Un docteur s'attire des problèmes à cause de l'un de ses patients. En effet, cet homme dépressif semble recherché par une bande de mafieux. Ceux-ci menacent alors le médecin de s'en prendre à sa fille s'il ne les aide pas... Il va alors tout faire pour sortir de cette situation très dangereuse pour lui et sa famille.
« Si j’étais un espion » est encore un film particulier. D’abord parce qu’il est le premier dans lequel les Blier Père et Fils se retrouvent, ensuite parce que Bertrand Blier, va déjà imposer une signature, sur un style particulièrement populaire à l’époque, qui répondait à des codes narratifs bien spécifiques et que le réalisateur ne va que très peu suivre. Ensuite, parce qu’à l’époque, les films d’espionnage étaient plus souvent parodiques et caricaturaux, à l’image des premiers James Bond. Ici Bertrand Blier qui en est à ses débuts, av trouver les financements pour lancer son film et décide de prendre le genre à contre-pied en en faisant un film d’espionnage sérieux et sans gadget ou sans voyage dans le monde.
Et c’est une excellente chose que le réalisateur ait décidé de ne pas sombrer dans le parodique car il impose de ce fait une atmosphère propre à son film renforcée par l’utilisation du Noir et Blanc. Car le film baigne dans une sorte de paranoïa anxiogène qui ne ressemble qu’à très peu de film de l’époque. Et pour cela le réalisateur, qui a signé le scénario avec ses co-scénaristes : Antoine Tudal (Montparnasse 19), Jean-Pierre Simonot et Jacques Cousseau, va ciseler ses personnages et faire tourner l’intrigue autour d’un médecin, profession respectée et réputée pour son empathie et sa dévotion, à l’apparence tranquille. De ce point de départ où le médecin se rendra à l’appartement d’un patient qui ne sera pas là, mais dont il va subitement entendre parler par plusieurs intervenants va renforcer l’aspect anxiogène et paranoïaque de l’intrigue.
Le réalisateur va utiliser les environnements, les sons, à l’instar des sonneries de téléphone particulièrement présentes dans le film, pour plonger le spectateur dans l’univers de son film. Tous les ingrédients des films de genre du moment seront présents : Les gentils, les méchants, les Français et les Russes, les enlèvements et la peur des personnages, mais il y a une narration monocorde qui vient appuyer l’effet voulu par le réalisateur. Les personnages parlent toujours quasiment sur la même tonalité, un peu planante, même lorsqu’ils sont en colère et haussent le ton, il n’y a jamais de saturation dans les décibels.
Et puis il y a, bien sûr, pour cela la distribution qui vient jouer un rôle majeur dans la réussite de ce film, particulièrement Bernard Blier (Les Tontons Flingueurs) qui impose son jeu charismatique mais fait preuve d’une douceur qui colle parfaitement à son personnage. Tout en douceur, il incarne un médecin dépassé par les évènements avec une maitrise remarquable. Face à lui Bruno Cremer (Les Noces Blanches) impose une prestation toute en force et en pression.
« Si j’étais un espion » est LE film qui décidera Bertrand Blier à ne réaliser que des histoires originales et qui porte déjà la signature du réalisateur. Avec ce film Bertrand Blier va réaliser un film d’espionnage sérieux, paranoïaque et presque intemporel tout en gardant les ingrédients nécessaires au genre. Pour porter son histoire il se repose sur les prestations précises et maitrisées du duo Bernard Blier et Bruno Cremer.