A la croisée des mondes : la boussole d’or
The Golden compass
Sortie:
05/12/2007
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h55 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

A la croisée des mondes : la boussole d’or

par: Sebastien Keromen

Le succès récent des films d’Heroic Fantasy a enfin permis de monter de nombreux projets trop chers sans la promesse d’un succès. La croisée des mondes est de ceux-là, mais est également plus, adapté d’un livre pas tellement pour enfant, remettant en cause la puissance de l’Eglise

A la croisée des mondes : la boussole d’or
Titre original : The Golden compass
USA, 2007
Réalisateur
 : Chris Weitz
Acteurs : Dakota Blue Richards, Nicole Kidman, Daniel Craig, Sam Elliott, Eva Green, Christopher Lee, Derek Jacobi, et les voix de Ian McKellen, Kristin Scott Thomas, Kathy Bates
Musique de : Alexandre Desplat
Adapté du livre de Philip Pullman
Durée : 1h55

L’histoire
Lyra est une orpheline, élevée dans une Université. Un jour où son oncle lui rend visite, elle surprend et empêche une tentative d’empoisonnement. C’est le premier événement vers une aventure extraordinaire pour elle et son daemon.




La critique

On ne remerciera jamais assez le Seigneur des Anneaux et Harry Potter d’avoir montré aux studios que les films d’heroic fantasy pouvaient être rentables, et à Narnia de l’avoir confirmé. Maintenant, remercierons-nous pour la Boussole d’or ? Eh bien oui, tout plein oui. Même s’il n’est pas parfait, la Boussole d’or introduit un certain nombre d’éléments aussi originaux que réussis, à commencer par cette histoire de daemons, des âmes qui vivent sous forme animale à côté de leur humain, et qui ne conservent une forme animale fixe qu’après l’enfance. Sans ajouter vraiment de dimension psychologique à l’histoire (il y avait même sans doute de quoi faire du freudien avec ça), ça donne un cachet au film, où chaque humain est accompagné d’un animal. L’histoire, si elle traduit une nouvelle fois un passage à l’âge adulte d’une gamine plus débrouillarde que la moyenne (y compris la moyenne de gamines débrouillardes dans les films), se teinte aussi d’une critique de la mainmise du pouvoir, religieux, dans l’esprit de l’auteur du livre, si je suis bien renseigné, et qui peut s’appliquer à la politique de nos jours. Ça ne va pas très loin, mais ça s’éloigne un peu du consensuel, on va pas se plaindre.
Mais revenons donc à nos aventures. Parce que, message ou pas message, engagé ou pas engagé, ce qui nous importe en premier lieu, c’est de passer un bon moment. Et nous le passerons, les scènes s’enchaînant sans temps mort, alignant poursuites et explications complètes et presque complexes. Car c’est un des principaux défauts du film : le syndrome Harry Potter. Je m’explique. Cette fois-ci (contrairement aux Harry Potter), je n’ai pas lu le livre et ne peux donc pas être catégorique, mais on sent très fortement les coupures et nécessités d’enchaîner les scènes qui font avancer l’action, tout bêtement parce que le film n’est pas assez long. Si vous vous souvenez du début de Harry Potter et la coupe de feu (le quatrième), c’est exactement ça. Pas de temps pour des événements sans conséquence, juste pour l’ambiance. Ça nous garantit un film dense, mais aussi un petit manque de prendre son temps pour installer un personnage, un lieu…




Heureusement, le film est bien aidé par une réalisation sans faille, s’appuyant principalement sur les acteurs et les effets spéciaux. Côté acteurs, outre la petite nouvelle, du nom de Dakota Blue Richards, qui s’en sort pas mal (à l’exception d’une voix stressante et d’une tête un peu à claques), on trouve Nicole Kidman, Sam Elliott, Daniel Craig, Eva Green, Derek Jacobi, et même Christopher Lee (qu’on voit au ciné autant que Sarkozy à la télé, ma parole). Et si vous ajoutez les voix des daemons, vous avez aussi Freddy Highmore (Neverland, Charlie et la chocolaterie, Arthur et les Minimoys), Kristin Scott Thomas, Kathy Bates, et encore Ian McKellen pour la voix de l’ours polaire. Excusez du peu. Même si le film n’est pas un film à grand rôle, chacun nous livre une belle performance. Quant aux effets spéciaux, ça va devenir de plus en plus commun de les qualifier de parfaits. Vous auriez cru, vous, qu’un ours blanc en images de synthèse qui parle, revêt une armure et se bat, c’était crédible ? Ben ça l’est, on ne doute pas un seul instant. Les daemons à plumes ou à poils, même si parfois ils font un peu image de synthèse, sont parfaits (de toute façon, ce sont des matérialisations de l’âme, donc rien de choquant s’ils ont l’air un peu surnaturels).




En résumé, le film assure son quota d’acteurs, effets spéciaux, action, histoire, retournements, bonnes idées. Et à part son rythme trop soutenu, ne présente qu’un défaut : le syndrome Seigneur des anneaux (oui, deux syndromes ça fait beaucoup pour un seul film) : être le premier volet d’une trilogie. Et le film s’arrête donc, non pas vraiment au milieu d’une scène, mais avec une promesse d’histoire restante assez importante. On reste donc en rade de la suite, va falloir attendre. A moins d’acheter le bouquin, ce que je vais sans doute faire sans délai. Voilà déjà un effet positif du film.

A voir : pour démarrer une trilogie, si attendre les autres volets ne vous fait pas peur
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, un univers original et riche à découvrir

Sébastien Keromen