The Grand Budapest Hotel

Verdict: Excellent

par: Sebastien Keromen

Wes Anderson est déjà un réalisateur culte. Et quand arrive sur nos écrans ce qui est sans doute son meilleur film, ses fans ne peuvent que faire la fête toute la nuit. Et les autres pourraient aussi enfin se laisser tenter…

The Grand Budapest Hotel
Titre original : The Grand Budapest Hotel
USA, 2014
Réalisateur
 : Wes Anderson
Acteurs : Ralph Fiennes, Tony Revolori, F. Murray Abraham, Mathieu Amalric, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum, Harvey Keitel, Jude Law, Bill Murray, Edward Norton, Saoirse Ronan, Jason Schwartzman, Léa Seydoux, Tilda Swinton, Tom Wilkinson, Owen Wilson
Musique de : Alexandre Desplats
Durée : 1h40

L’histoire
Gustave est le réceptionniste de l’hôtel Grand Budapest Hotel, en Europe de l’est, plus exactement au Zubrowka, juste avant que le pays ne connaisse la guerre. Grand amoureux, surtout des femmes riches, Gustave hérite d’une cliente et se retrouve pris dans un engrenage de périls et de dangers, qu’il affrontera avec son groom à ses côtés.



La critique

Je suis loin d’être un fan de Wes Anderson. Au contraire. Rushmore m’a laissé indifférent, la Famille Tenenbaum a été un long calvaire, la Vie aquatique un ennui sous-marin, À bord du Darjeeling Limited m’a laissé sur le quai. Seul Moonrise kingdom, sans complètement me convaincre, a commencé à me plaire et à éveiller mon intérêt. Jusqu’à la bande-annonce du Grand Budapest Hotel, qui semblait vraiment prometteur. Et en effet, le film nous propose le meilleur de Wes Anderson, avec cette fois de quoi ne pas s’ennuyer. Bien sûr, le film porte la marque du réalisateur, avec tout ce que ça implique de bons et mauvais côtés. Du côté positif, on retrouve un sens du détail vertigineux, des décors hallucinants et hallucinatoires, et une liberté de ton, dialogue, personnages, musique, sans pareille. Impossible de prévoir ce qui va se passer, impossible de s’attendre au prochain décor, à la prochaine scène, au prochain rire ou au prochain étonnement. Wes Anderson nous balade où il le veut, à sa guise et à notre surprise, comme dans un train fantôme qui ne fait pas peur.



Préparez-vous à des couleurs rarement autant abusées, à des acteurs qui grimacent en restant crédibles, à une histoire complètement barrée mais avec un peu de suspense (assez éventé avant la fin qui d’ailleurs ne dénoue pas vraiment tout), à un format d’image le plus souvent en 4/3 comme on n’en faisait plus, à des maquillages et des costumes improbables. Et bien sûr à des numéros d’acteurs inénarrables. À la tête d’un casting comportant plus d’étoiles que le drapeau des États-Unis, Ralph Fiennes est énorme et malgré tout parvient à nous faire croire à son personnage complètement barré. Je ne vais pas citer tout le casting, mais tout le monde est au niveau, et chaque nouveau personnage est l’occasion pour le spectateur de profiter d’une performance jubilatoire d’un autre acteur connu.



Mais à force d’image très travaillée, d’effets énormes et de rebondissements impossibles, le film passe aussi son temps à nous rappeler qu’il est un film. Impossible de s’immerger dedans et d’y croire, et l’émotion en pâtit au point d’être absente puisque les personnages ne sont que des personnages de film. C’est la limite du cinéma de Wes Anderson, et tout le talent déployé ici, à son summum, ne pourra pas passer outre. Un plaisir qui repose donc bien plus sur le cerveau et les sens que sur le cœur et l’émotion. À vous de voir quel spectateur vous êtes. Mais dans tous les cas, le film vous promet au moins un tourbillon d’images et de péripéties réalisées de main de maître.

À voir : pour le talent du réalisateur !
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, superbe et pétillant, mais dommage de rester spectateur

Sébastien Keromen