Les Rebelles noirs, une quarantaine d'adolescents casques et bottes, revêtus de blousons de cuir marqués d'une tête de mort, prennent la route sur leurs motos. Ils assistent à une course de motos, envahissent la piste et volent un prix. Ils disparaissent jusqu'à la petite ville voisine qu'ils vont occuper peu à peu jusqu'à la mettre complètement à sac.
En quatre films seulement, Marlon Brando allait envahir les esprits des spectateurs. Il y eut d’abord « C’étaient des Hommes » (1950) de Fred Zinnemann, premier rôle de l’acteur où il interprétait un soldat blessé dont le retour au pays ne se fait pas aussi aisément qu’il l’aurait souhaité. Puis « Un tramway nommé désir » (1951) d’Elia Kazan, adaptation d’une pièce de Tennessee Williams avec la star d’« Autant en emporte le vent » (1950), Vivien Leigh. L’acteur va marquer les esprits dans le rôle de Stanley Kowalsky, un personnage brutal et sans concession. Puis « Viva Zapatta » (1952) d’Elia Kazan, dans lequel Brando incarnera le révolutionnaire. Mais c’est en 1953, que l’acteur va entrer dans la légende, au point de devenir un modèle absolu pour nombre d’acteurs à suivre à commencer par James Dean (La Fureur de Vivre) qui ne masquait pas sa vénération pour Marlon Brando.
Car dans « L’équipée sauvage » va incarner un personnage tout en profondeur, avec une aisance remarquable. Alors que les autres acteurs continuent de suivre une mécanique de comédie venue de l’expérience, du théâtre ou des écoles, Brando, lui, met déjà en pratique la méthode de Constantin Kowalski qu’il a appris lorsqu’il suivait les cours de Stella Adler. Une méthode basée sur l’improvisation et l’oubli du scénario pour mieux approfondir les dessous psychologiques de son personnage. D’un naturel désarmant et d’une maitrise remarquable, l’acteur écrase la concurrence et porte le film par quelques gestes, quelques postures et surtout une économie de mouvement qui rend son personnage crédible et naturel. « Johnny » n’est pas simplement le chef d’une bande de motard dans lois et sans respect, il y a bien des choses dans ses gestes, dans les rapports qu’il entretient avec les autres, que ce soit la Police, l’autorité en générale ou même une jeune femme qui ne semble pas impressionnée par ses manières et qui tente au contraire de le percer.
Inspiré de faits réels, « L’Equipée Sauvage » est un film qui met en lumière cette période si particulière de l’après-guerre où les anciens tentent d’en effacer les blessures et la jeunesse de sortir d’un carcan qui lui est imposé. Le scénario de John Paxton (Feux Croisés) et Ben Maddow (Le Vent de la Plaine) va, d’ailleurs, se faire se confronter toute une série de personnages qui ne se comprennent pas et vivent différemment la situation. Il y a les notables qui ont créé leur milice et vont cacher leurs égarements en accusant ces jeunes sans repère. Le sheriff qui s’accroche à son poste et ne veut pas envenimer la situation, et la jeune femme qui est intriguée par ces motards, violent, festifs et arrogant menés par l’énigmatique Johnny dont elle perçoit les fissures sous l’armure du gros dur intransigeant.