Tron l’héritage
Tron legacy
Sortie:
09/02/2011
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h05 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Tron l’héritage

par: Sebastien Keromen

Tron est sorti en 1982. Film OVNI et boudé par le public, il a depuis atteint le statut de film culte, et les courses de light cycles et autres combats de disques ont intégré la culture geek. Comment succéder à un film pareil ?

Tron l’héritage
Titre original : Tron legacy
USA, 2010
Réalisateur
 : Joseph Kosinski
Acteurs : Jeff Bridges, Garrett Hedlund, Olivia Wilde, Michael Sheen
Musique de : Daft Punk
Durée : 2h05

L’histoire
Sam Flynn est le fils de Kevin Flynn, créateur d’un monde virtuel dépassant les rêves les plus fous. À la recherche de son père, il se retrouve projeté dans la Grille, ce monde virtuel peuplé de programmes, et où son père pourrait bien être retenu.




La critique

Tron est un film à ne pas recommander à tout le monde. Vu les conditions qu’il faut pour l’apprécier, il vaut mieux même sans doute ne le recommander à personne. Et pourtant, si vous passez outre toutes les réticences qui peuvent faire de la séance une expérience au mieux ennuyeuse et au pire insupportable, vous pourriez bien tomber complètement sous le charme du film. Il y a déjà un premier test facile pour savoir si le film a une chance de vous plaire : le premier Tron. Car sans en être à proprement parler une redite, Tron l’héritage reprend fortement les thèmes et le rythme du premier, et si vous aviez failli périr d’ennui quand vous l’avez vu, pas la peine de venir ici. Si c’est votre premier Tron, il vous faut savoir que vous devrez ne pas être heurté par un rythme généralement anémique et bavard, avec quelques éclairs d’action vite oubliés. Vous devrez aussi ne pas être rebuté par une espèce de techno-philo-religion fumeuse avec des créateurs, des programmes, et des ISOs dont on n’a toujours pas vraiment compris ce que c’était à la fin du film. Vous devrez accepter l’absence quasi-totale d’humour, de second degré et de distanciation, tout ici est profond et sérieux et lourd de conséquences. Et enfin vous devrez vous laisser porter par le film sans chercher à comprendre exactement qui est qui et qui fait quoi pourquoi et c’est quoi ces motos et ces avions qui apparaissent de nulle part et pourquoi les programmes ont-ils apparence humaine avec un disque dans le dos. Voilà pour toutes les précautions d’emploi.




Mais si vous pensez pouvoir vous accommoder de tout cela, Tron l’héritage est une aventure à tenter absolument. Parce qu’elle renferme tellement de choses, d’idées, d’images. Bien sûr, si vous avez déjà vu le premier, la surprise sera un peu passée. Mais comment se plaindre de voir réapparaître les light cycles et les combats de disques, puisqu’on aurait hurlé à la mort s’il n’y en avait pas eu ? Et puis le film a d’autres arguments pour se distinguer de son aîné, à commencer par une ambiance et un visuel assez uniques, beaucoup plus dépouillés et moins tape-à-l’œil que le premier, mais aussi classe. Chaque image et chaque objet est composé de formes et de lumières pour dessiner un ensemble aussi technique qu’artistique, aussi beau qu’intriguant, un esthétisme de tous les instants et de toute réussite. On n’oubliera pas les effets spéciaux, bien sûr. Si les véhicules et autres bâtiments en images de synthèse sont, sans surprise, très réussis (mais aussi d’un design impressionnant), on a également droit à un Jeff Bridges jeune entièrement numérique qui, s’il reste encore perfectible (on voit que c’est une image de synthèse), est tout de même extrêmement impressionnant, et ouvre la voie vers peut-être la seule chose encore pas tout à fait parfaite en imagerie de synthèse : des comédiens entièrement virtuels.




Et côté comédiens réels, on est bien servi, avec un jeune héros bien loin des têtes à claques habituelles et auquel on s’attache rapidement. Et pendant qu’on parle acteurs, mention spéciale à Michael Sheen en programme complètement survolté et barré, un grand numéro. Ensuite un petit mot sur la 3D, qui ne concerne pas le monde réel mais uniquement le monde virtuel (à la base ça paraît une bonne idée, mais finalement ça n’apporte pas grand-chose et on aurait préféré que tout soit en 3D), et qui est assez réussie même si on aurait espéré plus de vertiges et de profondeur. Mais comme c’est un film d’ambiance, la 3D y participe indéniablement (sans être totalement indispensable). Et pour finir avec l’ambiance, n’oublions pas l’excellente musique des Daft Punk (qui font une apparition clin d’œil dans le film), généreuse et inventive, et parfaitement en adéquation avec ce monde numérique tentaculaire.




Alors prenez le film comme une ambiance graphique unique, comme une espèce de méditation new-age et hi-tech, comme un film de SF ou d’univers parallèle, comme une quête initiatique ou un long voyage, mais embarquez pour un film qui ne ressemble vraiment à aucun autre (à part à son grand frère). Tant mieux diront certains, peut-être encore traumatisés. Mais vous pourriez aussi adorer cet univers…

A voir : avec plaisir, si vous pouvez passer outre toutes les contre-indications
Le score presque objectif : 8,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3 pour certains qui vivront un film unique, -1 pour d’autres qui passeront les 2 heures les plus longues de leur vie, reste à savoir à quelle catégorie vous appartenez…

Sébastien Keromen