Suite à une terrible tragédie, un publicitaire new-yorkais à la réussite exemplaire sombre dans la dépression. Ses collègues échafaudent alors un stratagème radical pour l'obliger à affronter sa souffrance de manière inattendue…
Comment faire le deuil d'un enfant ? Comment aider un ami qui sombre depuis des mois dans une dépression dont il ne semble jamais pouvoir sortir ? Et surtout comment réagir face à quelqu'un qui met en lumière ses propres blessures ? Le réalisateur du « Diable s'habille en Prada » : David Frankle a décidé de s'interroger sur toutes ces questions, à travers le destin d'un homme brisé par la mort de son enfant, et plongé dans une dépression, qui le coupe du monde, de ses amis, et de sa propre société. L'homme ne voit plus rien, n’entend plus rien si ce n'est la colère qui le ronge, colère qu'il dirige vers le Temps l'Amour et bien sur la Mort. C'est autour de ce trio, que vient s’articuler principalement l'intrigue du scénario signé Alan Loeb déjà hauteur du deuxième volet de « Wall Street » réalisé pas Oliver Stone. Il serait difficile, de dire que le film passe à côté de son sujet, tant le scénario s’amuse à créer une double lecture à travers son personnage principal dont la tentative de sauvetage instiguée par ses amis aura une répercussion forcément sur leur propre destinée.
Et le réalisateur, signe une mise en scène assez sobre qui ne cherche pas à faire dans le spectaculaire et encore moins à essayer des plans métaphysiques à grand renfort d’images des quatre éléments de la vie, ou d’images en ralenti ou en figé, qui feraient un parallèle entre l'existence et la réalité à l'image de ce que peut faire Terrence Malik par exemple. Avec un montage redoutablement efficace, qui suit un rythme régulier et surtout pas hystérique, il parvient à envelopper le spectateur dans une histoire qui pourrait être effectivement déprimante, mais qui au contraire se réveille tout à la fois tendre et nostalgique. Le parcours de ces personnages oscille effectivement entre profonde détresse et l'amour évident des uns pour les autres, ce qui aboutit au final, à une grande leçon d'humanité. Et le réalisateur et son scénariste, ont su trouver les mots justes et certainement les plans les plus judicieux, pour pouvoir envelopper le spectateur et ainsi le faire plonger dans une histoire qui lui permet de réfléchir également sur sa propre existence, et pour un peu que le malheur l’ait frappé également dans sa chair, de pouvoir en effet allez chercher ces beautés cachées dont le film révèle l'existence, et qui s'avèrent être en fait ces instants positifs qui sortent de façon systématique des instants tragiques ou dramatiques. On regrettera tout de même une fin un peu grossière pour un scénario qui se voulait en finesse. Une conclusion qui laisse supposer une nouvelle réflexion qui vient gâcher un peu l’ensemble.
Bien sûr, le film tient évidemment par la qualité redoutable des compositions de la distribution. Il y a bien sûr l’omniprésence de la star
Will Smith (Men In Black), personnage central de l'histoire. Ce dernier ne se révèle pourtant pas être le meilleur de l’ensemble de la distribution. Sa composition est, certes, sobre et parvient à pousser le plus loin possible l’émotion et la détresse de son personnage, mais sa prestation finit souvent par se mettre hors sujet par un excès de zèle. Et même si certaines scènes, notamment les passages lorsque son personnage se remémore les instants de bonheur avec sa fille ou encore lors du dénouement final sont particulièrement réussis dans le reste du film, il se laisse beaucoup trop souvent aller à des compositions qu'il a déjà particulièrement écumé. En revanche le trio
Kate Winslet (Titanic),
Edward Norton (Birdman), et
Michael Peña (Ant-man), touche ses cibles, à chaque instant du film avec des prestations tout en retenue qui laissent parfois éclater certaines émotions intenses, mais parviennent tout au long du film à jouer dans la subtilité et dans la nuance, ce qui donne encore plus de crédibilité à leurs personnages et parviennent aussi à donner de la hauteur au film.
En conclusion « Beauté Cachée » est un film sur le deuil mais surtout sur les vivants et sur la vie, très inspiré par un scénariste qui parvient à en tirer une histoire sensible et juste. Le réalisateur parvient avec un certain talent à donner du volume à cette histoire qui aurait pu être plombante mais se révèle douce et captivante. On regrettera une fin un peu hors sujet et un Will Smith inégal.