Fauteuils d'orchestre

par: Sebastien Keromen



Cécile de France, Albert Dupontel, Valérie Lemercier, Claude Brasseur, Dani, Suzanne Flon, Laura Morante, Christopher Thompson, Sydney Pollack, dans un film de Danièle Thompson. Vraiment, vous avez besoin de motivation en plus de tout cela pour aller voir ce film ?

Fauteuils d’orchestre
France, 2006
Réalisateur
 : Danièle Thompson
Acteurs : Cécile de France, Albert Dupontel, Valérie Lemercier, Claude Brasseur, Dani, Suzanne Flon, Laura Morante, Christopher Thompson, Sydney Pollack
Durée : 1h45

L’histoire
Jessica débarque à Paris et se fait engager au culot comme serveuse. Jean-François est pianiste de renom, mais ne supporte plus le poids et la solennité du milieu musical. Catherine est actrice rêvant de rôles de composition, mais qui doit se contenter d’un soap et d’un Feydau. Jacques vend la collection d’œuvres d’art qu’il a mis une vie à rassembler. Pendant 72h, ils vont se croiser, parler, vivre.


La critique


Je ne vais pas tenter de vous faire croire que Fauteuils d’orchestre est un film très original. Un film sur des gens et leurs vies, qui vont se croiser (tant les gens que leurs vies), on a déjà vu ça plus d’une fois, surtout dans le cinéma français. Mais ne soyons pas si négatif, ça peut parfois donner de très bons films, je vous le concède (du moment que vous ne me demandez pas d’exemples). Dans le cas présent, on a affaire au dessus du panier.


Un film choral. Oui, le bon mot est tentant vu le titre.
La principale force du film est bien sûr sa distribution. C’est bien simple, tout le monde est talentueux, et, comme le scénario est équilibré et donne à chacun un bon personnage, on ne s’impatiente pas devant certaines histoires en attendant les plus intéressantes, comme c’est parfois le cas. Là, on est toujours content de passer à chaque acteur, pour des raisons différentes pour chacun. Fil conducteur de l’histoire, Cécile de France prouve une fois encore, s’il était nécessaire, qu’elle est naturel fait femme. Pas un plan où son sourire ne fasse fondre la grisaille, où sa bonne humeur ne nous redonne bonne humeur. Albert Dupontel, je suis un inconditionnel. Là, il joue un pianiste, mais je serai venu voir le film pour lui même s’il avait joué le tabouret de piano. Encore une fois, il arrive à être touchant, drôle, jovial, réservé, parfait. Je ne suis par contre pas très fan de Valérie Lemercier, mais force est de constater qu’elle nous livre ici une grande prestation. Jouer sans en faire trop une actrice qui en fait trop, ça peut être très casse-gueule, et une actrice pourtant talentueuse (que je ne nommerai pas pour ne pas dire du mal) s’y est déjà cassé les dents (dans Bon voyage !, que je nomme parce que finalement bon, tant pis). Ici, Valérie Lemercier arrive à rester assez sobre pour qu’on ne décroche pas, tout en en faisant assez pour que ce soit drôle. Et en étant également émouvante, chapeau.


Allez, tant qu’il reste des acteurs, je balance des louanges.
On n’avait plus vraiment besoin d’être convaincu du talent de Claude Brasseur, mais ça fait toujours plaisir de le voir et de constater qu’il ne change pas. On ne voit pas Dani au cinéma, mais sa performance ici donne un personnage très touchant, et crédible en fan d’art et de spectacle qui a réussi sa vie en coulisses. Suzanne Flon fait ici sa dernière apparition au cinéma (le film lui est dédié), et si sa voix nous manquera, le film tient lieu d’adieux touchants. Et puis Christopher Thompson, et puis Laura Morante, et même Sydney Pollack qui vient faire l’acteur, et aussi François Rollin dans un rôle plutôt sobre mais réussi. Pas une fausse note, je vous dis, tout en restant subtilement dans le registre de vocabulaire du titre.


A part les acteurs, on peut tout de même apprécier le scénario.
S’il ne révolutionne pas le genre, il arrive à raconter des histoires différentes, intéressantes, crédibles, en les faisant s’entrecroiser de façon tout à fait intéressante (notamment le passage où les femmes d’un côté et les hommes de l’autre devisent sur leur vie). Le film n’oublie pas non plus de soulever quelques sujets de réflexion, tendance bilan sur sa vie à mi- ou fin de parcours, pour des éléments de réponse assez convaincants. Voilà. Scénario, acteurs, on a fait le tour de ce qui retient l’attention dans le film, la musique et la mise en scène restant assez discrètes. Alors, est-ce que Fauteuils d’orchestre restera plus dans les mémoires que tous les films du même genre qui sont déjà passés sur nos écrans ? Le temps le dira, bien sûr, mais je n’en suis pas persuadé. Mais bon, en attendant, on passe un très bon moment, et c’est toujours ça de pris.

A voir : pour les acteurs, pour les histoires
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, un bon petit film français de temps et temps, ça ne peut pas faire de mal

Sébastien Keromen