Nous avons tous des squelettes dans nos placards. Mais prenons-nous le temps d'en faire l'inventaire pour rendre des comptes et espérer expier nos fautes ? Un sujet moralisateur auquel s'attache Phone Game, proposé en Blu-Ray par la Fox. Une histoire originale qui aurait pu donner lieu à un thriller de qualité.
Stuart Shepard, attaché de presse à New York, a pris l'habitude d'appeler tous les jours sa maitresse (Katie Holmes) depuis une cabine téléphonique afin que sa femme (Radha Mitchell) ne puisse pas repérer son petit manège dans les factures de téléphone. Mais aujourd'hui, le téléphone de la cabine sonne. Au bout du fil, un homme menace Stuart de l'exécuter s'il raccroche le combiné. Un petit laser rouge de snipper, pointé sur la cabine, achève de le convaincre... Stuart procède alors, sous la menace de son correspondant, à une introspection profonde et méthodique de sa vie. Le spectateur est ainsi confronté au grand déballage de l'intimité de Stuart, prétexte à nous faire réfléchir sur nos actes les plus vils, nos mensonges, nos hypocrisies.
Avec cette idée diabolique, ce thriller aurait pu être éprouvant et suffoquant mais il demeure finalement plus moralisateur que stressant tout en n'évitant pas le cliché du policier réfléchi confronté au zèle de son collègue brut de fonderie. Colin Farrell, Forest Whitaker et Kiefer Sutherland nous livrent heureusement une prestation à la hauteur de leur talent et parviennent à maintenir l'attention du spectateur au dessus du sommeil profond.
Mais le scénario n'est pas à la hauteur de ce que l'on aurait pu en attendre. Long à démarrer, le film enchaine les incohérences et les situations à dormir debout. Son manque de crédibilité empêche rapidement toute immersion profonde du spectateur. Le réalisateur se débat avec le talent qu'on lui connait avec ce défi imposé par un scénario huit-clos prêchi-prêcha qui ne nous protège pas de quelques temps morts qui ternissent le rythme général d'une intrigue prévisible.
Conclusion
Si Phone Game partait d'une idée novatrice, l'exploitation qui en a été faite est décevante et sans surprise. Amputé de son interminable introduction et de son générique de fin, le récit tient en un scénario tourmenté de 60 minutes à peine. Si l'on ajoute à ce manque d'imagination un tournage éclair de 12 jours, on aboutit à un pseudo huit-clos sans saveur longuet et soporifique, malgré la ferveur que les acteurs principaux ont tenté d'apporter à ce qui tient plus d'un téléfilm que d'un chef d'œuvre, une appréciation cependant toute personnelle qui n'a pas empêché le film de rencontrer un succès indéniable lors de sa sortie en salle.