Une soucoupe volante atterrit en pleine nuit près de Los Angeles. Quelques extraterrestres, envoyés sur Terre en mission d'exploration botanique, sortent de l'engin, mais un des leurs s'aventure au-delà de la clairière où se trouve la navette. Celui-ci se dirige alors vers la ville. C'est sa première découverte de la civilisation humaine. Bientôt traquée par des militaires et abandonnée par les siens, cette petite créature apeurée se nommant E.T. se réfugie dans une résidence de banlieue. Elliot, un garçon de dix ans, le découvre et lui construit un abri dans son armoire. Rapprochés par un échange télépathique, les deux êtres ne tardent pas à devenir amis. Aidé par sa sœur Gertie et son frère aîné Michael, Elliot va alors tenter de garder la présence d'E.T. secrète.
Certains films vous marquent toute votre vie, mais en plus ont su marquer la culture populaire à travers les époques. « E.T. l’Extra-terrestre » est évidemment l’un de ces œuvres, mais pas seulement, car si ce film a marqué toute une génération de spectateur à travers le monde, c’est surtout la naissance durable d’un réalisateur dont la carrière était déjà lancée depuis plusieurs années avec des films tels que « Duel » en 1971 (Son premier grand succès), « Les Dents de la mer » en 1975 (Son premier gros carton !) ou encore « Rencontre du Troisième type » en 1977. Ce dernier marque l’arrivée du cinéaste dans l’univers de la science-fiction, mais surtout, à la différence de son George Lucas (Star Wars), Steven Spielberg va faire se télescoper deux genres : La SF avec les extra-Terrestres qui arrivent sur Terre et le film sociétale, avec des personnages comme n’importe quel spectateur, qui vont être au cœur de la rencontre. Un mélange des genres qui va lui permettre de commencer à développer des thèmes qui deviendront sa marque de fabrique : L’imaginaire, l’enfance et les familles déchirées.
Avec « E.T. », le réalisateur va aller plus loin. Il film à hauteur de son héros, montre sa solitude, le manque de ce père partie, les conséquences de son absence sur la sphère familiale, et l’arrivée de ce personnage de l’espace, va venir agir comme une sorte de catalyseur, et aider l’enfant à se séparer de cette douleur pour pouvoir avancer. Porté par le scénario de Melissa Mathisson (Kundun), qu’il supervisa tout de même, Spielberg change la donne et présente un extra-terrestre gentil, perdu et abandonné par ses pairs. En rencontrant Elliott, la créature va trouver la force et les moyens de rentrer en contact avec les siens pour qu’ils viennent le chercher. Le réalisateur donne une couleur différente et change le regard de la société, en ne présentant pas de danger venu de l’espace, mais plutôt des hommes, pour être précis même, des adultes qui ne vont pas chercher à comprendre la créature, mais vont, au contraire, vouloir l’étudier, comme une bête de laboratoire. En filmant à hauteur de l’enfant, le réalisateur repositionne la réflexion et la nettoie de toute considération adulte pour pouvoir se centrer sur la peur de E.T. d’être abandonné, de la même manière qu’Elliott a peur que son père les abandonne. D’ailleurs, il y a cette scène remarquable dans le garage, où le garçon et son frère parlent de leur père comme s’il n’était plus vivant.
Et là où le réalisateur fait mouche, c’est qu’il parvient à utiliser toute l’innocence, toute la naïveté, mais surtout toute la détresse de ses personnages pour les faits faire devenir solidaire et montrer à quel point des enfants et des adolescents ont plus d’humanité qu’une horde de savants, attirés par la soif de pouvoir étudier un être venu d’ailleurs. Spielberg, ne signe pourtant pas une œuvre simpliste ou ennuyeuse, loin de là, il va, au contraire utiliser tout cela et le rendre à la fois divertissant, amusant et touchant. Car les enfants ne sont pas toujours adroits, il y a également la petite sœur Gertie (Premier rôle de Drew Barrymore (Le Come-Back), qui considère E.T. comme un nouveau compagnon de jeux, mais qui s’y attache tout autant et a bien du mal à tenir sa langue, ou encore le grand-frère, un peu protecteur, qui va soutenir son frère dans l’aide qu’il doit apporter à la créature. Et puis bien-sûr le duo Elliott/E.T. qui fonctionne parce qu’il est semblable et c’est d’ailleurs, l’une des raisons pour laquelle, le fait que le duo partage les sensations fonctionne durant tout le film jusqu’à ce final déchirant où nous avons envie que E.T. reste encore un peu pour nous sortir de notre vie d’adulte étriquée et en manque d’innocence.
Et puis pour finir, il y a la direction d’acteur qui a évidemment fonctionné. Spielberg le dit lui-même, ainsi que les acteurs, le réalisateur se mêlait aux enfants et partageait les mêmes passions, ce qui a rendu plus facile le tournage et la direction de jeu. Du coup, le jeune Henry Thomas (Gangs of New-york », est vibrant de justesse et de précision. On le voit d’ailleurs dans les bonus lors de ses essais, il sait comme rarement à cet âge trouver l’émotion juste pour toucher le spectateur. Et cela fonctionne très bien, nous avons été nombreux à nous identifier à lui et à l’envier de son expérience avec E.T..A la fois juste et précis dans ses gestes et dans son jeu, il parvient à faire preuve d’une certaine maturité et capte l’attention du spectateur sans jamais se laisser aller à la facilité.
Mais heureusement, cette édition 40ème anniversaire, a su balayer les modifications incompréhensibles que le réalisateur avait fait dans son édition 20ème anniversaire, sortie en 2002, dans laquelle il avait rajouté des scènes supplémentaires, dont la pénible scène de la salle de bain, ou celle chez le proviseur jouée par Harrison Ford (Indiana Jones), même chose avec les armes des policiers qui avaient été effacées et remplacées numériquement par des talkies-walkies, suite au traumatisme post attentats de 2001. Cette nouvelle édition a rétabli le film d’origine et c’est très bien comme cela.