Dans un futur proche, Miami a été submergé par les flots, suite aux effets du changement climatique. Un enquêteur privé, Nick Bannister, est engagé par des clients afin de retrouver leurs précieux souvenirs. Au cours de sa dernière affaire, il tombe éperdument amoureux de sa cliente. A sa disparition, le détective est désemparé et se lance à sa recherche. Il se retrouve alors perdu dans une boucle temporelle et découvre des aspects de sa personnalité qu'il ne connaissait pas auparavant.
Avec « Reminiscence », il y a d’abord un projet singulier : Celui de Lisa Joy l’une des créatrices de la série « Westworld » avec son mari Jonathan Nolan, frère du réalisateur Christopher Nolan. Pour son premier long métrage la réalisatrice a également signé un scénario aux inspirations fortes et assumées, notamment, des films noirs qui ont nourris la cinéphilie de la jeune femme, qui voulait également explorer cette étrange singularité qu’est la mémoire. Qu’elle soit personnelle, elle peut toujours nous échapper et lorsqu’elle se transmet peut également se pervertir d’un voile de fantasme de ceux qui ont la charge de l’entretenir. Ici, la réalisatrice qui a, donc, signé le scénario, veut associer ces deux sujets pour en sortit une œuvre sombre et en même temps lumineuse qui vienne nourrir ses propres fantasmes.
Ici, donc, nous suivons les traces d’un détective privé, qui est engagé pour retrouver des souvenirs précieux et les restituer à ses clients. Mais un jour, le détective tombe sur une cliente pas comme les autres. Une jeune femme belle, intrigante, qui va l’obséder, dés lors qu’elle va disparaître. Un peu à la manière d’un Philip Marlow (« Le Grand Sommeil » d’Howard Hawks (1946)) ou d’un Harry Angel (« Angel Heart » d’Alan Parker (1987)), Nick Bannister va trainer son obsession à travers tout le film et se lancer dans une intrigue qui va rapidement le dépasser, malgré les avertissements de ses amis et de ses collègues. Et même si les inspirations de la réalisatrice se font sentir, elle signe ici un scénario intelligent, bourré de fausses pistes et d’idées intéressantes, tout comme des idées venues de la série qui l’a rendu célèbre qui se joue de la réalité et de la confusion des genres.
Côté mise en scène, même constat, le film n’est pas forcément une très grande réussite, mais il a le mérite de savoir où il va et la réalisatrice semble bien décidée à offrir un spectacle à la hauteur de ses ambitions. Les plans sont soignés et l’éclairage donne une ambiance à la fois somptueuse et parfois crasse pour mieux marquer les différents types d’environnements dans lesquels le héros va évoluer. Et c’est d’ailleurs autour de lui que tout se joue puisque la réalisatrice va marquer son œuvre d’une ambiance film noire qui est évidente avec l’utilisation des contre-jours autour de la silhouette parfois fatiguée du détective, ou encore des fumées qui se dégagent sur un fond blanc. Le visuel est primordial dans « Reminiscence » et ne vient jamais ternir l’histoire. Alors même si parfois nous avons l’impression que la réalisatrice a voulu se la jouer confort en reprenant des ficelles de la série « Westworld » : le bureau et le laboratoire de Bannister, on ne regrette que très peu ce choix esthétique tant il apparaît cohérent avec le scénario.
Pour finir, il faut bien évidemment parler de l’acteur Hugh Jackman (Logan) qui fut très tôt approché par la réalisatrice et qui était une condition impérieuse pour que le film se fasse. L’acteur est comme toujours impeccable et se love totalement dans le rôle de détective privé, obsédé par la femme qu’il vient de croiser et qui vient de disparaître. L’acteur prouve une nouvelle fois qu’il n’est pas un acteur occasionnel et qu’il sait jouer autre chose que les super-héros. Face à lui, l’actrice Rebecca Fergusson (Dune) fait des merveilles en femme fatal mi ange mi démon. Elle parvient avec une aisance remarquable à capter l’attention et jouer de sa présence comme le firent d’autres grandes actrices du film noir de l’époque : Bette Davis, Lauren Bacall…