La comtesse aux pieds nus

Catégorie
Cinéma
Genre
Pays
USA
Date de sortie
22/11/2022
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Amaray
Producteurs
Joseph L. Mankiewicz et Franco Magli
Scénaristes
Joseph L. Mankiewicz
Compositeur
Mario Nascimbene
Editeur
Edition
Coffret
DureeFilm
130
Support
Critique de Emmanuel Galais

A l'enterrement de Maria Vargas, sous la pluie, Harry Dawes se souvient... Engagé par le producteur Kirk Edwards pour réaliser un film, ils découvrent leur vedette un soir dans un cabaret de Madrid : Maria Vargas. La danseuse devient alors Maria Vargas, une star hollywoodienne adulée. Mais celle-ci se sent terriblement seule et rêve de rencontrer son prince charmant. Elle finit par le trouver sous les traits du conte Vincenzo Torlano-Favrini, un séduisant milliardaire. Ils se marient, mais Vincenzo cache un terrible secret...


Alors que les Etats-Unis sont en plein Maccarthysme et que le film sort juste après cette période sombre, le cinéaste Joseph L. Mankiewicz, l’homme qui sauvera la Fox du naufrage en sauvant « Cléopâtre » en 1963, se lance dans l’écriture d’un scénario qui a pour but de porter un regard parfois acerbe mais surtout désabusé sur le Hollywood de ces années qu’il traverse alors que Mankiewicz est président de la Directors Guild et qu’il doit faire face à la fronde à, la fois antisémite et surtout anti-communiste menée par des gens comme Cecil B. DeMille (Les 10 Commandements) ou encore John Wayne (Fort Alamo). Choqué mais surtout touché que des personnalités aussi influentes puissent décider de mettre au chômage des artistes ou des techniciens par une peur folle du communisme et une sorte de patriotisme nauséabond.


Avec « La Comtesse aux Pieds Nus », le réalisateur va peindre un Hollywood, prisonnier de sa propre autarcie, de ses propres peurs et gangréné par un mal dont on ne prononce pas encore le nom. Moins réussit que « Eve, « La comtesse aux Pieds Nus » n’en demeure pas moins une œuvre remarquable du réalisateur de « L’Aventure de Mme Muir », dans lequel il porte un regard sévère et sa mise en scène, un brin désabusée, sans jamais perdre de sa maitrise, montre un artiste profondément marqué par la situation vécue par Hollywood dans ce début des années 50, où lui-même fut la cible d’attaque de la part de ses pairs, alors qu’il était président de la Directors Guild, sorte de corporation réunissant tous les réalisateurs américains. Dans différentes interviews, il était d’ailleurs revenu sur ces faits et cela fait froid dans le dos, lorsque l’on sait l’admiration que Mankiewicz portait à Cecil B. DeMille Par exemple.


Il n’est pas étonnant d’ailleurs de découvrir à travers le personnage de Maria Vargas, incroyablement interprétée par Ava Gardner (Mogambo), une femme d’abord réticente puis attirée par les paillettes et les espoirs de la machine à rêve, mais qui va vite comprendre qu’elle peut être aussi une machine à détruire les être. Juste et éclatante l’actrice transcende son rôle de madrilène, forte et en même temps si fragile, et peaufine un peu plus son personnage de femme captivante. Face à elle Humphrey Bogart (Le Faucon maltais) dans le rôle de ce scénariste qui peut se voir comme le double de Mankiewcz de lui-même avec son regard parfois cynique et grinçant sur une industrie qui transformer les rêves en cauchemar. C’est évidemment le travail d’un artiste et la mise en scène d’un réalisateur majeur, dont la carrière est déjà longue et les combats déjà nombreux, même si le plus grand défi reste encore à venir. L’acteur quant à lui se pose en personnage à la fois sombre et charmeur, conscient et déterminé. Presque assez éloigné de son personnage de « Casablanca » de Michael Curtiz en 1942. Précis dans son jeu et parfois touchant, Bogart traverse le film et capte l’attention et forme avec l’actrice un couple touchant et marquant. 


Joseph L. Mankiewicz joue avec « La Comtesse aux Pieds Nus » avec le temps, fait des allers et retours pour mieux imprégner sa mise en scène et mieux entrainer le spectateur dans une œuvre sombre où les points de vue se fragmentent pour mieux laisser transparaitre un regard plus cynique et plus sévère sur une industrie qui devait se sortir de cette paranoïa qui priva tellement de gens de travail et pour essayer, autant que faire se pouvait à l’époque de protéger ses artistes.


Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
HD 1080p
Format Cinéma
1.85:1
Le travail de restauration est absolument remarquable avec des couleurs parfaitement bien dosée, mais si la scène d’ouverture reste assez granuleuse. Le reste du film est débarrassé de ses défauts et nous plonge ainsi dans cette histoire d’une jeune femme qui va vivre son rêve mais comprendre qu’il peut être aussi son cauchemar. Le travail de restauration est a salué et nous permet ainsi de redécouvrir cette œuvre mal connue du réalisateur, alors qu’il était son préféré.
Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Anglais
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Anglais
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Malgré une piste DTS-HD Master 5.1, le son ne masque pas le passage du temps, mais se révèle d’une grande précision et met parfaitement en valeur les dialogues et les effets sonores. Jamais dans l’excès, la piste Audio est parfaitement bien harmonisée pour que les dialogues ne soient pas effacés par la musique qui parvient à se faire suffisamment discrète pour être oubliée.
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 90 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage

« Conte Défait », le journaliste au « Monde » Samuel Blumenfeld revient sur les dessous de « La Comtesse aux Pieds Nus » et notamment le rapport que l’on peut trouver avec « Cendrillon », dans un univers que le réalisateur a remis à son goût avec ses propres références.


« Ciné Regards : Joseph L. Mankiewicz », le réalisateur, lors d’une émission diffusée en 1981, raconte son parcours et particulièrement sur ses difficultés à faire face à la montée du maccarthysme à Hollywood lorsqu’il était président de la Director’s Guild.


Puis un très beau livre de 60 pages : « Mankiewicz contre Cendrillon » réalisé en association avec Revus et corrigés. Un ouvrage qui compte plus de 50 photos d’archives et revient l’histoire du film et la place qu’il tient dans l’œuvre du maitre.