Unique héritier de sa famille, couvé par sa grand-mère depuis l’enfance, Pei Gang est devenu à l’âge adulte un tyran et une brute. Après avoir commis trois meurtres de sang-froid, il est arrêté et condamné à mort. Son exécution est prévue à l’automne suivant, comme la tradition l’exige. Il reste moins d’un an à sa grand-mère pour remuer ciel et terre et libérer son petit-fils. Alors que l’espoir d’un acquittement s’éloigne de plus en plus, elle va s'assurer que Pei Gang conçoive un héritier pour perpétuer la lignée...
Nous sommes à la fin des années 60 et début des 70, Taiwan est une ile qui a bien du mal se tenir à l’écart des remous que subit la Chine. Reconnue depuis peu par l’Occident comme La République Populaire de Chine, le pays met une pression sur Taiwan qui commence à voir son indépendance de plus en plus grignotée. C’est dans ces conditions que le cinéma Taiwanais a connu ses changements majeurs. Dominé par les productions Honk-Kongaises, le cinéma Taiwanais à travers sa principale Société de production la CMPC (Central Motion Picture Corporation), liée au gouvernement va créer un nouveau style : Le mélodrame du réalisme sain. Entendez-en cela, la fait de réaliser des films promouvant la réussite économique taiwanaise, à travers des histoires réalistes éludant totalement les aspects noirs ou sordides de la réussite. Le gouvernement y est d’ailleurs souvent représenté à travers de personnages de notables.
Le réalisateur Lee Hsing en sera l’un des premiers à réaliser des films « Sains » comme « Oyster Girl », par exemple en 1964. En 1969, le réalisateur s’associe à deux autres réalisateurs Pai Ching-Jui et King Hu pour fonder leur propre société de production baptisée étonnamment TCMPC pour « Ta Chung Motion Picture Company ». Avec cette nouvelle entité, le réalisateur et ses acolytes vont essentiellement produire des films sentimentaux, toujours positifs. Et au milieu, de tout cela, Lee Hsing va se lancer dans une œuvre totalement en décalage avec ses propres productions : « Exécution en Automne ». Un drame d’époque, qui nous amène à suivre le destin de Pei Gang, un prisonnier au passé d’enfant surprotégé, trop gâté devenu un véritable tyran qui ira jusqu’à commettre trois meurtres. Couvé par sa grand-mère, Pei Gang est destiné à être exécuté selon les lois en vigueur, en Automne. Film préféré du réalisateur, « Exécution en Automne » est avant tout un drame sur la rédemption, et la pénitence.
Sur un scénario de Yung-Hsiang Chang (The Naval Commandos), le réalisateur a peindre des personnages, au départ assez linéaires, pour gagner, à mesure que l’intrigue se déroule beaucoup plus complexes et beaucoup plus en souffrance qu’il n’y parait. Avec une sobriété et parfois, un peu de maladresse dans sa mise en scène, particulièrement lors de bagarres qui viennent rythmer certaines scènes, le réalisateur impose un style et une certaine empathie variable envers chacun des personnages, y compris Pei Gang. Virtuose dans sa reconstitution d’un lieu presque unique, il parvient surtout à créer des sentiments et à faire évoluer ses personnages tout en gardant le spectateur près à l’inévitable. Avec une mécanique dramatique qui va utiliser certains ressorts émotionnels et d’autres retournement de situation, le réalisateur se moule complètement dans un discours positif qui n’est pas si éloigné de ce que fait l’occident. La comparaison est parfois faite avec Victor Hugo dans ce chemin de croix vers a rédemption, ce n’est pas si surprenant que cela.