Ma vie en l'air

par: Sebastien Keromen



Dans la famille jeune héros romantique, je voudrais Vincent Elbaz. Et dans la famille jeune première irrésistible, je voudrais Marion Cotillard. Bonne pioche dans le premier film de Rémi Bezançon.

Ma vie en l’air
France, 2005
Réalisateur
 : Rémi Bezançon
Acteurs : Vincent Elbaz, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Didier Bezace, Elsa Kikoïne, Tom Novembre, Cécile Cassel, Philippe Nahon, François Levantal
Musique : Sinclair
Durée : 1h45

L’histoire
Yann a beau être instructeur dans une compagnie aérienne, il a une peur maladive de l’avion. Peur qui l’empêche de rejoindre Charlotte, la femme de sa vie, en Australie. Il rencontre Alice. Ne serait-ce pas elle, la femme de sa vie ? Avec le retour de Charlotte, ne va-t-il pas être complètement perdu ?


La critique


Pour le prix d’une critique (qui ne vous coûte déjà pas grand chose), vous allez avoir droit à une critique et à une petite réflexion sur les comédies romantiques à la française. Si. Allez, commençons par la critique. Ma vie en l’air est bourré de bonnes idées. Comme celle de remettre en selle Vincent Elbaz, qui se faisait rare. Comme celle de nous permettre une fois de plus de profiter du charme de Marion Cotillard, qu’on ne verra jamais assez, même si elle jouait dans tous les films. Et encore Tom Novembre, dont on ne se lassera jamais (et dont malheureusement le rôle est rachitique, pas en intensité, mais en durée). Et des seconds rôles aux petits oignons. Au nombre des bonnes idées, on compte aussi le métier du héros : " examinateur " de pilotes d’avions, ce qui vaut quelques scènes en simulateur aussi originales que réussies. Et encore beaucoup d’autres petites notes originales, comme les émissions passant à la télé qui correspondent souvent à un " commentaire " de la scène en cours.
Vraiment, on passe un bon moment. Si l’histoire générale ne déborde pas d’originalité (le trentenaire qui doit choisir entre deux femmes laquelle est la femme de sa vie, le copain looser qui s’incruste mais qui comprend tout au héros…), son traitement est assez réjouissant. On rit bien, on sourit bien, tout se passe bien. Il y manque peut-être un peu d’apesanteur, ce petit plus qui fait le film décollerait et entraînerait le spectateur. Il y manque peut-être aussi qu’on s’enthousiasme vraiment pour le couple Elbaz-Cotillard, faute non pas d’alchimie, mais de scènes romantiques entre eux. Quelques réserves qui n’empêche en rien le film d’être plaisant et très agréable, à défaut d’être mémorable.


Tiens, pendant que vous êtes là, laissez-moi vous entretenir de quelques remarques sur les dernières comédies romantiques à la française.
Si je prends, en plus de Ma vie en l’air, les deux dernières réussies en date : Mensonges et trahisons, et Les Poupées russes. Si le cadre de chacun des films diffère, il est troublant de voir les ressemblances. D’abord sur la forme, avec chacun son petit gimmick pour prendre un peu de distance avec le premier degré (la voix off pour Mensonges, les petites scènes limite cartoon pour Les Poupées, et les petits flash-back pour Ma vie en l’air). Mais surtout sur le fond, regardez plutôt : un trentenaire (ou un peu plus) charismatique, de préférence chouchou du public et des critiques (Baer/Duris/Elbaz), est bien embêté. Entre une fille irrésistible, pour laquelle le public a craqué dès le premier instant (Marie-Josée Croze/Kelly Reilly/Marion Cotillard), et une fille qui n’est pas pour lui (Alice Taglioni/Celia Shelton/Elsa Kikoïne), il ne sait laquelle choisir. Il va, comme le gros ballot qu’il est, choisir la mauvaise et perdre la bonne, qu’il arrivera in extremis à retrouver vers la fin du film, ouf. Bon, l’histoire reste générale, mais réfléchissez à vos comédies romantiques préférées : n’y a-t-il pas seulement un gars et une fille, qui ont du mal à se trouver mais ne se perdent pas autant ? Et surtout, le gars et la fille en question ont des rôles équivalents ou presque dans le film. Deux premiers rôles, et non pas un gars en premier rôle et deux filles en demi-premier rôle. Alors je demande : à quand les comédies romantiques comme avant, ou au moins, pour équilibrer, les comédies sur une trentenaire devant choisir entre l’homme de sa vie et un bellâtre quelconque ? Ah, on me signale qu’il y a déjà Bridget Jones. OK, mais en France ?

A voir : pour un bon moment et pour la bonne humeur
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, ça fait du bien, à défaut d’être inoubliable

Sébastien Keromen