La la land
La la land
Sortie:
25/01/2017
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h10 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La la land

Verdict: Très Bon

par: Sebastien Keromen

Croulant sous les Golden Globes, les nominations aux Oscars, et même l’affiche croule sous les critiques élogieuses, voilà la comédie musicale que tout le monde attend. À raison ?

La la land
Titre original : La la land
USA, 2016
Réalisateur
 : Damien Chazelle
Acteurs : Emma Stone, Ryan Gosling, John Legend, J.K. Simmons
Durée : 2h10

L’histoire
Mia est serveuse en attendant de décrocher un rôle d’actrice. Sebastian joue du piano où il peut en attendant de pouvoir ouvrir son club de jazz. Leurs chemins vont se croiser en musique



La critique

S’il y eût jamais un film qui arrivé précédé d’une réputation d’excellence, c’est bien La la land. À tel point que le département publicité a cru bon de placarder « Un triomphe absolu », « Le meilleur film de l’année » (en janvier !!!) et autres crâneries trop sûres d’elles pour être honnêtes, qui sont sans doute bien tirées de critiques du film, mais qu’un peu d’humilité aurait pu conduire à ne pas afficher (ou en tout cas en moins gros) pour ne pas sonner comme un défi aux futurs spectateurs. Autant dire qu’en entrant dans la salle, autant une comédie musicale me tentait bien, autant d’avoir mon opinion quasi-dictée par les affiches me chauffait au plus haut point. Mais passons.



Car La la land ne mérite pas des louanges aussi définitives, mais mérite tout de même pas mal d’attentions. En tout cas c’est mon avis, et je le partage. Dans l’ensemble, le film ne m’a pas tout à fait convaincu, m’a semblé nettement plus long que ses 2 heures, mais m’a apporté quand même pas mal de choses qui valaient le déplacement. Détaillons. Et je vais être beau joueur en commençant par ce qui ne m’a pas convaincu, pour finir sur les aspects positifs. Le problème principal vient de l’histoire et des personnages. Le tout m’a semblé transparent. Les 2 amoureux manquent de profondeur, non pas qu’ils en deviennent des clichés, pour le coup non, mais ils en deviennent anecdotiques, et on n’a pas vraiment l’impression de les connaître. Les personnages ne semblent pas assez ancrés dans la réalité ; c’est normal dans l’univers coloré des scènes musicales, mais même en dehors de ces scènes, le tout manque de tangibilité, les dialogues sont un peu abscons, pas plats non plus, mais quand même insuffisants. Même si je ne peux pas faire au film mes reproches habituels sur l’écriture (personnages caricaturaux et dialogues ennuyeux), reste que le résultat n’est pas convaincant, on a à peine l’impression d’avoir croisé des vrais personnages, et pas du tout celle de les connaître. Surtout que, faute cardinale de ce film, il n’y a pas de second rôle. Peut-être quelques troisièmes et quatrièmes rôles oubliés aussi vite aperçus, mais à part ça les seuls personnages qu’on approche vaguement sont les deux amoureux. Et si Emma Stone et Ryan Gosling font du bon boulot, c’est sans excès, et franchement je pense que des tas d’autres acteurs auraient pu faire la même chose. Leur alchimie n’est pas trop mauvaise, mais encore une fois ça reste un peu en demi-teinte, et leur histoire finalement très classique et vue et revue.



Côté réalisation, il y a du bon sur lequel je reviendrai, mais parfois la mise en scène est vraiment trop voyante. Quand on pense à la caméra qui a filmé tout ça, et qui est en train de se déplacer pour un long plan-séquence pas indispensable, c’est que le réalisateur a oublié de s’effacer derrière son histoire. Mais bon, et j’en profite pour subtilement enchaîner avec les points positifs, dans l’ensemble c’est quand même du bon boulot, et ça met en valeur les innombrables et superbes décors du film. L’ambiance graphique du film est une tuerie sans nom, les images de ville et de ciel de Californie donnent envie qu’on soit déjà en été et que le soleil brille (de ce point de vue, c’était sans doute une bonne idée de sortir le film en hiver). On passe de superbes vues sur la ville avec lumières et ciel de crépuscule, à des intérieurs colorés et pittoresques, sans oublier des scènes oniriques qui enchantent les pupilles, de ce côté-là le film est irréprochable. Et côté musique aussi, c’est du tout bon. Jamais facile de se familiariser aux chansons d’une comédie musicale lors de la première vision, mais entre chansons accessibles et reprises au long du film, on en profite bien. On regrettera juste peut-être la petite scène où Sebastian emmène Mia pour lui faire découvrir le vrai jazz, et parle pendant tout le morceau (où est le respect ?), mais pour le reste, comme quand ils parlent sur les musiques c’est pour chanter, ça va. Les deux acteurs se sortent d’ailleurs bien du chant, et pas trop mal des chorégraphies (assez tranquilles dans l’ensemble, sans faire trop minables, ça va aussi). Une belle partition jazz, avec un morceau de valse un peu hors-sujet, mais bon, on passe outre. Et des danses plutôt discrètes à part l’énorme scène d’ouverture. Et par contre un passage à vide côté comédie musicale sur le dernier tiers, à tel point que quand ils se mettent à chanter, on se dit « ah bah oui, c’est vrai, c’est une comédie musicale, je l’avais oublié ».



Pour finir, le film contient quand même une pépite. Il faut attendre la presque fin du film, mais il nous offre brusquement une fulgurance, à la fois en termes de scénario, de mise en scène, de musique, capitalisant sur tout le film, un réel vertige qui nous prend pendant quelques minutes pour une séquence aussi géniale que touchante et étonnante. Sans hésitation, le film vaut le coup rien que pour cette séquence, même si comme moi vous n’accrochez qu’à moitié au reste. Au final, on peut déjà remercier La la land d’être une comédie musicale, car elles restent rares. On peut lui reprocher de rester un peu trop vaporeux et de manquer de substance et de personnages, mais on peut aussi se réjouir de ses images et de ses musiques. Loin quand même du chef d’œuvre incontournable et intemporel que ses affiches essayaient de nous vendre, mais tout de même agréable dans l’ensemble, et plus si vous accrochez aux personnages.

À voir : oui, parce qu’au moins une scène, et parce que si tant de gens adorent (et pas seulement ceux qui font les affiches), pourquoi pas vous ?
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso : allez-y avec la promesse de la séquence vers la fin, et peut-être ressortez avec beaucoup plus

Sébastien Keromen