Syriana
Syriana
Sortie:
22/02/2006
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h10 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Syriana

par: Sebastien Keromen



Il y a quelques années, Traffic essayait de nous présenter une vision générale sur le trafic de drogue. Cette fois-ci, c’est le monde du pétrole et ses enjeux qui sont portés sur grand écran, pour tenter de nous faire comprendre le monde. Tenter.

Syriana
Titre original : Syriana
USA, 2005
Réalisateur
 : Stephen Gaghan
Acteurs : George Clooney, Jeffrey Wright, Matt Damon, Christopher Plummer, Chris Cooper, Amanda Peet, William Hurt
Musique de : Alexandre Desplat
Adapté du livre de Robert Baer
Durée : 2h10

L’histoire
Si vous lisez la critique ci-dessous, vous comprendrez que je suis incapable de rédiger ce paragraphe. Je vais donc exceptionnellement reprendre le synopsis officiel (qui a lui-même bien du mal à résumer) :
L'héritier du trône d'un émirat arabe, le Prince Nasir, réformiste et progressiste, décide d'accorder les droits de forage de gaz naturel à une compagnie chinoise, au détriment du géant texan Connex Oil.
Connex rachète alors la petite compagnie Killen, une fusion qui attire l'attention du Ministère de la Justice à Washington. Benett Holiday, ambitieux avocat du cabinet Sloan Whiting, veille au bon déroulement de cette opération douteuse.
Bob Barnes, vétéran de la CIA qui se préparait à "pantoufler", se voit proposer une dernière mission : éliminer le prince Nasir.
Bryan Woodman, expert en ressources énergétiques, se rend à un gala organisé par le Prince Nasir. Son jeune fils meurt accidentellement lors de cette soirée.
Ces événements auront une incidence directe sur la vie d'un jeune ouvrier pakistanais de la Connex.
(même en lisant ça, je comprends toujours rien au film…)


La critique


Des films sur l’actualité, c’est bien. C’est vrai, souvent on manque un peu d’informations synthétiques sur le monde dans lequel on vit, à n’en voir que les petits morceaux aux infos. Et encore, pour ce qu’on ne nous cache pas. Réfléchissez-y : qu’est-ce qu’on y connaît vraiment en géopolitique en général, et sur les relations politico-économico-prises-de-tête des États-Unis avec les pays producteurs de pétrole ? Pas grand chose. Là, vous vous attendez à une phrase du genre : " Eh bien, justement, Syriana va vous permettre de vous instruire et de voir plus clair sur ce sujet ". Mais pas du tout. La phrase suivante de ma critique est : " Si vous êtes d’accord avec tout ce que je viens de dire, n’allez pas voir Syriana, car vous n’allez absolument rien y capter ". Voilà, je ne suis pas un modèle de connaissances politiques mondiales, loin de là, mais si vous êtes comme moi, vous allez capter un steak pendant toute la durée du film. Être à l’ouest. Capter un beignet. Vous pouvez coller ici tous les expressions synonymes que vous connaissez.


Parce que Syriana est riche, complexe et complet, il offre une bonne vue sur le problème. Parce qu’il ne prend pas un instant pour expliquer les implications de chaque événement, il ne s’adresse qu’à ceux qui sont déjà spécialistes du genre.
Sans rire, je crois qu’il n’y a pas une seule fois où j’ai compris pourquoi tel personnage ce qu’il faisait. De toute façon, j’ai même pas compris qui était chaque personnage. On a Matt Damon qui passe des fois à la télé, et qu’on paye pour donner des conseils. Un consultant, donc, sans doute, là ça va encore. Ensuite George Clooney, qui semble bel et bien un agent de la CIA, mais sans qu'on comprenne le pourquoi de ses missions, ni qui lui assigne. Puis Geoffrey Wright, qui a l’air au début genre incorruptible, et doit enquêter sur les magouilles potentielles, mais impossible de vous dire pour qui : le gouvernement, la justice, un organisme de régulation, l’une des entreprises ? No lo se. Il y a des émirs et des princes qui sont gentils ou méchants, c’est pas très clair, Christopher Plummer qui est quelqu’un d’important, mais impossible de dire qui il est ou pour qui il bosse, et encore des tas de gens qu’on croise un moment sans qu’on sache qui c’est, puis qu’on recroise plus tard sans toujours comprendre, et pourtant ça avait l’air important.
Le film s’ingénie en plus à ne jamais nous confirmer ce qu’on croit avoir compris ou vu. Du genre, dans un film normal, quand la réponse à une question est éludée (une jolie ellipse), le plan suivant nous permet tout de même de la connaître car l’histoire se déroule selon cette réponse. Là, non, et en plus on va passer sur l’histoire d’un des autres personnages. Je sais pourtant regarder des films qui n’expliquent pas tout de prime abord, mémoriser les différents points en suspends et pour lesquels j’attend une explication, mais là, au bout d’un quart d’heure il y a déjà tellement d’éléments à mémoriser avant qu’ils soient expliqués que j’ai abandonné. Mettons qu’il y avait 98 implications des actions dans le film. À vue de nez, je dirais bien qu’alors il y en a 4 que j’ai comprises, 11 pour lesquelles j’ai une vague idée, 33 que je n’ai pas saisies, et 50 pour lesquelles je n’ai même pas percuté qu’il pouvait y avoir des implications à comprendre.


Bon, je pense que j’ai été assez lourd à vous faire comprendre à quel point on ne comprend rien.
Et c’est comment, 2h10 de film qu’on ne comprend pas ? Ben, très moyen. On arrive à suivre l’action à l’écran, mais ni à comprendre d’où ça vient et où ça va, ça motive pas trop. En plus, il y a plein de personnages qui disent plein de choses, sans qu’on sache qui c’est ou qu’on comprenne ce qu’ils racontent, ça motive toujours pas. Et même si on essaie de s’accrocher, le film nous achève avec pas mal de scènes dont le dialogue commence avant l’image. Vous voyez de quoi je veux parler : on voit un mec prendre l’ascenseur pour aller à un rendez-vous, mais on entend déjà le début de ce qui se dit à ce rendez-vous, avant que l’image ne rattrape le son et n’arrive sur le rendez-vous commencé. Mais ici, on a déjà droit à une ou deux phrases bien compliquées, sans qu’on sache qui les prononce ! C’est pas seulement qu’on ne nous facilite pas la tâche, c’est qu’on la rend volontairement plus difficile…
Au final, si le film lui-même est plutôt bien fait, cédant un peu à la mode de la caméra à l’épaule, si l’interprétation est de qualité, c’est d’abord votre connaissance du sujet qui déterminera son intérêt. J’ai un peu de mal à imaginer ce que les pauvres américains, toujours les derniers à connaître les faces les moins reluisantes de leur pays, et donc sans doute encore moins au courant que nous, ont bien pu comprendre… Pour ma part, à part le nom des acteurs, je serais bien incapable de vous raconter quoi que ce soit de ce qu’il y avait dans le film. Pour votre santé mentale, je vous déconseille donc ce film. Ou alors c’est moi qui ait le QI en baisse. Je fais un test et je vous tiens au courant.

A voir : si vous êtes déjà incollable sur le sujet
Le score presque objectif : 5,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, non masochistes s’abstenir

Sébastien Keromen