Le jeune poète et anarchiste Baal erre à travers les forêts et le long des autoroutes. Son appétit pour la vie, l’amour et l’alcool le mènent d’expériences sexuelles multiples en aventures dangereuses. Entre le personnage de la pièce de Bertolt Brecht et son interprète, au cinéma, Rainer Werner Fassbinder, un trouble fascinant s’installe…
Longtemps interdit de diffusion pour d’obscures raisons liées à la veuve de Bertolt Brecht, auteur de la pièce dont fut inspiré le film, « Baal » trouve enfin la voie du public grâce notamment à la persévérance de la fondation Rainer Werner Fassbinder et Juliane Lorenz qui, à force de persévérance ont réussit à trouver un accord et faire lever l’interdiction de diffusion. Alors, il faut tout de même le dire, « Baal » ne s’adresse pas à tout le monde, il vise un public, déjà amateur de du théâtre de Bertolt Brecht, et d’un théâtre très « Intellectuel » pour faire un peu dans la caricature. Car, le film est une suite de déclamation de poèmes et des jeux très expressifs qui rappelle ce que l’on appelle bien maladroitement : « Le théâtre subventionné ».
« Baal » raconte surtout la dérive d’un jeune homme, amateur d’alcool, de sexe et de dérives en tout genre qui va la pousser inexorablement vers une fin tragique alors que son talent de poète ne cesse de lui être salué. Un rôle incroyablement marquant pour l’acteur Michael Fassbinder, dont on pourra remarquer l’étrange similitude entre sa vie privée et le destin de son héros, car au final, l’un et l’autre suivront un parcours similaire où l’alcool, la drogue et la sexualité pousseront à un fin tragique.
Et le réalisateur, va d’ailleurs imposé un style qui va permettre de mieux imprégner le spectateur, tout en réalisme avec des lumières naturelles, des plans qui partent un peu dans tous les sens, à l’image de son héros qui part dans toutes les directions, comme à la recherche de sa propre inspiration. Ici le réalisateur attrape l’instant présent comme en plein vol. Il s’adapte à l’environnement : Un vol d’oiseaux pendant que son héros divague sur un chemin de campagne, la caméra se détache du héros, besoin d’une lumière d’aube particulière, on attend cet instant et on le film sans filtre, en réel. Un choix, certes imposé par les finances, mais qui se révèle une idée de génie pour donner une texture particulière au film de Volker Schlöndorff.
Très loin d’un film grand public, « Baal » est avant tout une œuvre pointue qui marque le spectateur par un style rigoureusement minimaliste et pourtant incroyablement percutant, tant par le talent de son acteur principal que par l’osmose qui existe entre ce dernier et l’œuvre originale dont est inspiré le film. Les amateurs du théâtre de Brecht y trouveront une adaptation pointue, minutieuse et d’une fidélité hors norme. Rarement une adaptation d’une œuvre théâtrale ne trouva autant de résonnance que dans ce film. Les néophytes seront certainement plus dubitatifs sur les qualités de l’œuvre, un film, encore une fois, réservé à un public d’amateurs.