Dans le Londres de l’après-guerre, Ada Harris gagne sa vie en faisant des ménages. Si elle mène une vie très solitaire depuis le décès de son mari Eddie, porté disparu au combat. Ada n’est pourtant pas du style à se plaindre, ni même s’appesantir sur son sort, et pourtant, elle qui se croyait les pieds bien ancrés dans la réalité, est tout à coup submergée par une vague de rêve et d’émerveillement quand elle découvre une magnifique robe signée DIOR, nonchalamment accrochée dans la chambre d’une de ses riches clientes. Elle se surprend alors à penser qu’une si belle œuvre d’art, si pure, si éthérée ne peut que changer la vie de quiconque la possède.
Adapter le roman de Paul Gallico « Mrs Harris Goes To Paris », publié en 1958 et Premier de quatre romans dédiés à cette femme de ménage déterminée, gentille et consciencieuse, était forcément une gageure, à laquelle se sont attelé, le réalisateur Anthony Fabian (Skin), Carroll Cartwright (Donjons & Dragons), Olivia Hetreed (Altamira) et Keith Thompson (Les Saphirs). L’équipe a souhaité s’approprier l’histoire et la rendre plus lisible pour les spectateurs. Un parti pris risqué lorsque l’on sait le besoin que ces derniers ont besoin de se retrouver et de plonger dans l’univers qu’ils ont eux-mêmes imaginé au fil des lectures des pages du roman. Cette œuvre simple et très « Feel Good » se devait, donc, de trouver une œuvre qui puisse mélanger subtilement tous ces ingrédients pour nous séduire et embarquer également les néophytes.
Au final, « Une robe pour Mrs Harris » est une belle surprise. Certes imparfaite mais totalement raccord avec le roman, notamment grâce à un univers respecté et des environnements soignés qui, étonnamment furent tournés entre Londres et Budapest pour reconstruire un Paris des années 50, avec ses rues entre charme délicats du 16ème et peinture de cartes postales ou caricatural. Bourré de charme, cette histoire simple, dans laquelle une femme de ménage, veuve de guerre, tente de matérialiser l’absence de son époux, par une robe dont elle se persuade qu’elle la preuve de la bienveillance de son mari défunt. Dans un style très théâtral, particulièrement lorsqu’il s’agit des personnages Français, le film sort de l’ordinaire en, utilisant des ficelles assez souvent utilisées pour donner une couleur positive à l’aventure que va vivre l’héroïne. On pense même à un film tourné dans les années 50, dans les grandes heures de la MGM, tant le style y apparaît marqué.
Si la mise en scène ne peut éviter certaines longueurs ou certaines facilités scénaristiques qui vont parfois dans le trop plein de bons sentiments, le résultat reste, tout de même à la hauteur de l’attente et parvient à nous faire sourire et surtout à nous faire garder ce sourire, longtemps encore après la projection. Une réussite que l’on doit notamment à l’actrice principale Lesley Manville (Maléfique) qui apporte une certaine fraicheur et une véritable profondeur à son personnage pour jouer sur toutes les nuances sans pour autant sombrer dans la caricature. Et la distribution n’est pas en reste puisque Lambert Wilson (Des Hommes et des Dieux) et Isabelle Huppert (La Pianiste) pour ne citer qu’eux, apportent chacun, un style très français qui colle parfaitement à l’image d’Epinal voulue par le réalisateur mais également par l’auteur.
« Une Robe pour Mrs Harris » n’est pas une comédie parfaite, mais une œuvre à la fois simple et complexe qui a su trouver les bonnes ficelles pour donner un sens à cette histoire à la fois simple et complexe où rivalisent les clichés sur ce Paris des années 50 et une image d’Epinal que la capitale exporte à l’étranger. Un film agréable à regarder qui fait un bien fou.