A Paris, Mia est prise dans un attentat dans une brasserie. Trois mois plus tard, alors qu’elle n’a toujours pas réussi à reprendre le cours de sa vie et qu’elle ne se rappelle de l’évènement que par bribes, Mia décide d’enquêter dans sa mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible.
Novembre 2015, la France est touchée par des attentats d’une ampleur inégalée. Depuis toutes les victimes qu’elles furent présentes, blessées ou simplement membre de la famille de victimes, tout le monde cherche à se reconstruire et à reprendre une vie plus ou moins normale, malgré cette plaie qui aura bien du mal à cicatriser. Dans l’attaque du Bataclan, le frère d’Alice Winocour, la réalisatrice de « Maryland » (2015), était présent et c’est à travers de longue discussion avec lui, que la réalisatrice à commencer à voir germer en elle l’idée d’aborder ce thème, mais non pas sous l’angle de l’attaque elle-même, mais sous celui, bien plus complexe de la reconstruction. Mais un dilemme perdurait dans sa réflexion, comment traitre ce sujet sans faire obligatoirement une sorte de rétrospective de ce qui s’est passé ce soir-là.
Et bien, tout simplement, en ne parlant jamais de la période et surtout en créant un lieu anonyme, non concerné par les attentats de Novembre 2015, et surtout et ne relatant quasiment pas le reste des attaques. Et c’est une excellente décision, car cela permet de mieux se concentrer sur les personnages, et sur les traumas laissés par un tel évènement. La réalisatrice se foaclise uniquement sur son personnage et ceux qu’elle va croiser, mais reste irrémédiablement à hauteur de victime et ne cherche jamais à nous expliquer les motivations des terroristes ou le moindre contexte. Bien au contraire ! Son scénario tourne autour des victimes et pour que cela ait du sens, il était donc nécessaire de rester dans sa vision et un attentat, comme le lui disait son frère, « est irreprésentable », Autre personnage essentiel de cette narration à hauteur de victime, la ville de Paris, qui devient d’un seul le terrain de la reconstruction, de la recherche de la mémoire ou de la mise à niveau de curseurs, nécessaire à la reconstruction. Mia, a besoin de retourner sur les lieux, elle a besoin de se noyer dans les mouvements de la ville pour mieux en ressortir vivante et gagnante. Ses sentiments sont en dentes de scie et ses découvertes la font douter ou la porte, mais rien n’est anodin, rien n’est vain et c’est cela la force de son odyssée.
La mise en scène d’Alice Winocour est sensible, touchante, avec un seul parti pris : se concentrer sur son personnage. Lorsqu’elle filme l’attentat, on ne voit quasiment pas les terroristes, on ne voit que les corps qui tombent, on entend les mitraillettes, les cris puis le silence. Ensuite, la réalisatrice concentre son œil sur l’environnement de Mia, sur la ville et sur ces personnages que l’héroïne va croiser, Solaires, meurtris, indifférents ou coupables, tous ont un rôle à jouer dans cette mise en scène d’un moment difficile dans la vie de ces victimes : La recherche de la mémoire et l’apaisement après un tel trauma. Jamais dans l’excès, Alice Winocour filme avec une extrême tendresse et véritable douceur, chacune des étapes, elle met en lumière chacun des sentiments traversés par ces victimes, de la douleur, de l’incompréhension, de la culpabilité ou encore de l’acceptation. « Revoir Paris » est une excellente réflexion sur le drame des attentats et certainement l’un des plus beaux hommages à ceux dont la vie fut brisée en l’espace de quelques secondes, par des fous furieux avides de sang et de violence.
Enfin pour conclure, il est impossible de ne pas parler de la prestation de Virginie Efira (Adieu les Cons), toujours aussi impeccable et aussi sensible dans un rôle qui demande beaucoup nuances et de précisions. Même si l’on peut parfois lui reprocher une prestation un peu monolithique parfois, elle devient finalement assez cohérente avec le parcours de cette femme et l’enfermement psychologique dans lequel elle se trouve.