Le Royaume
The Kingdom
Sortie:
31/10/2007
Pays:
Etats-Unis
Genre:
Durée:
1h50 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Royaume

par: Arnaud Weil-Lancry



Le Royaume débarque là où on ne l’attendait pas et se révèle être une excellente surprise. Par Peter Berg, le réalisateur de Very Bad Things.

L’histoire
En Arabie Saoudite, un attentat parmi les plus meurtriers de ces dernières années fait plus d’une centaine de morts. L’agent Fleury débarque officieusement sur place afin d’enquêter…

La critique

Se fracasser contrer un mur…
En voilà un sujet casse-gueule que ce Royaume, thriller politico-guerrier réalisé par Peter Berg, réalisateur américain hétéroclite habitué à un cinéma plus léger. En effet, Very Bad Things et Bienvenue dans la jungle ne sont absolument pas des modèles d’accomplissement, malgré leur couleur divertissante marquée. Si l’on attendait Peter Berg, c’était plutôt aux commandes de The Mission, le remake du polar de Johnnie To… Et voilà que ce réalisateur débarque au volant du Royaume, polar ultra violent, radical et partisan jusqu’au coude… Un film qui empeste le débat jusqu’au bout des ongles, un film difficile à critiquer, difficile à regarder et dont l’accouchement n’a vraisemblablement pas été dans la facilité : Il aborde avec douleur des évènements récents archi frais (le terrorisme post 11 septembre 2001) et logiquement sans impartialité, tout en les teintant d’authenticité. Enfin, le Golfe a déjà été le témoin d’un certains nombre d’autres longs-métrages depuis quelques années : Les Rois du Désert, Jarhead, Syriana.






L’émotion à vif…
Une multitude de personnes meurt dans des attentats en Arabie Saoudite, dont un agent du FBI. Ses collègues débarquent dans les 24 heures afin de débusquer les coupables, quoi qu’il en coûte… C’est Jamie Foxx qui est à la tête de cette petite escouade qui s’octroie la délicate mission officieuse de résoudre cette affaire en cinq jours. Bien sûr, les clichés surviennent rapidement : la confrontation USA/Orient, le choc des cultures, et la confrontation du modernisme et des traditions. Les hommes se heurtent, les langues se délient, les tempéraments s’adaptent… Les soldats Saoudiens et les agents Américains s’avèrent moins immuables qu’espéré et finalement, tous finissent par faire front commun contre les terroristes (sic). Le scénario est ficelé de manière logique et inévitable, et le spectateur ne se fait nullement de nœud au cerveau comme ce fut le cas pour Syriana. Et contre toute attente, Peter Berg livre un film absolument parfait sur un plan technique : chaque plan est réglé au millimètre, la photo est magnifiquement chiadée, les scènes d’action (même la longue confrontation finale, un modèle de réalisation) parfaitement lisibles. Les acteurs, eux, sont irréprochables et même Jamie Foxx livre une prestation splendide, infiniment plus mesurée qu’à son accoutumée. Jennifer Garner, Chris Cooper, et Ashraf Barhom font de merveilleux rôles secondaires. Bref, presque tout est parfait dans ce petit monde, du générique de début, jusqu’à certaines répliques miroirs (à vous de les trouver) criantes d’authenticité. Avouons le tout net, la réalisation de Peter Berg coupe le souffle, qu’il s’agisse de maintenir le spectateur en haleine pendant cent dix minutes ou de mettre en lumière les émotions des acteurs que sa caméra magnifie…






Un film borderline…
Non… Toute la complexité du Royaume est ailleurs, celle d’un scénario partisan et absolument pas objectif, qui vise à une condamnation rapide, unilatérale et sans appel. Tout, dans ce film, fait l’apologie d’une solution directe quasi finale. Les réactions sont tellement extrêmes et tellement indéfendables que le parti pris de Peter Perg dérange et fascine. Cette réaction fatale, véritable Kill them all (tuez les tous), résonne de part et d’autre des camps, et ce, aussi bien du côté des terroristes que du côté des soldats supposés incarner la justice, ici si expéditive qu’elle n’aurait nullement été rejetée par un Punisher, version Garth Ennis et Steve Dillon. Mais malgré la légitimité d’une auto défense indiscutable, le radicalisme de la réaction émeut au plus haut point et on finit par réellement se demander si la solution présentée est la bonne. Quand les balles ont sifflé au point de vous bousiller les oreilles et que les images vous ont foutu les larmes aux yeux, on reste complètement désemparé face à un tel déferlement de violence qui pose simplement à plat un authentique problème de survie… Alors la caméra se fige sur les yeux haineux (caricaturaux ?) d’un enfant qui laisse présager toute la haine à venir, mais surtout un grand cinéaste qui vient de surgir…
 
Verdict : 7,5 /10

Un pari bien risqué que ce Kingdom, un film qui ne laissera personne indifférent, c’est sûr… Mais qui fera apparaître un grand réalisateur, c’est certain…
Site officiel : Le Royaume