Un employé de banque, découvrant un jour qu’il n’est en fait qu’un personnage d’arrière-plan dans un jeu vidéo en ligne, décide de devenir le héros de sa propre histoire, quitte à la réécrire. Evoluant désormais dans un monde qui ne connaît pas de limites, il va tout mettre en œuvre pour le sauver à sa manière, avant qu’il ne soit trop tard…
Le réalisateur Shawn Levy a su nous surprendre avec « La nuit au Musée » et ses deux suites, en ne cherchant pas à avancer dans les chemins balisés de l’Entertainment à l’américaine, mais en gardant une certaine envie de « Gamin » de se faire plaisir en se créant des aventures dans tous les univers qu’il va traverser. Comme un enfant, il va dans un musée et s’imagine d’un seul coup que les œuvres ou les personnages exposés prennent vie, une fois les grilles fermées. Ou alors qu’un « PNJ (Personnage Non Jouable) » dans un jeu vidéo s’émancipe des frontières imposées par les concepteurs et vive sa propre existence et cela donne « Free Guy », un film complètement barré dans lequel Guy, un employé de Banque d’un jeu Vidéo, va tomber sous le charme de MolotovGirl, une héroïne du jeu et ainsi déjouer les règles du jeu dans lequel il évolue.
Avec un tel pitch, on imagine bien que le film va nous embarquer dans une sorte de folie narrative, qui peut vite sombrer dans le gluant s’il on n’y prend pas gare. Et c’est justement ce que vont éviter les scénaristes Matt Lieberman (Les Chroniques du Noël) et Zak Penn (Ready Player One). Car si le scénario peut paraître un peu simpliste parfois, notamment lorsqu’il s’intéresse aux concepteurs du jeu, il a l’intelligence de faire le contre-poids avec toute la folie qui se dégage des personnages qui peuplent le jeu vidéo et de cet univers complètement barré, où chacun répond à une situation précise sans jamais en changer. Ici, dés lors que Guy va croiser celle qu’il aime d’un amour foudroyant les choses vont devenir complètement folles et particulièrement réjouissantes, notamment parce que le scénario va faire croire de ne pas le prendre au sérieux pour ensuite le faire monter en puissance tout en gardant une certaine naïveté qui lui confère un intérêt grandissant à mesure que le film se déroule.
Et c’est justement la mise en scène de Shawn Levy, qui vient appuyer et orchestrer tout cela en donnant une texture colorée et naïve à l’excès qui lui va tellement bien. Le réalisateur joue des environnements et se libère des carcans balisés de la mise en scène classique de ce type de film pour lui donner une certaine folie, un humour dosé et une touchante conclusion qui font que le spectateur ne s’ennuie jamais et se laisse complètement touché par le charme des personnages, candides et déterminés dans leurs envies d’aller plus loin ou au contraire, comme le meilleur ami de Guy : Buddy, rester dans ce qu’il a apprit à faire ou ce pour quoi il a été conçu.
Bien sûr, personne d’autres que Ryan Reynolds (Deadpool) ne pouvait prendre autant de plaisir à s’amuser avec ce personnage à la fois Lunaire et naïf, qui va bousculer les règles et les codes établis pour mieux s’en affranchir et pouvoir vivre ce qu’il a envie de faire. L’acteur joue de la caricature comme d’une seconde nature, et va même jusqu’à se caricaturer dans un double « Pas Finis » à mourir de rire. Et c’est bien là toute la force du film et de sa distribution que d’avoir compris, que ne pas trop se prendre au sérieux était assurément la meilleure carte à jouer pour séduire son audience. Et c’est l’actrice Jodie Comer (L Dernier Duel) qui va venir faire le balancier de tout ça entre le monde réel et le monde virtuel, avec une prestation certes classique mais parfaitement maitrisée. N’oublions tout de même pas Joe Keerry (Stranger Things) et surtout Lil Rel Howery (Get Out) réjouissant dans des compositions toujours impeccables entre sobriété et folie assumée.
En conclusion « Free Guy » est une excellente surprise, où la folie des scénaristes trouvent un écho à la folie enfantine d’un réalisateur qui a décidé de réaliser ses rêves d’enfant en remplaçant les jouets par une caméra. Avec Ryan Reynolds en acteur principal, le film devient une folie réjouissante que l’on ne se lasse de voir et revoir.