1973, dans la région de Los Angeles. Alana Kane et Gary Valentine font connaissance le jour de la photo de classe au lycée du garçon. Alana n’est plus lycéenne, mais tente de trouver sa voie tout en travaillant comme assistante du photographe. Gary, lui, a déjà une expérience d’acteur, ce qu’il s’empresse de dire à la jeune fille pour l’impressionner. Amusée et intriguée par son assurance hors normes, elle accepte de l’accompagner à New York pour une émission de télévision. Mais rien ne se passe comme prévu…
Paul Thomas Anderson est un réalisateur aussi atypique qu’aussi discret que ses œuvres sont célèbres : « Boogie nights » avec Mark Wahlberg en 1997, « Magnolia » en 1999 avec Tom Cruise et Philip Seymour Hoffmann, ou encore « Phantom Thread » avec l’immense Daniel Day-Lewis en 2017. Atypique parce que le cinéaste filme les sentiments à travers les dérives de personnages artistes ou anonymes. Ici dans « Licorice Pizza » du nom d’un disquaire à Los Angeles, un adolescent rencontre l’assistante d’un photographe et tente de la séduire. En découle une foule de situations rocambolesques et parfois touchantes. Car le réalisateur sait, comme personne, dépeindre le beau et le laid dans les sentiments.
Avec une mise en scène qui, parfois, prend son temps, mais surtout, sait se faire plus confuse ou dynamique pour mieux donner un sens au propos, Paul Thomas Anderson, fait se croiser les personnages, ne les rends pas plus beaux qu’ils ne sont, il a d’ailleurs refusé tout maquillages superflus pour garder le plus naturel possible, l’aspect des visages, ses rougeurs, ses défauts et ses beautés. En ressort une palette d’individus uniques les uns que les autres qui vont, subitement croiser d’autres, inspirés de célébrités réelles comme Jon Peters, producteur, coiffeur et surtout petit ami de Barbara Streisand (Yentl) dont la réputation d’extravagance courait allègrement à Hollywood sans que jamais celle ne soit réellement prouvé. Le réalisateur en a créé un personnage haut en couleur qui offre un moment suspendu et surréaliste dans une histoire d’amour hors du commun.
A la distribution, nous retrouverons des jeunes talents, dont la participation ressemble à un symbole pour le réalisateur, puisqu’il s’agit de Cooper Hoffman, le fils de Philip Seymour Hoffman (Hunger Games), réalisateur fétiche du réalisateur. Le jeune comédien porte presque le film à bout de bras et s’émancipe de l’image paternelle et brouillant les pistes lorsque l’on aborde les sentiments plus profonds de son personnage. Face à lui, la jeune Halana Haim, repérée par le réalisateur pour être la chanteuse du groupe Haim qu’elle a monté avec ses sœurs et dont Paul Thomas Anderson a réalisé un grand nombre de clips. Le casting est complété par des invités comme Bradley Cooper incroyablement drôle dans le rôle de Jon Peters, ou encore Sean Penn en star assez sur de son impact sur les autres.
En conclusion, « Licorice Pizza » est une nouvelle exploration des sentiments par le réalisateur de « Magnolia », Paul Thomas Anderson (1999). Précis, sensible et en même temps tellement décalé, le réalisateur livre une peinture précise d’une société des années 70, avec ses excès, ses beautés et ses errements, tout en ciblant l’industrie superficielle du cinéma qui se heurte à la réalité parfois moins glamour de la vie. De tout ca parvient à fleurir une histoire d’amour singulière et hors des paillettes.