Le Chat du rabbin
Sortie:
01/06/2011
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h40 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Chat du rabbin

par: Sebastien Keromen

Joann Sfar a déjà réussi plusieurs coups de maître, en BD d’abord, et aussi au cinéma avec Gainsbourg (vie héroïque). Projet encore plus personnel car adapté de sa BD, Le Chat du rabbin était un pari audacieux. Et heureusement gagné, avec talent.

Le Chat du rabbin
France, 2011
Réalisateur
 : Joann Sfar & Antoine Delesvaux
Voix : François Morel, Maurice Bénichou, Hafsia Herzi, François Damiens, Mathieu Amalric, Jean-Pierre Kalfon, Fellag
Adapté de la bande dessiné de Joann Sfar
Durée : 1h40

L’histoire
Le chat du rabbin est très bavard. Il dit des mensonges, raconte des vérités, et veut apprendre le judaïsme pour faire sa bar-mitsva. Tout ça pour plaire à sa maîtresse, la jolie Zlabya. Mais une dictée, un russe, le Malka des lions, Jérusalem, un cheik, un reporter belge, un café qui ne sert ni les juifs ni les arabes, un âne qui chante faux, et tant d’autres trucs, vont pimenter cette histoire qui déjà n’en avait pas besoin




La critique

Un dessinateur qui adapte lui-même sa propre BD au cinéma, en 3D, et à partir d’une BD très originale, ça ne pouvait donner qu’un film comme on n’en a jamais vu. Et c’est bien le cas. Pour les amateurs de la BD, l’esprit est bien là, les dialogues aussi (certaines scènes sont reprises à l’identique), mais le tout avec un vrai sens cinématographique, et un dessin plus « animé » que la BD (qui était beaucoup plus « crayonné »). L’ensemble est donc finalement le juste équilibre entre un style de dessin animé et le style de la BD, et c’était pas gagné, heureusement que Joann Sfar a veillé au grain. La 3D apporte un effet de profondeur et de « maquette en papier » qui sert bien le ton et l’univers du film, sans être toutefois indispensable. L’ambiance reprend complètement celle de la BD, mixant la spiritualité, la religion, l’introspection, les rapports entre Juifs et Arabes, l’Algérie des années 20, l’amour, les chats, l’identité, la tradition… Le tout sans prise de tête et avec un recul et un bon sens appréciables, sans oublier un humour indéniable. Et avec une belle musique typique et joyeuse.




Côté histoire, c’est pour la majeure partie une reprise des BD, avec quelques modifications, tant en plus qu’en moins, mais cela reste très fidèle. Peut-être un peu trop même car on peine à voir se détacher une histoire générale, plus un portrait d’ensemble de cette communauté, avec un fil un peu décousu et plein de trucs dans tous les sens. Et une fin un peu impromptue alors qu’on avait l’impression que tout n’avait pas été dit. Les voix sont pour une fois très réussies (et c’est jamais gagné dans un dessin animé français), avec mention pour François Morel qui arrive à incarner le chat alors qu’on aurait bien eu du mal à imaginer sa voix, et petite réserve sur Hafsia Herzi qui donne un côté trop enfantin (peu aidée en cela par son texte) à Zlabya. Au final, on ne peut qu’aimer ce film qui est à la fois drôle (avec parfois des gros moments de délire comme l’apparition de Tintin), poétique (avec des superbes séquences de rêves), sérieux, intelligent, ouvert, divertissant, dépaysant. A ne pas rater, miaou !

A voir : si vous avez aimé la BD, et même si vous ne l’avez pas lue
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, un bon moment original et intelligent, sans oublier d’être drôle

Sébastien Keromen