Un homme, plongé dans le malheur après le suicide de sa fiancée, découvre les atrocités endurées par ses ancêtres samouraïs depuis le XVIIe siècle au nom du code d’honneur du bushido. Cette caste de la noblesse militaire accomplissait des actes de violence sur ordre des seigneurs féodaux, mais souffraient encore plus de leur cruauté, souvent contraints au suicide rituel...
Tadashi Imai est un réalisateur à part dans l’univers du cinéma Japonais. D’abord, parce qu’il fait partie de la Nouvelle Vague de l’époque. Les réalisateurs de l’ancienne garde étant pour la plupart morts ou en fin de carrière comme Tamizo Ishada (Sanjaku Sagohei) et Nabuo Nakagawa (Contes fantastiques de Yotsuya), le seul restant étant Akira Kurosawa (Ran), une nouvelle génération de réalisateurs dans laquelle nous retrouveront Tadashi Imai émerge donc et tend à modifier le discours bien ancré de l’ancienne génération, notamment en s’éloignant d’un regard sur le passé pour s’intéresser à une société en mutation qui se reconstruit à grande vitesse. La grande particularité de Tadashi Imai, est de se centrer principalement sur les personnes les plus faibles avec un discours politique très empruntée de l’idéologie Communiste dont il n’a jamais caché son adhérence.
Avec « Les Contes Cruels du Bushido », le réalisateur va plus loin en s’intéressant à une famille soumise depuis sept générations à un seigneur et qui endure les brimades et autres violences liées aux codes des Samouraïs. A travers une mise en scène aussi sobre qu’inventive, le réalisateur va aborder des sujets rarement traités par les ainés et notamment cette relation si particulière qui amène l’élève, que l’on pourrait appeler le soumis, à répondre à chacune des exigences du Seigneur sous peine de subir son courroux. Le scénario a l’intelligence de ne rien s’interdire et d’exposer une condition, dans un Japon, y compris moderne qui continue de livrer un culte à la personnalité du dominant.
Si les choses ont évidemment évolué avec l’occidentalisation du pays, et que la violence s’est drastiquement réduite, le réalisateur expose une réflexion subtile sur cette soumission des gens les plus faibles, ou tout du moins les plus bas dans l’échelle socio-professionnelle, face à ceux, responsables ou non de leurs destinées. A travers une mise en scène qui nous entraine sur les différentes époques et s’intéresse de près aux différents codes pour mieux nous les faire comprendre et particulièrement à celui de la loyauté qui vient définir toutes les règles de ce qui deviendra l’enfer des autres pour le bonheur des autres. En utilisant le principe des sept générations, Tadashi Imai se porte en observateur de la souffrance et de la construction de ces personnes à travers un code : Le Bushido, dont la rectitude pousse à toutes les extrêmes. Il n’en demeure pas moins une certaine tendresse et une certaine empathie volontaire du réalisateur envers cette caste, qui y voit un moyen de dénoncer la politique de la réussite très présente au Japon dans les années 6O.
A travers une distribution venue pour une partie, notamment l’acteur Kinnosuke Nakamura (Le Samouraï et Le Shogun), du théâtre Kabuki, art ancestral pour ne pas dire mythique du théâtre japonais, le réalisateur va chercher au plus profond des racines de la culture de son pays pour en montrer à la fois les forces et surtout les faiblesses. Réalisateur devenu majeur, dans ce qu’il est convenu d’appeler la nouvelle vague du cinéma Japonais, Tadashi Imai, signe, ici l’un de ses films aboutis et les plus intéressants sur cette vision sans concession d’une société qui s’occidentalise en grande vitesse, mais ne parvient pas à tourner encore le dos aux errances de son passé, comme a pu être ce Bushido.