Le Hobbit : un voyage inattendu
The Hobbit : an unexpected journey
Sortie:
12/12/2012
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h45 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Hobbit : un voyage inattendu

par: Sebastien Keromen



Quand il y en a plus, il y en a encore. Alors que la trilogie du Seigneur des anneaux a été terminée de main de maître par Peter Jackson, ce dernier ne veut pas en rester là et adapte l’histoire qui précède le Seigneur des anneaux. Seul problème : l’histoire du Hobbit est loin de celle du Seigneur. Pour quel résultat ?

Le Hobbit : un voyage inattendu
Titre original : The Hobbit : an unexpected journey
USA, 2012
Réalisateur
 : Peter Jackson
Acteurs : Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage, Ian Holm, Elijah Wood, Hugo Weaving, Cate Blanchett, Christopher Lee, Andy Serkis
Musique de : Howard Shore
Adapté du roman de J.R.R. Tolkien
Durée : 2h45

L’histoire
Bilbo est un hobbit de la Comté. Il vit une vie paisible dans son terrier. Mais la venue de Gandalf et d’un groupe de nains va l’entraîner dans une aventure épique






La critique

On ne change pas une équipe qui gagne… Sauf qu’il y avait une chose qu’il était obligatoire de changer : le livre adapté. Et le Hobbit n’est pas le Seigneur des anneaux… Histoire plus simple et plus légère, moins ambitieuse et triomphante, quasiment à la base une histoire pour enfants (l’humour lourdaud du film fait d’ailleurs plutôt pitié que rire). Et avec ça, il faut arriver à renouer avec le souffle épique qu’on attend tous, pas évident… Et d’ailleurs le film n’y arrivera que sur la fin. Avant cela, il va falloir patienter une durée bien trop longue de mise en place, de vieux Bilbo qui se rappelle, de jeune Bilbo qui voit sa maison envahie par les nains et réfléchir deux plombes avant d’accepter l’aventure. Alors qu’il n’avait qu’à lire le titre du film pour savoir quoi faire ! Et après ça, c’est toujours mou du gnou, avec quelques poursuites mollassonnes et combats au ralenti… Il doit bien falloir attendre la moitié du film avant que ça ne devienne vraiment intéressant. Coup de bol, à la moitié du film, il reste encore plus d’une heure et quart (oui, ça veut aussi dire qu’on attend depuis déjà une heure et quart).






De plus, le film souffre de quelques défauts plus ou moins gênants. Et ces défauts sont d’autant plus énervants que la trilogie originale ne les avait pas. D’abord, les créatures et personnages sont bien moins réussis. Et moins intéressants. Bon, on est content de retrouver Ian McKellen en Gandalf, aucun souci. Et Martin Freeman est parfait en Bilbo, aucun souci non plus. Et pas de problème non plus pour les autres acteurs de la première trilogie qui viennent nous faire un coucou. Par contre, les nouveaux, c’est une autre paire de manches. D’abord il y a les nains. Ils ne sont pas 7 et ne s’appellent pas Timide ou Grincheux, ils sont 13 et ont des noms qu’on ne retiendra pas, de même que leurs têtes ou leurs caractères, il pourrait y en avoir huit ou trouze, ça changerait rien. Et en plus, vous trouvez vraiment qu’ils ressemblent à des nains ? Certains, OK, mais d’autres, comme leur chef, sont maigrelets, avec une barbe plus que raisonnable, pas d’air bourru, et comme ils sont entre nains et hobbit on ne voit pas souvent leur taille réduite, et on n’y croit pas trop… Les autres nouvelles créatures sont également peu convaincantes, comme les trolls, ou, pire, le roi des gobelins, là c’est n’importe quoi.






On ajoutera avec surprise les effets spéciaux dans la catégorie « peut mieux faire ». La plupart sont bons, bien sûr, notamment Gollum qui est toujours aussi convaincant. Mais certains sont encore du niveau de la première trilogie. Alors si à l’époque on pouvait passer outre l’aspect caoutchouc d’un Legolas qui surfait sur un oliphant, autant maintenant, quand on ressent le côté non naturel d’un effet spécial, ça coince. C’est heureusement rare, mais on pouvait tout de même s’attendre à un sans-faute. Et pendant qu’on parle technique, on peut être aussi déçu par une 3D très timide qui ne donne que rarement l’impression de profondeur, ben alors à quoi ça sert ? Dommage surtout que les décors sont superbes et auraient été valorisés par cette dimension supplémentaire. Et en retrait aussi par rapport à la première trilogie, une musique qui semble passer son temps à essayer de ressembler à la musique originale sans être tout à fait pareille, comme s’ils n’avaient pas les droits pour l’utiliser et essayaient de faire comme si. Très dommage et agaçant, surtout qu’aucun des nouveaux thèmes n’est à la hauteur des thèmes originaux (à part, étonnamment, quelques jolis chants), bien que ça soit encore Howard Shore qui s’y soit collé.






Malgré tout, la magie finit par opérer. D’accord, elle aura mis presque une heure à opérer, mais elle opère. Et là on retrouve enfin tout ce qui nous transportait dans la première trilogie. Fi des réserves des paragraphes précédents, on entre dans l’aventure taille XXL qui nous plaisait dans la trilogie originale, dans les grandes scènes de combats contre une armée entière, le rythme a enfin compris comment nous tenir en haleine, et on ne touche plus terre avant le générique. Tout cela avec un bémol à garder en tête : il s’agit du premier film de la trilogie, et il amorce donc des histoires et mystères et suspenses qui ne seront réglés que dans un ou deux films. Selon la qualité des deux autres films, ce premier sera une très belle première marche, ou un coup pour rien qui finalement ne vaut pas tant le coup que ça… Il faudra donc le réévaluer à la sortie des deux autres, mais pour le moment, sans atteindre (et de loin) la qualité de la première trilogie, et avec une bonne dose de patience au début, vous aurez droit à un grand film d’aventures forestières et montagnardes, un bon bol d’air pur et de divertissement tendance héroïque, et c’est déjà ça. Pour commencer…




A voir : pour retrouver une partie de l’héroïsme du Seigneur des anneaux
Le score presque objectif : 8/10 (en étant optimisme sur la qualité de la trilogie complète)
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, en tout cas si vous avez aimé le Seigneur des anneaux. Et en prenant votre mal en patience pendant la première moitié

Sébastien Keromen