Cherchant à protéger un ami, le député Philippe Dubaye, Xavier Maréchal rentre en possession d'un dossier compromettant. Des tueurs se lancent à ses trousses pour récupérer ces documents.
Alors qu’Alain Delon était au creux de la vague après plusieurs échecs commerciaux et critiques (Mr Klein, Le Gang), c’est avec beaucoup d’intérêt qu’il retrouve le réalisateur avec qui il avait déjà tourné : « Il était une fois un flic » et « Les seins de Glace ». Mais cette fois-ci Delon est à la fois Acteur et Producteur, et les relations avec l’équipe, et particulièrement, avec Lautner seront difficiles. Dans le même temps le réalisateur, qui retrouve également son scénariste fétiche Michel Audiard, donne un tournant radicale à sa carrière en proposant un film sombre, plus en phase avec les difficultés de son époque et les inquiétudes de la société des années 70 qui voient naître les conflits d’intérêts et toutes les affaires politico financières. Audiard signe des dialogues toujours aussi soignés et s’inspire de la noirceur de certaines affaires pour leur faire dire des messages plus personnels. Le dialoguiste étant dans une phase sombre, le travail prend une nouvelle dimension et laisse apparaitre ses troubles de l’instant, son engagement politique et toute la vision obscure qu’il peut avoir de la société à cette époque-là.
Comme toujours Lautner se démarque en faisant de son personnage principal, non pas un flic, ni un magistrat et encore moins un justicier, non c’est tout simplement un chef d’entreprise classique qui se retrouve au cœur d’une intrigue politico judiciaire, qui ne souhaite qu’une seule chose : faire éclater la vérité. Et chaque personnage est ici présenté avec sa part d’ombre, des protagonistes toujours en nuance ou en suspend comme Lansac (François Chaumette) président, dont on ne sait finalement pas de quoi, mais qui vient renforcer cette image d’une société fondamentalement dirigée par des hommes sans beaucoup de morale.
C’est d’ailleurs dans la mise en scène que le réalisateur signe ce tournant radicale avec des lumières soignées, même si certains désaccords provoquèrent des tensions au sein même de l’équipe. Le réalisateur n’hésite pas utiliser des placements de caméras audacieux et à l’utiliser comme personnage, notamment lors de certains assassinat. Toujours inventif dans ses mise en place, Lautner signe une mise en scène très « Américaine » avec des mise en ambiance en clair-obscur, l’utilisation de scènes nocturnes ou au petit matin avec un Paris quasi désertique qui vient renforcer l’impression de solitude du héros.
Côté distribution Alain Delon est au meilleur de sa forme, sans pour autant faire dans la nuance. Il a laissé au placard, son côté figure de mode, pour se fondre dans le costume de Monsieur tout le monde. En revanche si le réalisateur ne cesse de mettre en lumière le regard du comédien sous toutes ses formes, pour les nuances, ce sera du côté des rôles secondaires qu’il faudra aller chercher, comme Ornella Muti (Les bronzés 3), Stephane Audran (La fille de Monaco) ou encore Michel Aumont (Un balcon sur la mère).