays à commencé à considérer des gens, des êtres humains comme des colis dont on ne veut pas, comme des erreurs d’expédition. C’est le même constat avec la « Police ». A quel moment avons-nous décidé que ce n’était plus des êtres humains ? A quel moment les crapules sont-elles devenues des symboles et les représentant de l’ordre la fange de la population.
Plus facile de juger les autres que de se juger soi-même ! Plus confortable de faire des amalgames que de chercher la nuance et la logique. En réinstallant ses héros sur le curseur de l’humain et non pas de la fonction, la réalisatrice Anne Fontaine (Marvin ou la Mauvaise éducation) amène immédiatement le spectateur à l’interrogation. Effaçant tout esprit partisan de son propos pour ne pas être pris en faute, elle interroge, s’interroge également, car chaque humain qui se respecte, qu’il soit policier ou non répond à des valeurs qui lui sont propres et ne peut être insensible à la douleur de l’autre. C’est sa vie du moment, ses préoccupations personnelles ou encore ses convictions profondes qui peuvent lui faire prendre la bonne ou la mauvaise décision. Aucun choix n’est facile ni à prendre et encore moins à assumer, et c’est bien ce qui en fait toute la complexité. Un policier c’est avant tout un être humain qui va devoir se protéger pour supporter la détresse, la violence et souvent l’horreur de ses journées, pour ne pas la ramener chez lui.
Le trio Virginie Efira (Adieu les Cons), Omar Sy (Intouchables) et Grégory Gadebois (J’Accuse) a parfaitement bien compris toute la nuance qu’il doit apporter à sa prestation. Chacun des acteurs ne cherchent pas la caricature, mais semble privilégier l’humain à la fonction. Du coup leurs jeux n’en semblent que plus parfaits dans un sujet tout en complexité. Face à eux Payman Maadi (Westworld) transcende son personnage et le porte au meilleur. Quasiment sans parler, par la simple position du corps l’inclinaison du visage et par le regard surtout, il nous communique toute une palette d’informations que l’on prend comme autant de claques au visage.
En conclusion, « Police » d’Anne Fontaine est un film éminemment nécessaire pour se rappeler la complexité du métier de policier, toujours garder à l’esprit que face aux cohortes de violences se trouvent des frères, des pères, des maris et des enfants qui ont également leurs propres doutes et leurs propres angoisses. Des humains qui se mettent également à douter lorsqu’une situation exceptionnelle se présente. Et nous, comment réagirions-nous à leur place ? C’est une question que l’on devrait toujours se poser avec sincérité