Autrefois criminel violent et sanguinaire semant la terreur au Tibet, Lamont Cranston, désormais repenti, a appris à maîtriser sa part d’ombre pour vaincre le mal et protéger New York des malfaiteurs grâce à ses nombreux pouvoirs. Sous le nom de The Shadow, il se bat toutes les nuits contre le crime pour faire régner l’ordre et la justice sur la ville. Mais le quotidien du héros légendaire est perturbé lorsque son ennemi juré Shiwan Khan, doté des mêmes pouvoirs, refait surface en menaçant de tout détruire à l’aide d’une bombe atomique. L’affrontement est inévitable...
Le parcours de ce « Shadow » est suffisamment surprenant et remarquable pour que je prenne le temps de quelques lignes pour expliquer son histoire. Et elle commence dans les années 30 sous la plume de Walter B. Gibson, plus connue sous le pseudonyme de Maxwell Grant, sous forme de romans (Plus de 300 en dix ans environs) qui deviendront un tel succès qu’Orson Welles les adaptera en Feuilleton radiophonique. Ce qui est amusant avec « The Shadow » c’est qu’il est lui-même inspiré d’un autre personnage de la littérature, française cette fois ci : Fantomas de Louis Feuillade, avec sa cape, son grand chapeau et son écharpe rouge qui lui masque une partie du visage. Mais il a également été la source d’inspiration, pour ne pas dire de plagiat de l’un des super-héros les plus célèbres : « Batman ».
Il apparaissait donc assez logique que le cinéma s’intéresse à lui. Bien qu’il y ait eu une première tentative dans les années 30 : « The Shadow Strikes » en 1937, c’est en 1994, que le doyen des héros masqué verra le jour. Malheureusement pour lui, les planètes ne sont pas bien alignées et le film sera un échec public. Il parviendra tout juste à amortir son investissement, mais ne verra jamais de suite. Pourquoi me direz-vous ? Pour ne pas regarder la vérité en face, le studio vous dira qu’il se retrouver devant une concurrence féroce « The Mask » de Chuck Russel d’un côté et « Le Roi Lion » de Roger Allers et Rob Minkoff de l’autre. Mais force est de constater qu’avec un petit budget de 40 Millions de Dollars, le film avait peu de chance de rivaliser, d’autant qu’artistiquement, le film frôle le désastre.
Russel Mulcahy tout d’abord, signe, ici, l’un de ses mises en scène les plus mollassonnes qui existe. Au milieu d’un décor en carton pate qui frôle le ridicule, au point que nous pourrions croire à une parodie, ll orchestre des scènes d’action sans relief ni imagination. Nous avons du mal à croire que ce réalisateur signa l’un des plus grands cartons de l’année 1986 avec « Highlander ». C’est bien simple, ici rien ne sonne vrai et même si le film est estampillé 1994, il semble avoir au moins 10 ans de retard, et même là le compte n’y est pas car il serait forcément comparé à ce que faisait Spielberg. D’ailleurs la comparaison n’est pas anodine, tant la scène dont l’équipe semble la plus fier (Celle du Night-Club) semble être un hommage à Indiana Jones.
Côté distribution, nous pourrions faire le même constat car la présence au générique de Ian Mc Kellen (Le Seigneur des Anneaux) et Tim Curry (Rocky Horror Picture Show) ne vient sauver le bateau du désastre. D’abord parce que les deux acteurs font bin des efforts, mais cela n’est pas suffisant pour relever le niveau, tant il est bas. Mais c’est surtout la prestation d’Alec Baldwin qui nous fait saigner des yeux et des oreilles. L’acteur est complètement à côté de la, plaque. Il surjoue ou ne parvient jamais à trouver la bonne tonalité. Dés la scène d‘ouverture, l’acteur nous plonge dans le plus grand des désespoirs. Il sera difficile de s’en remettre.
En conclusion, « The Shadow » était un peu oublié du monde des super-héros, mais cette adaptation de Russell Mulcahy ne nous manquait finalement pas tant que ça, tant elle ne parvient pas à rendre hommage à ce héros si bien écrit et qui fut la source de nombreuses inspirations, à commencer par Batman.