Maren part à la recherche de sa mère et rencontre Lee, un adolescent à la dérive qui va l’embarquer dans un road trip enflammé sur les routes de l’Amérique profonde. Leur amour naissant sera-t-il suffisamment fort pour résister à leurs démons, leur passé et le regard d’une société qui les considère comme des monstres ?
Difficile de se maintenir au sommet lorsque l’on a connu l’unanimité Critique et Public avec un film simple et pourtant profond tel que ce fut le cas pour Luca Guardanino et son « Call me By Your Name » qui fit naitre une star : Timothée Chalamet (Dune). Et après s’être lancé dans le remake d’un film de Dario Argento : « Suspiria » en 2018 et un documentaire sur Savatore Ferragamo en 2020, le réalisateur continue d’explorer la recherche d’identité propre dans un moment de l’existence où les sentiments se lancent dans une violente guerre fratricide. Le passage de l’adolescence çà ‘âge adule est l’un des compliqué de la vie d’un être humain et le réalisateur avait su prouver sa capacité à les mettre en lumière dans « Call me by your name » ainsi que, dans une certaine autre mesure, dans « We Are Who We Are ». Mais cette fois-ci le réalisateur s’installe sur le fil d’un rasoir en étant à al fois dans sa zone de confort : L’Exploration des sentiments et le film de genre.
Mais voilà si dans l’esprit du réalisateur la parti pris est acquit, pour le spectateur, cela reste une autre paire de manche. Car, ce qui ne fonctionne que très peu dans le film c’est l’empathie que nous pourrions avoir pour les personnages, prisonniers de ce fait naturel qui consiste, pour eux en tout cas, à devoir manger des humains pour assumer leur pulsion incontrôlable. Et par une mise en scène très crue et parfois très subjective, le réalisateur ne parvient totalement à atteindre son but. Certes nous ressentons une certaine tristesse lorsque les deux jeunes héros finissent par parler de leur passé, de cette blessure d’être différent et de trouver sa place dans une société qui vous considère comme un paria. Et il faut attendre la toute fin du film, pour découvrir cette intention louable de Luca Guadagino, mais après plus de deux heures de film, la succession de rencontre sous formes de « Redneck », hommage à « Délivrance » (1972) de John Boorman, autant dire que c’est un peu long et qu’il faut rester attentif pour ne pas sombrer dans un ennui quasi léthargique.
En revanche on peut saluer, presque comme une habitude, la prestation de Timothée Chalamet (Dune) qui continue de parfaire son parcours de personnages tous plus différents les uns que les autres, torturés, marginaux ou jeune prince, tout lui va et l’acteur semble se fondre dans ses personnages avec une facilité désarmante. Mais cette fois-ci, ce n’est pas seulement l’acteur qui capte notre attention, c’est également Taylor Russell que l’on a pu découvrir dans la série Netflix : « Perdu dans l’espace » qui porte littéralement le film sur ses épaules, puisqu’elle endosse son personnage autour de qui vont graviter les différents personnages, cannibales ou non. L’actrice est précise et sait des faire innocente tout autant qu’inquiétante.
« Bones and All » est une nouvelle incursion du réalisateur dans l’exploration des sentiments, ici chez les parias, et la manière dont ils peuvent souffrir de cette condition. Mais voilà, par un parti pris visuel et une mise en scène qui ne sembla pas se décider de quel côté du genre il va pencher, le réalisateur provoque l’ennui et ne parvient que dans les quelques minutes avant la fin du film à nous toucher. Dommage, espérons que son remake de « Scarface » sera plus inspiré.