Evan Hansen est un lycéen de 17 ans qui souffre de trouble d’anxiété sociale. Son thérapeute lui conseille de s’écrire une lettre pour l’aider à renforcer sa confiance. Lorsqu’un de ses camarades de classe, Connor, se suicide, Evan se retrouve au centre de la tourmente. Dans une tentative malavisée de réconforter la famille en deuil, Evan prétend qu’il était meilleur ami avec Connor.
« Cher Evan Hansen » est avant tout l’adaptation d’une comédie musicale qui s’est jouée de 2015 à 2017 à Broadway et qui fut écrite par le trio : Banj Pasek (The Greatest Showman), Justin Paul (Aladdin) et Steven Levenson (Tick, Tick, Boom). Couronnée de prix, cette comédie musicale devait assez logiquement trouver sa place sur grand écran. Mais chose assez exceptionnelle dans ce type de cas, l’acteur qui créa le personnage sur scène est également celui qui l’interprète à l’écran. Loin d’être un inconnu, Ben Platt, qui travaille pour la première fois avec son père, puisque ce dernier est producteur, fit les grandes heures d’Universal avec « Pitch Perfect » dont il tenait l’un des rôles principaux, mais fut également à la tête d’une série Netflix, signée Ryan Murphy et Brad Falchuk : « The Politicians » et dans laquelle le comédien fait preuve d’une qualité de jeu assez remarquable et saisissante. Très précis dans l’intention et puissant dans ses émotions, le jeune homme de 28 ans s’imposait comme une valeur sûre de l’entertainment à l’américaine.
Avec « Cher Evan Hansen », la surprise est donc autour de ce sujet, assez peu propice, de prime abord avec les rythmes de la comédie musicale. Et pourtant, les auteurs ont su trouver une tonalité, touchante, sans être pourtant pesante sur les affres de l’adolescence et sur ce trouble de l’anxiété, bien propre à nos sociétés occidentales industrialisées et modernisées à l’outrance. Ici, le jeune Evan Hansen, en question, est un jeune homme touché par ce handicap, qui aimerait dire à la jeune fille qu’il aime ce qu’il ressent, mais ne parient pas à le faire. Adé par son psy, il va s’écrire une lettre, dans lequel il va dévoiler ses sentiments, mais cette missive tombera dans les mains du frère de la jeune fille. Ce dernier, déjà touché par un trouble psychique va se suicider, et Evan Hansen, par un quiproquo va être pris pour son meilleur ami. De quoi exacerber ses troubles.
Rarement dans le surplus de larmes ou dans le surplus de pathos, le film tente de trouver sa place dans une sorte de comédie musicale « Kleenex » qui fait mouche quasiment à chaque fois mais parvient surtout à ne pas trop en rajouter pour ne rendre l’ensemble indigeste. Et d’ailleurs, les chansons écrites par le duo Banj Pasek et Justin Paul qui avait déjà fait bouger le public avec « The Greatest Showman » viennent illustrer ses sentiments perdus, à l’instar du tubesque « Anonymous One » écrit avec Amandla Stenberg qui vient parfaitement donner corps à ce sentiment de solitude dans une masse où les adolescents peuvent se sentir perdus et noyés. Et c’est justement l’interprétation de ces chansons qui vient donner tout son sens à la comédie musicale. Celle d’Amandla Stenberg est tout simplement captivante, mais celles de Ben Platt sont tout simplement subjuguantes, tant l’acteur pousse au maximum le curseur de l’émotion et nous fait dresser les poils sur les bras et couler les larmes sur les joues. D’une justesse remarquable et d’une sensibilité touchante l’acteur porte le film et le fait bien.
Une émotion lacrymale que le réalisateur de « Wonder » a bien compris. Lui qui maitrise déjà les codes de la comédie sentimentale, signe une mise en scène inventive et légère qui tourne autour des sentiments et des difficultés des uns et des autres à trouver une place dans un monde bien compliqué à comprendre. D’ailleurs, il brise quelque peu les codes en inscrivant les chorégraphies qui viennent habiller les chansons dans la continuité des actions peintes dans les scènes. Inventive et maitrisée, la mise en scène ne peut toutefois pas empêcher certaines longueurs, dues, en partie, à un scénario qui pousse au plus loin le curseur de l’émotion. Un choix payant sur scène, mais un peu pesant sur l’écran.