En 2012, les Rolling Stones embarquent pour 30 dates à travers l’Amérique du Nord et l’Europe pour fêter leurs 50 ans de carrière avec la tournée « 50 & Counting ». Le 15 décembre 2012, ils jouent au New Jersey’s Prudential Centre à Newark et sont rejoints sur scène par un incroyable line-up d’invités dont The Black Keys, Gary Clark Jr, Lady Gaga, John Mayer, Bruce Springsteen & Mick Taylor. Ce concert reste pour tous comme l’un des shows les plus mémorables de l’histoire du groupe. Il n’avait été diffusé à l’époque qu’en « pay per view » sur le câble, le satellite et internet. Le concert est aujourd’hui remonté, remixé et paraît pour la première fois sur une multitude de formats vidéo et audio, y compris en Dolby Atmos.
Alors voilà, les concerts des Rolling Stones se ressemblent et parfois non. C’est le cas de ce « Grrr Live » qui offre un certain nombre de surprises mais également un certain nombre de déceptions. A commencer par un groupe qui semble avoir bien du mal à communiquer sur scène et à s’entendre sr la façon dont ils veulent achever certains morceaux. Est-ce la pression de cette diffusion en direct sur la câble via le système « Pay Per View », ou celle de ce dernier concert, ou encore une grosse fatigue après 30 dates d’une tournée à travers le monde ? Toujours est-il que Ronnie Wood, est comme à l’habitude parfois un peu trop loin dans son interprétation et manque de se coller aux autres pour achever les morceaux. Du coup certains comme « Sympathy for the Devil » manque de mouvement d’appel pour annoncer la fin du morceau au public et tombe à plat comme si le groupe n’en n’était qu’à ses débuts.
Keith Richards nous ressert son épuisant jeu d’acteur touché par l’ovation du public au moment de sa présentation, lui qui est si timide et laisse le moment s’étirer pour ensuite commencer à chanter. Un peu comme Mylène Farmer qui pleurait à chacune de ses chansons tristes. Une fois c’est de l’émotion, deux fois c’est suspect mais systématiquement c’est carrément grotesque.
Mais après cela il y a l’énergie hallucinante de Mick Jagger, qui, à l’aube de ses 70 ans continue d’assurer le show en se dandinant, en courant et donnant de sa personne pendant tout le concert. Et lorsque les invités arrivent, le groupe prend soudainement de l’ampleur. A commencer par Lady Gaga qui électrise littéralement le morceaux « Gimme Shelter » avec une énergie folle. Les amateurs de blues vont se laisser surprendre par l’énergie communicative de « I’m Going Down » avec deux guitaristes de génie : John Mayer et Larru Clark Jr.). Même chose avec The Black Keys qui viennent donner de leur jeunesse dans « Who do You Love » particulièrement puissant avec une dualité de maitrise entre les stones et les deux amis d’Akron dans l’Ohio. Les plus fans du groupe seront ravis de voir rejoindre sur scène Mick Taylor venir jouer « Midnight Rambler », guitariste remplaçant Brian Jones au sein des Rolling Stones de 1969 à 1974, avant d’être remplacé par Ronnie Wood, Et puis, gardant toujours le meilleur pour la fin, le Boss en personne, Bruce Springsteen débarque sur scène pour se lancer, avec le groupe dans un « Tumbling Dice », jamais aussi rock que là.
Si le groupe manque un bon nombre de ses fins de morceaux, l’alchimie avec le public continue de fonctionner et les papys du rock ont encore beaucoup à transmettre à la nouvelle génération qui a bien du mal à se voir à cet âge-là donner autant d’énergie dans des concertes de plus de deux heures et demi. Alors, même s’ils n’étaient pas totalement au meilleur de leur art, une chose est sûre, les Stones électrise comme personne une audience et les invités ne sont là que pour confirmer cette énergie et cette place si particulière qu’occupe le groupe dans l’univers de la scène musicale internationale.