L'histoire
Hermann Hermann, un propriétaire d'une usine de chocolat dans l'Allemagne du début des années 1930, est hanté par des visions de son double. Partageant ses fantasmes et ses perversions avec sa femme Lydia, il mène une vie protégée, mais monotone. Pendant un voyage d'affaires, il rencontre le vagabond Félix et voit en lui son sosie qui lui inspire un plan risqué : Félix et Hermann vont échanger leurs rôles dans la vie...
Critique
Le thème du double, réel ou imaginaire est un thème récurrent au cinéma. De nombreux cinéastes tels que Kurosawa, Hitchcock, Lynch, DePalma, Cronenberg...l'ont abordé. Le sujet fascine les réalisateurs, car il leur permet de poser des questions existentielles et philosophiques (le Moi, le Surmoi, l'inconscience....), mais aussi de jouer avec les spectateurs. Et ces derniers sont également passionnés par ce thème, car ils espèrent trouver des réponses aux mêmes questions qu'ils se posent à travers les films.
C'est ce thème passionnant et complexe qu'a choisi le cinéaste allemand Fassbinder pour son premier film commercial, avec un gros budget, et un casting internationale, et en se servant du roman de Nabokov intitulé, La méprise, comme base scénaristique.
L'adaptation est confiée au célèbre dramaturge britannique Tom Stoppard. La photographie est entre les mains de Michael Ballhaus, le directeur photo des films de Scorsese, Coppola, Mike Nichols... Le rôle principal de Hermann Hermann est attribué à Dirk Bogarde. Une équipe au talent indéniable.
Le résultat est à la hauteur des talents réunis, Despair s'avère être un film complexe, intriguant, sollicitant l'attention et les neurones du spectateur en permanence, pour séparer ce qui est réel et ce qui fait parti du fantasme de Hermann Hermann, car la frontière entre ces deux univers est extrêmement floue.
La mise en scène et le montage participent volontairement à brouiller les pistes. Les scènes de fantasmes et celles de la réalité ne sont pas explicitées, ni au niveau de l'image, ni au niveau des transitions, à la manière d'un film comme Mulholland Drive ou Lost Highway de David Lynch. Cette mise en scène complexe et volontairement confuse n'est pas faite pour être prétentieux, mais pour épouser l'état mental du personnage principal, qui perd peu à peu pied avec la réalité au fur et à mesure que le film avance. Et ce danger menace également le spectateur s'il n'y prend pas garde, si sa concentration n'est pas optimale. Il ne lui restera plus alors qu'une seule solution: revoir le film une nouvelle fois.
Conclusion
Despair est une oeuvre complexe qui nécessite plusieurs visionnages pour tout comprendre et en découvrir toute la richesse.
Carlotta propose une image encodée en AVC au format 1.66:1 d'origine respecté, et restaurée avec une très grande qualité. L'ensemble se montre parfaitement stable du générique de début jusqu'au générique de fin. Aucune trace d'usure et d'imperfection dû au temps n'est visible. La compression est idéale. L'image conserve bien sa texture d'origine (la pellicule) et est extrêmement détaillée, belle, avec des noirs profonds, aussi bien sur les gros plans que sur les plans larges, en intérieure qu'en extérieure, dans les scènes de jour comme de nuit.
Le son a été également restauré avec soin, et encodé en DTS HD MASTER AUDIO 1.0 en Anglais et en Allemand. L'écoute est très satisfaisante du début jusqu'à la fin, aucun grésillement ou autres anomalies ne vient gâcher le spectacle. Et le mixage d'origine en mono a été respecté.