Mariée à un riche ingénieur, Giuliana est sujette à de fréquentes crises d’angoisse. Dans la banlieue industrielle de Ravenne, elle cherche le réconfort auprès de Corrado, un collègue de son mari venu recruter de la main-d’œuvre...
Cinématographiquement élevé au cinéma de Fellini (Le Cheik Blanc) et de Rossellini (Un Pilote Revient), pour lesquels il écrivit des scénarii au tout début de sa carrière, Michelangelo Antonioni (L’Avventura) est devenu en quelques temps l’un des maitres du cinéma italiens. Si les années 50 le firent rester un peu confidentiel, du moins sur la scène internationale, c’est dans les années 60, que le réalisateur va prendre toute sa hauteur, avec un style propre qui va l’éloigner du néoréalisme de ses pairs pour se concentrer plutôt sur la psychologie de ses personnages. Avec « L’Avventura », justement qui lui vaudra une polémique sur les marches de Cannes, mais lui offrira tout de même le Prix du Jury, et donc une porte grande ouverte sur la scène mondiale qui trouvera son apogée avec « Blow Up » en 1967, un drame redoutable dans lequel un jeune photographe arrogant est persuadé être témoin d’un meurtre, et permettra au réalisateur de repartir de Cannes avec La Palme d’or. Une consécration critique et publique puisque le film rapportera plus de 20 millions de Dollars au box-office.
Mais revenons sur « L’Avventura » œuvre polémique, pour l’époque, puisqu’on y croise le destin d’Anna, jeune femme en plein doute sur les sentiments qu’elle éprouve pour son amant indélicat Sandro. Alors qu’ils partent faire une croisière en Yacht avec des amis, dont Claudia, l’amie fidèle, au moment du retour Anna a disparu et Claudia et Sandro partent à se recherche. Entamant de ce fait une liaison. Cette œuvre devient le premier opus d’une quadrilogie qui s’achèvera avec « Le Désert Rouge » et dans laquelle le réalisateur va livrer une vision de la société Italienne de son époque autant qu’une exploration psychologique de ses personnages.
Et « Le Désert Rouge » en est le point culminant, presque la synthèse avec ses personnages construit sur le même schéma, la femme en pleine errance, le mari ou l’amant et bien sûr l’élément extérieur qui va rebattre les cartes et plonger tout ce petit monde en plein doute et en pleine valse sentimentale et sociologique. Dans « Désert Rouge » nous suivons les pas de Giuliana, jeune femme aux prises avec des crise d’angoisse qui va chercher du réconfort en la présence de Corrado, un collègue de son mari. Le réalisateur va illustrer les démons intérieurs de son héroïne, dans une mise en scène qui va jouer perpétuellement les contrastes et les perspectives. A l’instar des tuyaux colorés de l’usine en contraste avec un bâtiment en noir et blanc, qui pourrait illustrer l’intérieur de la jeune femme. Même chose avec ces situations particulières comme dans la scène de la cabane rouge où deux classes sociales s’entrechoquent sans chercher à se comprendre totalement.
Antonioni est maitre de son art et filme ses personnages à commencer par Marina Vitti (L’Avventura) avec beaucoup de soin pour mieux aller chercher un sens à son propos. Et « Désert Rouge » se retrouve comme la conclusion la plus réussit d’une quadrilogie. On y retrouve tous les éléments qui ont fait l’œuvre du m’aitre et qu’il va continuer d’explorer par la suite. Conclusion d’une quadrilogie, donc, mais pierre angulaire d’un cinéaste précis et inventif. Ce qu’il confirmera avec « Profession : Reporter » et son incroyable plan séquence, quelques années plus tard.