Remake du film d'épouvante Candyman dont le scénario a été écrit par Bernard Rose (1992) d'après la nouvelle de Clive Barker, The Forbidden. D’aussi loin qu’ils s’en souviennent, les habitants de Cabrini Green, une des cités les plus insalubres en plein cœur de Chicago, ont toujours été terrorisés par une effroyable histoire de fantôme, passant de bouche à oreille, où il est question d’un tueur tout droit sorti de l’enfer, avec un crochet en guise de main, qui pourrait apparemment être convoqué très facilement par qui l’oserait, rien qu’en répétant son nom 5 fois devant un miroir. Dix ans après que la dernière des tours de la cité ait été détruite, l’artiste peintre Anthony McCoy et sa petite amie Cartwright, directrice de galerie d’art, emménagent dans un appartement luxueux, sur le site de l’ancienne cité, aujourd’hui complètement nettoyé et reconverti en résidence réservée à une classe sociale jeune et aisée. Alors que la carrière d’Anthony est au point mort, il rencontre par hasard un ancien habitant de la cité d’avant sa rénovation qui lui raconte ce qui se cache réellement derrière la légende du CANDYMAN. Désireux de relancer sa carrière, le jeune artiste commence à se servir des détails de cette macabre histoire comme source d’inspiration pour ses tableaux, sans se rendre compte qu’il rouvre la porte d’un passé trouble qui va mettre en danger son équilibre mental et déclencher une vague de violence qui en se propageant va le forcer à faire face à son destin.
Jordan Peele est un réalisateur et producteur de talent. Il fut à l’origine, notamment de petites pépites telles que « Get Out » (2017) et « Us » (2019). En tant que producteur son bilan est un peu plus mitigé, son reboot de la série « Twilight Zone (La quatrième dimension) » n’ayant pas réussi à convaincre ! mais il existe tout de même une véritable constante dans son œuvre c’est la défense des droit des populations Afro-Américaines, on l’a vu notamment à l’écriture du scénario de « Blackkklan sman » aux côtés de Spike Lee, amis également sur des œuvres plus personnelles telles que « Lovecraft Country », une série dans laquelle, le scénariste, réalisateur et producteur donnait une vision de ce que vécurent les afro-américains dans les années 50, en faisant un parallèle avec un maitre de la littérature fantastique :H.P. Lovecraft, qui fut également tristement connu pour être un proche, très proche du « KuKlux Klan ». Il était donc normal que Jordan Peele et « Candyman » se rencontrent un jour et que cela en devienne un film.
Alors qu’à l’origine dans la nouvelle de Clive Barker datant de 1985, l’action se situait à Liverpool avec un personnage au teint jaune donnant l’impression qu’il avait la jaunisse, pour son adaptation au cinéma en 1992, l’action fut transposée dans un quartier défavorisé de Chicago, et le personnage devint noir. Un choix qui ne fut pas sans susciter des réactions épidermiques évidentes de la part de la communauté afro-américaine qui y vit une nouvelle humiliation. Pourtant très vite, cette même communauté s’est approprié ce personnage et en a fait une métaphore de la discrimination et des sévices infligés aux Afro-Américains. Et c’est là que Jordan Peel, ne pouvait s’empêcher de participer au scénario ! Et il le fait presque bien, car toute la partie concernant cette identification à la douloureuse histoire de sa communauté apparaît de façon flagrante et terrifiante. Mais seulement voilà, nous sommes dans un « Slasher Movie » et « Candyman » doit tuer atrocement, et comme le scénariste pensait que cela ne suffisait pas de rester sur le créneau de la lutte raciale, il va nous infliger des scènes d’un classicisme désarmant de film de genre.
Et la mise en scène de Nia DaCosta (Toy Boy), ne va rien arranger, car si la réalisatrice utilise de bonnes idées, comme l’utilisation de l’animation en théâtre d'ombres, pour raconter l’histoire de Daniel Robitaille (Un procédé magnifiquement utilisé dans Harry Potter : Les Reliques de la mort), le reste du film se noie dans un manque d’inventivité avec des scènes que l’on pourrait retrouver un peu partout dans les films de genre, et surtout une perte de rythme récurrente que l’on peut attribuer à un scénario qui ne parvient pas à faire la part des choses entre film militant et film de genre. Ajoutez à cela des scènes qui frôlent le ridicule comme lorsque Anthony, joue par Yahya Abdul Mateen II (Matrix Resurrections) voit dans le reflet d’un miroir « Candyman ». La synchronisation des mouvements est exagérée est fait plus rire qu’elle n’inquiète.
En conclusion, « Candyman » version 2021 est un essai raté qui aurait pu pourtant, par la teneur du message que voulait véhiculer son scénariste et producteur, être une bien belle réussite. Seulement voilà, ce dernier ne parvint pas à trouver le juste milieu ou la bonne recette pour créer une alchimie gagnante entre Slasher et Film militant, et la Mise en scène de la réalisatrice passe complètement à côté de son sujet.