Astérix & Obélix : au service de sa majesté

par: Sebastien Keromen

Les aventures d'Astérix, ça peut être chouette. Euh, plutôt, les aventures d'Astérix, ça a été chouette 1 fois sur 3. Des nouvelles aventures d'Astérix, ça peut être chouette. Euh, plutôt, des nouvelles aventures d'Astérix, ça aurait pu être chouette...

Astérix & Obélix : au service de sa majesté
France, 2012
Réalisateur
 : Laurent Tirard
Acteurs : Édouard Baer, Gérard Depardieu, Guillaume Gallienne, Vincent Lacoste, Valérie Lemercier, Fabrice Luchini, Catherine Deneuve, Charlotte le Bon, Bouli Lanners, Dany Boon, Atmen Kélif, Jean Rochefort, Gérard Jugnot,
Musique de : Klaus Badelt
Adapté des BD de Goscinny et Uderzo
Durée : 1h50

L’histoire
César envahit la Bretagne, de l’autre côté de la Manche. La reine, alors que la capitale est assiégée, demande à Jolitorax d’aller chercher de l’aide. Et who you gonna call ? Astérix et Obélix, bien sûr !




La critique

Avant d’entrer dans la salle, l’angoisse qui nous étreint est la peur que cette quatrième aventure d’Astérix soit pire que la précédente, ce qui serait pourtant un exploit. J’ai bien vu ce troisième opus, mais mon cerveau a cru bon de l’effacer de ma mémoire (à part le pitoyable défilé de sportifs cachetonnant dans les dix dernières minutes), et c’est pour ça que j’ai du mal à dire si Au service de sa majesté est pire ou non qu’Astérix aux jeux olympiques. Mais malheureusement, ça doit en tout cas ne pas être loin. Parce qu’en fait, quasiment tout est foiré dans cet Astérix. D’ailleurs, le film commence par le naufrage du bateau pirate, ce qui est très prémonitoire. Principalement, c’est l’ambiance et la reconstitution qui coince. On n’y croit jamais. À force d’essayer de mettre une touche 60s sur Londres et la musique idoine, on se croirait vraiment dans les années 60, et pas dans l’Antiquité. Les décors semblent regorger d’objets modernes, au-delà du simple clin d’œil anachronique. Les costumes sont particulièrement pas terribles et crédibles, on dirait qu’un manque de budget les a obligés à prendre des déguisements de Gaulois et Normands au Leader Price. La musique est également hallucinante de décalage avec les aventures des Gaulois, pas une seconde ça ne ressemble à une « musique d’Astérix ». Comme le générique de début, d’ailleurs, qu’on dirait adapté pour un film des Beatles ou un Austin Powers.




Grosse production et gros objectifs financiers obligent, le film a été tourné en 3D. Et ça ajoute encore à ses problèmes. D’abord, si les effets 3D sont convaincants, ils sont mal maîtrisés, et donnent souvent une profondeur exagérée à la scène. Ensuite, on y retrouve les impressions de transparence ou faux reflet que l’on a sur certains films 3D, mais ici il y en a beaucoup. Enfin, ça donne paradoxalement une impression de film de famille, ce qui fait qu’on y croit encore moins. Sans compter que ça manque de figurants, une grande bataille a l’air de mettre en scène environ 236 soldats, pour la première armée du monde c’est un peu décevant. Si vous croyez que le catalogue des trucs qui font que c’est pas crédible est fini, vous vous trompez. Vous avez lu la BD Astérix en Bretagne ? Vous aviez trouvé que c’était rigolo la façon dont ils faisaient parler les Bretons ? D’accord. Mais vous imaginez ça en vrai dans tout le film ? Oui, ça devient vite insupportable et ridicule.
Mais ce n’est pas tout, parlons du casting. Pas de problème pour Édouard Baer en Astérix, à part peut-être la répétitivité de ses petits monologues introspectifs ridicules. Depardieu en Obélix, pas de souci non plus depuis le second film. OK aussi pour Vincent Lacoste en ado moderne à baffer. Mais pour le reste, ça coince. En Anglais, Guillaume Galienne et Valérie Lemercier en font trop pour être honnêtes, parfois ça va, mais parfois c’est relou. Luchini en César, c’est une erreur de casting complète, car bien sûr on ne voit que Luchini et pas César. Que dire de Jugnot en pirate, de Rochefort dans un rôle aussi furtif que sans intérêt, de Catherine Deneuve qui fait du Deneuve, de Dany Boon qui ne se force pas, et, pire du pire, d’Atmen Kélif sur-surjouant un hindou avec un talent qu’on avait plus vu depuis Michel Leeb ?




Et après ça, on a des aventures molles du genou, avec un humour qui tombe souvent à plat (pourquoi inventer des gags pas drôles quand on n’a même pas repris tous ceux des BD ?). L’histoire des Normands ne s’entremêle pas du tout avec l’histoire principale et tombe comme un cheveu sur la soupe, l’histoire principale ne réserve aucune surprise et avance de façon assez laborieuse, et au final on s’ennuie violemment dès avant le tiers du film… et ça ne s’arrangera pas. On peut aussi déplorer une mise en scène sans inspiration, avec même parfois des erreurs de raccords de montage énormes (toute une scène où Valérie Lemercier a les bras dans le dos quand elle est filmée de devant, et les bras devant quand elle est filmée de dos, hallucinant d’avoir laissé passer ça, et en plus vous pouvez trouver cette scène en ligne : lien). En fait, dans tout ça, il n’y a qu’un seul truc de réussi, c’est l’effet spécial quand quelqu’un boit la potion magique, là il y a de l’idée et la technique suit. Avec il me semble 5 buvages de potion, ça représente environ 29 secondes du film. Restent 1h48m31s qui ne sont qu’ennuyeuses et ratées.

A voir : pour un môme, éventuellement, mais faites-le accompagner par sa mamie sourde plutôt que d’y aller vous-même
Le score presque objectif : 3,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -3, c’est un raté film, n’est-il pas ?

Sébastien Keromen