Hudson Hawk, le plus célèbre cambrioleur du moment, a décidé de prendre sa retraite après dix ans passés derrière les barreaux. Mais son meilleur ami est pris en otage par d'affreux jojos et il doit, pour le sortir de là, dérober trois objets réalisés par Leonard de Vinci.
Nous sommes en 1991, Bruce Willis a déjà une belle carrière derrière lui et a explosé les compteurs avec « Piège de Cristal (Die Hard I) » en 1988 et « 58 Minutes pour vivre (Die Hard II) » (1990) et devient le nouveau héros de l’Amérique à travers le monde, loin devant Stallone et Schwarzenegger qui tentent maladroitement de s’accrocher à leur couronne. Bruce Willis a su créer un personnage sobre et facilement identifiable à monsieur tout le monde, avec ses problèmes, sa normalité qui va se confronter à un danger exacerbant son instinct de survie. L’acteur ose ce que les deux autres n’ont pas voulu montrer : La sensibilité. Du coup ses scores font frissonner le box-office et donnent des rêves aux producteurs du genre qui y voient là l’occasion de remplir le tiroir-caisse à moindre frais, avec une recette qui va se répéter pendant un bon moment, jusqu’à un break où le comédien va rencontrer des réalisateurs plus intéressants et avec beaucoup plus de finesse comme Quentin Tarantino (Pulp Fiction (1994)) ou encore M. Night Shyamalan (Sixième sens (1999)), sans parler bien sûr de Besson et de son « Cinquième élément » en 1997 ou encore Terry Gilian et « L’Armée des 12 singes » en 1995. Point commun de toutes ces productions, un Bruce Willis au bord de la dépression, assommé de problèmes se révélant un héros hors norme. Il serait donc injuste de ne cantonner ce comédien aux simples films d’actions, même si depuis les années 2000, Bruce Willis s’enferma définitivement dans ces productions bas de gamme aux scénarii et à la réalisation assez mal ficelés.
Et ce « Hudson Hawk » Pourrait être l’un des ces films que l’acteur a voulu, comme une chose différente sa carrière, une sorte de parenthèse loufoque dans laquelle Willis, pousse un peu plus encore son goût pour la comédie, pour l’humour et tout en cultivant son éternel personnage de Monsieur Normal qui veut qu’on lui fiche la paix, se retrouve toujours au cœur d’une intrigue avec des méchants à ses trousses. Et ce « Hudson Hawk »va complètement dans ce sens, avec des personnages de méchants complètement déglingués, nous ne sommes pas loin pour certains des frères Marx, pour d’autres dans l’excès de burlesque, notamment le couple Mayflower qui nous fait souvent vriller les tympans. Et Bruce Willis et son collègue Danny Aiello (Léon) qui campe ici son meilleur ami Tommy, vont s’amuser de cela et livrer une prestation, dans laquelle les deux comédiens vont radicalement rendre communicative leur complicité et leur joie de jouer dans un film aussi décalé celui-là. Pourtant la sauce ne prend pas ? Pourquoi me direz-vous ?
Et bien peut-être à cause, dans un premier temps, d’une mise en scène sans éclats presque hystérique qui semble vouloir beaucoup s’amuser mais ne sait plus trop dans quelle direction aller. Les scènes s’enchainent dans une sorte de folie et sur un rythme quasi stroboscopique, avec des personnages secondaires qui n’arrivent pas à sortir de leur carcan burlesque et finissent par épuiser plus qu’à nous amuser. Nous en revenons toujours au couple Mayflower, joué par Sandra Bernhard (Pose) et Richard E. Grant (Logan) qui finit par devenir irritant et complètement hors sujet. Le réalisateur se laisse complètement cannibaliser par des personnages qu’il a voulu entre cartoon et hommage aux héros du muets ou de la comédie burlesque dans son ensemble comme les Marx brothers ou les 3 Stooges. Michael Lehman (True Blood) n’arrive jamais à totalement garder un cap à son film dont le scénario est en grande partie responsable également de ce désastre.
Car, bien sûr, le scénario n’est pas étranger à au chavirage du bateau, notamment parce qu’il met trop d’éléments dans son intrigue et cherche absolument a se rapprocher d’un style cartoonesque comme : « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? » par exemple. Seulement, pour cela il faut une histoire qui tienne la route, des personnages qui gagnent en profondeur et puissent venir en complément des dérives des autres ou des excès des méchants. Rien de tout cela dans « Hudson Hawk » qui se retrouve être un nouvel échec dans la carrière qui saura, heureusement, nous le savons bien, rebondir avec des projets plus construits et plus qualitatifs.