Wes
Anderson est déjà un réalisateur culte. Et quand arrive sur nos écrans ce qui
est sans doute son meilleur film, ses fans ne peuvent que faire la fête toute
la nuit. Et les autres pourraient aussi enfin se laisser tenter…
The Grand Budapest Hotel
Titre original : The Grand Budapest Hotel
USA, 2014
Réalisateur : Wes Anderson
Acteurs : Ralph Fiennes, Tony Revolori, F. Murray Abraham, Mathieu
Amalric, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum, Harvey Keitel, Jude Law,
Bill Murray, Edward Norton, Saoirse Ronan, Jason Schwartzman, Léa Seydoux, Tilda
Swinton, Tom Wilkinson, Owen Wilson
Musique de : Alexandre Desplats
Durée : 1h40
L’histoire
Gustave est le réceptionniste de l’hôtel Grand Budapest Hotel, en Europe de l’est,
plus exactement au Zubrowka, juste avant que le pays ne connaisse la guerre.
Grand amoureux, surtout des femmes riches, Gustave hérite d’une cliente et se
retrouve pris dans un engrenage de périls et de dangers, qu’il affrontera avec
son groom à ses côtés.
La critique
Je suis loin d’être un fan de Wes
Anderson. Au contraire. Rushmore m’a laissé indifférent, la Famille
Tenenbaum a été un long calvaire, la Vie aquatique un ennui sous-marin, À bord
du Darjeeling Limited m’a laissé sur le quai. Seul Moonrise kingdom, sans complètement
me convaincre, a commencé à me plaire et à éveiller mon intérêt. Jusqu’à la
bande-annonce du Grand Budapest Hotel, qui semblait vraiment prometteur. Et en
effet, le film nous propose le meilleur de Wes Anderson, avec cette fois de
quoi ne pas s’ennuyer. Bien sûr, le film porte la marque du réalisateur, avec
tout ce que ça implique de bons et mauvais côtés. Du côté positif, on retrouve
un sens du détail vertigineux, des décors hallucinants et hallucinatoires, et une
liberté de ton, dialogue, personnages, musique, sans pareille. Impossible de
prévoir ce qui va se passer, impossible de s’attendre au prochain décor, à la
prochaine scène, au prochain rire ou au prochain étonnement. Wes Anderson nous
balade où il le veut, à sa guise et à notre surprise, comme dans un train
fantôme qui ne fait pas peur.
Préparez-vous à des couleurs rarement
autant abusées, à des acteurs qui grimacent en restant crédibles, à une
histoire complètement barrée mais avec un peu de suspense (assez éventé avant
la fin qui d’ailleurs ne dénoue pas vraiment tout), à un format d’image le plus
souvent en 4/3 comme on n’en faisait plus, à des maquillages et des costumes
improbables. Et bien sûr à des numéros d’acteurs inénarrables. À la tête d’un
casting comportant plus d’étoiles que le drapeau des États-Unis, Ralph Fiennes
est énorme et malgré tout parvient à nous faire croire à son personnage
complètement barré. Je ne vais pas citer tout le casting, mais tout le monde
est au niveau, et chaque nouveau personnage est l’occasion pour le spectateur
de profiter d’une performance jubilatoire d’un autre acteur connu.
Mais à force d’image très travaillée, d’effets
énormes et de rebondissements impossibles, le film passe aussi son temps à
nous rappeler qu’il est un film. Impossible de s’immerger dedans et d’y croire,
et l’émotion en pâtit au point d’être absente puisque les personnages ne sont
que des personnages de film. C’est la limite du cinéma de Wes Anderson, et tout
le talent déployé ici, à son summum, ne pourra pas passer outre. Un plaisir qui
repose donc bien plus sur le cerveau et les sens que sur le cœur et l’émotion. À
vous de voir quel spectateur vous êtes. Mais dans tous les cas, le film vous
promet au moins un tourbillon d’images et de péripéties réalisées de main de
maître.
À voir : pour le talent du
réalisateur !
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) :
+2, superbe et pétillant, mais dommage de rester spectateur
Sébastien Keromen