Le Discours d'un Roi
The King's Speech
Sortie:
02/02/2011
Pays:
Grande Bre
Genre:
Durée:
118 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Discours d'un Roi

par: Emmanuel Galais



L’histoire vraie et méconnue du père de l’actuelle reine Elisabeth II. Celui-ci va devenir, contré et forcé, le roi Georges VI, suite à l’abdication de son frère Edouard VII. D’apparence fragile, incapable de s’exprimer en public, et jugés par certains comme inapte à la fonction suprême, George VI affrontera son handicap grâce au soutient indéfectible de sa femme et surmontera ses peurs avec l’aide d’un thérapeute aux méthodes peu conventionnelles. Sa voix retrouvée, il réussira à convaincre le peuple anglais de déclarer la guerre à Hitler.

Avec un tel titre, on ne s’attend pas forcément à un film réjouissant et rythmé, mais plutôt à l’une de ces œuvres pompeuses où la narration se veut académique et le jeu des acteurs des plus classiques. Pourtant, il n’en n’est rien, bien au contraire, le film de Tom Hooper (East of Eden) entraine le spectateur dans une aventure humaine hors du commun, avec un sens du rythme et de la narration que l’on ne trouve que dans les grands films. Tout d’abord grâce à la finesse du scénario de David Seidler (Tucker) qui ne veut pas s’arrêter à une simple peinture de la monarchie anglaise, mais tend à dépeindre le combat d’un homme face au handicap, qui reste la source de toute ses souffrances et humiliations. Le scénariste dépeint avec beaucoup de justesse et de pudeur le destin pesant de celui qui devra amener son pays à lutter contre l’invasion de l’Allemagne, et de la détermination de son épouse qui tentera par tous les moyens de l’aider à faire face au handicap.

Le réalisateur se reposant sur cette base solide, parvient à donner un film rythmé et passionnant, où le spectateur se retrouve au cœur d’un combat humain rendu hors du commun par le poids de la fonction. De la même manière que le fit Stephen Frears avec « The Queen », Tom Hooper livre une œuvre intelligente et pudique à la maitrise totale, préférant  cibler l’homme avant de faire rayonner le monarque. Le réalisateur ne se limite pas à donner une œuvre austère, bourrée d’émotion, il souhaite captiver son public et n’hésite pas la carte de l’humour anglais avec ses bons mots, ses constances et ses prestances.  Pour cela il s’appuie sur un trio d’acteurs profondément convaincant, dont le seul charisme suffit à rendre le film captivant, à commencer par Geoffrey Rush (Pirates des Caraïbes) dont la prestation est tout bonnement mémorable. Rarement acteur ne fut aussi inspiré dans sa composition, Rush se veut cabot, et fort d’un personnage décidé à bousculer le protocole pour arriver à son but. Face à lui, on trouve Colin Firth (The single man) saisissant, faisant une entrée fulgurante dans la cours des grands en interprétant avec beaucoup de justesse et une  parfaite maitrise, ce futur souverain handicapé par sa diction et dont les blessures ne cessent d’apparaitre. Pour finir, il y a Helena Bonham-Carter (Mme Burton dans la vie) qui joue une épouse enfermée dans le protocole, mais qui n’hésite pas à transgresser non sans malice les règles pour aider son époux. L'actrice donne une composition sobre et forte de ce personnage que l'on croit aisément, un brin révoltée.

En conclusion, « Le discours d’un roi » est certainement le meilleur film de ce début d’année, tout au moins le plus intelligemment réalisé et magnifiquement interprété. Un véritable choc à découvrir.