Jakob, 17 ans, ne veut rien de plus que de se sentir vivant. Des crises d'angoisse incontrôlables l'en empêchent et l'obligent à s'évader dans des mondes virtuels. Un soir, il rencontre Kristjan, 26 ans, sur un chat gay. Un peu artiste et terriblement attirant, Kristjan semble posséder l’assurance qui manque à Jakob. Ce dernier est immédiatement fasciné…
Les éditeurs, en général, n’hésite pas à utiliser des superlatifs de tout genre pour donner aux films qu’ils distribuent une aura, un peu différente de celle qu’elle pourrait avoir. Ici, il met en avant des influences aussi remarquables que dangereuses entre Cocteau, Kubrick, Lynch et Noé. Le résultat est un peu différent, notamment parce que le film ne possède pas toutes les qualités requises pour se revendiquer de maitres aussi prestigieux et que les références notoires vont se retrouver plutôt sur des détails de mise en scène ou des choix visuels, qui peuvent effectivement faire penser à ces réalisateurs. Mais la comparaison s’arrête là seulement !
Maintenant, cela ne veut bien sur pas dire que « Nevrland » ne possède aucune qualité, ce serait injuste de dire le contraire. Car il en a ! A commencer par un scénario sensible qui tourne autour d’un personnage qui cherche sa place inlassablement dans un monde dans lequel il a bien du mal a se sentir accepter. Evoluant dans un monde qui ne lui ressemble pas, dans lequel, il ne set pas à sa place : « Il travaille dans un abattoir où travaille également son père ». Pas bien dans son corps comme dans sa peau, Jakob traine sa mélancolie et l’affiche dans un regard taciturne. Le soir il s’échappe en allant sur des sites de rencontres Gay. Et c’est à travers sa rencontre avec Kristian, que le jeune homme va s’ouvrir et se trouver. Et c’est toute la sensibilité du film que de ne pas plus appuyer le trait du mal-être mais, au contraire de la laisser planer pour que la lumière puisse enfin percer doucement à travers cette rencontre. Le rapport à Cocteau et Kubrick peut éventuellement e retrouver ici, tant la caméra se concentre sur Jakob et semble épouser ses gestes.
Et c’est la mise en scène de Gregor Schmidinger qui vient donner corps à tout cela, à travers une lumière très orangée, presque psychédélique, qui peut effectivement faire penser à l’esthétique de Gaspard Noé ou de David Lynch. Le réalisateur plonge le spectateur dans un univers où la réalité et la psyché se retrouvent dans une multitude couleurs, froides ou chaudes et ou le flash obsédant des néons vient ponctuer l’ensemble pour donner une sensation de vertige, afin que le spectateur ressente ce qui peur vivre le jeune héros de l’histoire qui se déroule devant nous. Et le réalisateur a parfaitement bien compris les qualités visuelles de ces héros, car il va les mettre en lumière et se servir d’elles pour mieux appuyer son propos, avec des scènes qui peuvent apparaître fantasmagoriques.
Seulement, parfois, à trop vouloir en dire ou en faire, l’on finit par se prendre un peu les pieds dans le tapis. Et c’est exactement ce qu’il se passe avec « Nevrland » ! A force de scènes entrecoupées de flash, ou à l’esthétique ultra soignée qui pourrait ressembler à un film de fin d’étude, le réalisateur finit par brouiller un peu trop les pistes et en oublie certaines réponses qui vont perdre le spectateur. Et même si les acteurs à commencer par Paul Forman (The Spanish Princess) et Simon Früwirth (Les Carnets de Max Lieberman), qui signent des prestations d’une justesse maitrisée, le film se perd parfois dans son esthétisme trop appuyé.