Tardi au cinéma ? Pas tout à fait, le film n’est pas de lui, mais emprunte son style et son talent… graphique. Mais pas scénaristique.
Avril et le monde truqué France, 2015
Réalisateur : Franck Ekinci & Christian Desmares
Voix : Marion Cotillard, Jean Rochefort, Olivier Gourmet, Philippe Katerine, Marc-André Grondin, Bouli Lanners
Durée : 1h45
L’histoire Dans un vingtième siècle sans électricité ni nouvelle invention, Avril recherche ses parents, savants disparus mystérieusement, comme tant de savants avant eux.
La critique Avril et le monde truqué est un film que j’ai eu envie de voir dès que j’ai entendu le synopsis. « 1941. Le monde est radicalement différent de celui décrit par l’Histoire habituelle. Napoléon V règne sur la France, où, comme partout sur le globe, depuis 70 ans, les savants disparaissent mystérieusement, privant l’humanité d’inventions capitales ». Voilà, une jolie uchronie comme on en a trop rarement au cinéma, ça donne envie, c’est l’occasion de faire un film inventif et original. Quand en plus on sait que Tardi s’occupe de la conception graphique, on piaffe d’impatience… pour retomber bien bas. Car si l’univers décrit et affiché est à la hauteur des attentes, c’est bien la seule chose qui soit réussie. Je craignais le doublage, les acteurs français étant généralement à côté de la plaque dans ce domaine. Coup de chance, Marion Cotillard a dû prendre des cours aux US car son doublage est impeccable. Ce qu’on ne peut pas dire des autres, notamment Jean Rochefort et Olivier Gourmet, qui tombent dans le travers habituel qui donne l’impression qu’ils lisent un texte sans trop y croire, et on a juste un personnage qui a la voix et la façon de parler de Rochefort ou Gourmet, sans lui ressembler, et ça rend bizarre, et en tout cas peu crédible.
Mais le reproche principal à apporter au film, c’est son scénario. Contrairement à un
Seul sur Mars qui avait réussi à trouver un scénario original basé sur ses idées originales, ici le scénario est complètement bateau, et aurait pu prendre place dans ses moindres détails dans un univers normal, d’une époque passée réelle ou imaginée, ou même présente. Le tout se résume dans la première moitié en une course poursuite extrêmement molle, et dans la deuxième moitié à une fin de James Bond, avec infiltration, base secrète, arme définitive… Sans compter l’explication de la divergence historique et de l’enlèvement des savants, qui est juste complètement
conne décevante. Si on ne s’ennuie pas tout à fait totalement grâce au dépaysement de l’univers et à la beauté graphique, il est difficile de s’enthousiasmer sur le film qui semble avoir arrêté d’écrire une histoire après son prologue. C’est parfois drôle, parfois avec une petite idée originale, les personnages sont un peu attachants, mais c’est surtout extrêmement plat et linéaire, un comble pour un film avec ce principe de départ…
À voir : pour une idée originale absolument pas exploitée… ou pas du tout
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, déçu, déçu
Sébastien Keromen