Sean Thornton, ancien boxeur américain, est de retour dans son Irlande natale. Désireux de racheter la chaumière et le lopin de terre que ses parents possédaient, il entre en conflit avec Red Will Danaher, qui lorgne également sur le bout de terrain. La situation se complique lorsque Sean tombe amoureux de Mary Kate, la propre sœur de Danaher.
Lorsque l’on parle de John Ford, il est impossible de ne pas penser à « La chevauchée Fantastique » (1939), « Les Raisins de la colère » (1940) ou encore « Qu’elle était verte ma vallée » (1941) et bien d’autres encore, mais le réalisateur, qui approche de ses 60 ans à l'époque du film, a une obsession depuis 16 ans, adapter un roman de Maurice Walsh, dans lequel il décrit une Irlande idyllique, presque immaculée, et dont John Ford veut se servir pour rendre un hommage généreux à la terre de ses ancêtres. Ce fils d’immigré qui a toujours considéré l’Irlande comme sa terre de cœur, va ici réaliser un film qui concentrera toutes ses obsessions d’enfant et même ses images d’Epinal qu’il s’est créé en entendant ses parents parler de cette Irlande qui leur manquait tant.
Et parler d’une Irlande de carte postale est un euphémisme tant le réalisateur a soigné son image, les environnements et les personnages en les dessinant sympathiquement conviviaux, volontairement empathiques et n’hésitant pas à s’unir pour lutter contre l’oppression d’un seul homme. « L’homme tranquille », c’est avant tout l’histoire d’un homme qui revient sur la terre de ses ancêtres, y trouve ses racines, une joie de vivre qu’il semble n’avoir pas connu aux Etats-Unis et puis, bien sûr l’amour (On notera d’ailleurs au passage cette façon bien particulière, pour l’époque, de peindre l’amour naissant entre un homme et une femme, puisque, dans ce cas présent, la femme est forcée par son futur mari à l’embrasser… !). Moins politique que dans « Le Mouchard » (1935) ou « Révolte à Dublin » (1936), John Ford, veut aborder l’Irlande d’un œil plus poétique, plus complaisant, faisant fi des troubles qui ensanglantent l’île depuis les prémices de son histoire.
Ici, pour sa mise en scène et pour mettre en valeur les paysages et autres séquences de son film, le réalisateur va utiliser le Technicolor, comme très peu de réalisateurs le firent avant lui, plongeant le spectateur dans des décors magnifiques, presque surréalistes, on se croirait presque dans un film fantastique avec des grandes prairies, des paysages étirés en largeur comme en profondeur pour mieux plonger le spectateur au cœur de son récit.
Et puis il y a évidemment la distribution, à commencer par le couple John Wayne (Fort Alamo) et Maureen O’Hara (Rio Grande). Les deux acteurs se complètent et sont les exactes opposés. John Wayne continue d’entretenir son personnage de mâle, fort et qui ne se laisse pas impressionner par l’avidité de son adversaire, ni par ses menaces. En bon ancien boxeur, il sait se faire respecter par la violence. Sans trop de subtilité, l’acteur ne change pas et ne nuance pas vraiment son jeu, mais continue sur ce qui l’a rendu célèbre et on ne lui en demande pas plus. L’actrice quant à elle, joue plus sur la nuance, entre femme forte et déterminée et à la fragilité voulue pour mettre en valeur le machisme de son partenaire. Pourtant Maureen O’Hara parvient à offrir une composition subtile qui lui fait capter l’écran à chaque apparition.